La Chronique Agora

Les jeux du cirque

Nous y sommes (presque), cher lecteur ! La campagne électorale entre dans notre vie un peu plus chaque jour. N’ayez crainte, je ne vais pas me lancer dans une diatribe politicienne — ce n’est ni mon rôle, ni le lieu. Par contre, il me semble particulièrement opportun d’examiner avec attention certains discours qui ont un rapport direct avec le capitalisme, les profits, les placements (en Bourse notamment), et tout ce qui touche à l’économie.

En outre, je crois que jouer les autruches serait de mauvais goût et irait à l’encontre de vos intérêts. C’est pourquoi je vous en parle bien avant l’heure, une élection présidentielle n’étant jamais anodine ; et surtout pas un jeu.

Le profit au ban de la société
Même si l’histoire enseigne que la Bourse n’a pas vraiment de candidat, une élection peut avoir des conséquences importantes à terme, et parfois dommageables, tant sur le plan économique que boursier. Certains propos tenus et programmes annoncés sont lourds de menaces pour les épargnants et les entreprises.

Quand j’entends une candidate dire à ses sympathisants et à toute la presse que le profit "est rapace, fainéant, arrogant", il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur le devenir des profits des sociétés et des placements — qu’ils soient ou non boursiers — et par conséquence de l’emploi, du dynamisme et de la croissance de notre économie.

Ce qui me laisse perplexe, c’est que ce fameux "mur de l’argent", honni, sifflé, hué à longueur de réunions, d’autres bien avant elle ont tenté (ou fait semblant) de l’abattre. D’autres essayeront après elle. Pour quel résultat concret ?

Je note que par une pure "coïncidence", ces discours très ciblés arrivent juste au moment où les entreprises annoncent des bénéfices — record pour beaucoup d’entre elles. Allons, il n’y a évidemment pas de hasard dans cette démarche, mais une belle occasion de haranguer les foules contre cet argent de malheur et ceux qui le défendent ; son ire est telle qu’elle va même jusqu’à traiter son concurrent direct de "candidat du CAC 40". Jeux politiques ou jeux du cirque ?

De conséquences en conséquences
A mon avis, la candidate de gauche a simplement oublié une chose importante : le profit est citoyen (mais si elle me lisait, j’aurai droit à un jugement "rapide" et sans appel). Chacun défendra ses convictions ; mais d’après moi, il est évident que sans profits, il n’y a pas de création de richesses, donc pas d’emploi… pas d’investissements, donc pas de croissance ; pas d’impôts… et pas de redistribution. Sans ce profit, il n’y a pas de développement, pas de conquête des marchés étrangers : nous disparaissons de la scène internationale. Triste destin.

Dénoncer à tel point les profits, me semble être une faute primaire à peine croyable ; le débat ne peut pas être placé à ce niveau. Beaucoup d’autres pays l’ont compris — et quelles que soient leurs obédiences politiques. Même le pays du Grand Timonier dépasse sa hantise du profit. La dame blanche, qui a viré au rouge — vestimentairement parlant — avait promis urbi et orbi "d’effrayer les capitalistes" — ce sont ses propres mots en début de campagne. Elle a réussi ; souhaitons maintenant que nous n’ayons pas à en subir les conséquences. Nous aurons l’occasion de revenir sur le sujet quand les projets seront chiffrés.

Tout sauf un long fleuve tranquille
Vous ne pouvez pas imaginer combien d’évènements qui se produisent chaque jour finissent par avoir une incidence sur les valeurs cotées, leurs cours et celui des indices. Listons par exemple l’influence des variations du taux de chômage, du taux de croissance, celles de l’euro ; une modification des taux de la Fed ; des tensions liées aux matières premières, ou pire : un conflit armé au Moyen-Orient, ou un attentat.

Tout cela va avoir une influence sur les marchés ; selon la force de l’impact provoqué par ces nouvelles, ils mettront plus ou moins de temps à retrouver leur équilibre. Vous comme moi sommes abreuvés de ces informations multiples et nous prenons l’habitude de vivre et de prendre des décisions malgré ces incertitudes. Parfois, les décisions deviennent plus risquées, et nous hésitons.

Cependant, malgré les confusions et incertitudes, certaines personnes n’ont aucun doute quant à la conduite à tenir : ils cherchent juste à aller de l’avant, sans trop se soucier du reste. Quand je vous dis ça, j’ai en tête Albert Frère que l’on a vu investir significativement dans Suez, puis devenir l’actionnaire principal de Lafarge, et pour couronner le tout prendre 5% de Pernod Ricard. Je pense également à M. Pinault qui a pris 5% dans Vinci (et ce n’est probablement qu’un début), et qui a créé une société d’investissement éléphantesque — justement avec Albert Frère — pour racheter des sociétés sous-cotées.

Des grandes manoeuvres capitalistiques
Le petit monde financier s’active en coulisses. Ou bien ces opérations font partie de plans minutieusement préparés en vue d’opérations plus importantes, plus capitalistiques ; ou bien la Bourse est devenue très attrayante. Les plus beaux titres nationaux seraient sous-valorisés, leur potentiel de croissance reste fort, et ils constituent en définitive de bons placements pour l’avenir.

Je pense qu’il y a des deux ; mais en tout état de cause, le message est clair : si des financiers s’engagent sur les marchés aujourd’hui, cela veut dire qu’ils croient ne pas se tromper — et de fait, ils se trompent rarement. C’est un signal important pour les petits actionnaires que nous sommes, car cela veut dire que les prochains résultats de l’élection présidentielle n’inquiètent pas outre mesure ces financiers car, bien évidemment, ils ne visent pas une plus-value de court terme. Car au final, malgré les divergences que j’ai pu formuler à l’encontre du candidat de gauche, je sais aussi que l’issue des élections n’a historiquement jamais eu d’impact significatif sur la Bourse. Les marchés peuvent baisser momentanément de quelques points, mais reprennent vite leur cours normal…

Je vais donc accentuer ma vigilance pour que vous puissiez investir sur des supports qui feront croître votre patrimoine sur du moyen / long terme, en limitant les risques à court terme. Vous avez pu vérifier au fil des années que cette stratégie portait ses fruits.

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