La Chronique Agora

Les investisseurs sont ensanglantés et embrouillés

** Les investisseurs sont "ensanglantés et embrouillés", déclare Warren Buffett, "un peu comme des petits oiseaux qui se seraient égarés dans un jeu de badminton"…

* A la fin 2008, entre 30 et 40 milliers de milliards de dollars avaient été perdus, en actions, en immobilier et en produits dérivés. Les investisseurs ont poussé un soupir de soulagement quand le 31 décembre est enfin arrivé. Mais ensuite est venue 2009 ! Les marchés mondiaux ont chuté de 18% à ce jour cette année… 2009 est en bonne voie pour perdre bien plus qu’en 2008, qui était la pire année de l’histoire boursière.

* Qu’est-ce qui a mal tourné ?

* Aujourd’hui, nous allons retourner sur nos pas. Afin de comprendre où nous allons, nous devons passer une minute à nous rappeler d’où nous venons.

* Pour commencer, la plus grande bulle de l’histoire a enregistré une fuite majeure à l’été 2007. A l’automne 2008, elle perdait de l’air par tous les orifices. De la plus grande bulle de l’histoire, on pouvait s’attendre à ce qu’elle mène au plus grand krach de l’histoire. Et c’est bien le cas…

* "Qu’il se consume de lui-même", avions-nous conseillé. Les autorités ont préféré sonner l’alarme, glisser le long du mât et se précipiter pour éteindre l’incendie. Mais plus elles arrosaient les flammes d’argent et de crédit, plus le brasier semblait empirer.

* La Réserve fédérale, sous la direction de Ben Bernanke, a appelé tous les camions de pompier et ouvert tous les tuyaux. Les taux ont été baissés à zéro… et la Fed a augmenté ses engagements — accroissant la somme de crédit à la disposition du système bancaire — de près de 1 000 milliards de dollars.

* Le gouvernement fédéral américain — sous la direction de George W. Bush — s’est empressé d’offrir des baisses d’impôts… puis un plan de secours. Tout cela a coûté un peu plus d’un millier de milliards de dollars.

* Aucun de ces sauvetages n’a servi. Toutes les banques et les entreprises ayant bénéficié d’une aide se sont détériorées, pour autant que nous puissions en juger. Les autorités ont laissé Lehman faire faillite et s’en sont lavé les mains. Mais elles ont sauvé le géant de l’assurance, AIG — qui a de nouveau des problèmes. Et les journaux nous annoncent que les autorités sont encore intervenues… cette fois-ci pour rajouter 30 milliards de dollars et "prendre une part de contrôle dans deux des plus grandes divisions de l’assureur en détresse".

* Eh bien… voilà que les politiciens sont dans l’assurance aussi, maintenant.

** Et voilà la nouvelle administration avec un nouveau renflouage de 825 milliards de dollars — le genre de budget qui nous coupe le souffle.

* Les républicains se préparent à la bataille. Ils doivent une grande partie de leur carrière aux contrats militaires et attendent avec impatience de pouvoir occuper des sinécures dans des sociétés de défense, si les électeurs en venaient à piger le truc et les virer de leur poste actuel.

* Ils se battront pour que les Etats-Unis dépensent de l’argent comme s’ils étaient en guerre. Les républicains n’aiment guère non plus lorsque les personnes figurant parmi leurs plus gros donateurs sont soumis à des impôts plus lourds.

* Les démocrates sont eux aussi prêts pour une rixe. Ils ont rêvé de tels moments — c’est comme si la police et les fabricants d’alarmes faisaient tous grève en même temps. Ils ont l’intention de dévaliser toutes les banques de la ville — et attendent qu’on les en remercie. Ce n’est pas souvent qu’ils peuvent détourner des milliers de milliards de dollars en escroqueries de toutes sortes… et prétendre que c’est dans l’intérêt de la nation.

* Avec cet effondrement financier mondial, on peut s’en tirer avec n’importe quoi. Les gens en sont venus à croire des choses si absurdes que même un démocrate en rirait. La plupart d’entre eux pensent qu’on peut donner de l’argent à des entreprises en faillite… et que cela leur rendra la santé d’une manière ou d’une autre. Certains pensent qu’on peut imprimer de la monnaie papier — et qu’elle vaudra autant que de la véritable devise. Quasiment tous semblent penser que dépenser de l’argent pour n’importe quoi, aussi idiot que ce soir, aide l’économie. Si seulement c’était aussi simple !

* Obama annonce se préparer à un combat lui aussi. Ca nous va ; nous aimons un bon combat — même s’il est truqué. Et celui-ci l’est sûrement. Il suffit de regarder un graphique des dépenses gouvernementales américaines ces 30 dernières années. On voit qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans ce que fait Obama. Chaque année, que les administrations soient républicaines ou démocrates… de Ronald Reagan à Barack Obama… les républicains et les démocrates font semblant de se disputer sur la quantité d’argent dépensée par le gouvernement. Et chaque année, la tendance se poursuit : plus de dépenses, plus de déficits. Peu semblait importer qui était président ou ce qui se passait. Chaque année, les dépenses augmentaient… et il en allait de même pour les déficits réels. C’est là aussi une caractéristique de l’économie de consommation d’après-guerre. Et ça aussi, c’est probablement en train de prendre fin.

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