▪ Les marchés ont une capacité inouïe en ce moment à absorber les chocs. A peine digérée la dégradation de la note du Portugal, que déjà ils repartent à la hausse.
A cette capacité d’absorber les chocs s’ajoute une sorte d’amnésie collective. Une capacité à oublier et à faire abstraction de la réalité.
En caricaturant à peine : peu importe le risque systémique sur la dette souveraine. L’accord sur la Grèce permet momentanément d’écarter les risques et la résistance des 4 000 points sur le CAC 40 vient de voler en éclats, il faut foncer…
▪ La spéculation reste aux commandes
La hausse récente des indices est assise sur des volumes faibles, qui vont en s’amenuisant. Un signal clair de risque de retournement.
Mais la spéculation mène la danse. Les investisseurs-traders vivent dans l’ultra-court termisme. On joue la nouvelle. Dans les minutes et les heures qui suivent sa publication. A la hausse un jour, à la baisse le lendemain, peu importe. Tout ça sans jamais essayer de prendre en compte la situation économique réelle et ses scénarios d’évolution potentielle à moyen et long terme. Un travers de taille. Et une longue histoire.
▪ Voilà où tout cela nous a mené
L’explosion des marchés financiers en volume et valeur sur les 30 dernières années (depuis 1980) a été largement supérieure à la croissance économique réelle. Pour 10 $ de richesse effectivement créée par l’économie réelle, les actifs financiers gagnaient en valeur 15 $, 20 $, 30 $, 40 $…
En 2007, la valeur des actifs financiers de la planète était supérieure de 340% à la valeur de la richesse économique produite par cette même planète.
On peut parler d’une création de richesse financière démesurée, comparée à la réalité.
▪ Jamais ce différentiel de croissance n’a gêné qui que ce soit
Finalement, il s’est résorbé dans la douleur : 16 000 milliards de dollars d’actifs financiers sont partis en fumée en 2008. Un record absolu en matière de destruction de valeur. Un ajustement violent entre réalité et financier.
Aujourd’hui, nous recommençons les mêmes erreurs. La finance depuis des mois s’envole et atteint un point haut actuellement. L’économie ne crée pas de richesse. La dette s’envole. L’écart se creuse. A quand le prochain ajustement ?
▪ A quand le prochain ajustement ?
Il va bien falloir finir par admettre que la croissance des marchés financiers doit être en phase avec la croissance des économies réelles.
Nous avons devant nous, pays de l’OCDE, des années de croissance faible à endurer, années que nous allons passer à rembourser nos dettes avant tout, au lieu de consommer. Et tout emballement de la machine financière se soldera inévitablement par un ajustement violent.
Ceci jusqu’à ce que nous comprenions. Enfin.