La Chronique Agora

Les derniers bons chiffres d'affaires d'Intel devraient nous mettre la "puce" à l'oreille

▪ Que du bonheur ! Intel, Apple, Yahoo!, VMware ou encore United Technologies annoncent des résultats trimestriels bien supérieurs aux prévisions.

Toutes nos félicitations aux analystes qui ont sous-estimé de 10% en moyenne le chiffre d’affaires d’Intel (la marge d’erreur ne dépasse généralement pas les 2 ou 3%). Nous leur accorderons des circonstances atténuantes : après tout, nous n’avions pas davantage prévu une hausse de 30% du bénéfice au premier trimestre 2011, d’autant que le séisme du 11 mars au Japon a passablement désorganisé la production de PC dans le monde. Paul Otellini, le directeur général d’Intel, souligne que son groupe a été très peu — sinon pas du tout — affecté par la catastrophe nippone.

Soit… mais d’où provient la spectaculaire erreur d’estimation des ventes relative à la consommation d’ordinateurs individuels dans les pays émergents ? Et pourquoi cette subite accélération de l’activité au premier trimestre 2011 ?

A vrai dire, nous sommes pour une fois tenté de manifester une certaine indulgence envers Wall Street. En effet, les éléments communiqués par Intel ont peut-être été délibérément biaisés par un discours très prudent de la direction fin 2010. Que les ventes de PC n’aient pas été brillantes aux Etats-Unis lors de la période des fêtes est difficilement contestable. Cependant, le succès des tablettes aurait dû nous mettre la « puce » à l’oreille.

Et Intel n’a pas fait mention de ventes très soutenues dans les pays émergents alors que ce fait, rétrospectivement, apparaît prépondérant.

Cette seule annonce surprise de profits inespérés suffit à occulter complètement le goût amer laissé par l’initiative de Standard & Poors concernant l’établissement d’un biais négatif sur la dette souveraine américaine.

▪ Oui vraiment… Intel a rassuré Wall Street au moment le plus stratégique ; mais y avait-il péril en la demeure ?

En réalité, les indices US gravitaient à moins de 2% de leurs sommets annuels, et parfois même de leurs records historiques. Cela malgré la fantastique incertitude au sujet du financement des déficits américains.

Comment justifier une telle confiance un mois seulement après la catastrophe nucléaire japonaise, dont le coût sera absolument colossal ? N’oublions pas non plus la confirmation de la résurgence des pressions inflationnistes…

La hausse des prix ne va certainement pas se calmer avec un baril de pétrole qui bondit de 2,75% à 111,3 $ — pratiquement un nouveau record depuis fin juillet 2008.

Pour synthétiser les réflexions qui précèdent, nous ne sommes pas très loin de soupçonner Intel d’avoir sciemment incité les analystes à opter pour une estimation basse des trimestriels qui paraissaient mardi soir. Cela a permis de ménager un effet de surprise positif susceptible de restaurer un courant d’optimisme à Wall Street, tant les résultats du numéro un mondial ont une forte valeur symbolique.

Il en va de même pour ceux d’Apple dont le bénéfice par action progresse de 95% en un an. Le succès de l’iPad (7,3 millions d’exemplaires vendus) et la hausse de 113% des ventes d’iPhones étaient toutefois correctement anticipés par les analystes.

Vu les niveaux atteints par les indices américains avant ces publications (en dépit de la lourdeur du secteur financier), n’y avait-il pas de façon latente des anticipations extrêmement positives concernant les profits de certaines stars du Nasdaq ?

La hausse atteint 2,1% sur le Composite qui est repassé au-dessus des 2 800. Le S&P (+1,35% au final) quant à lui, flirte avec les 1 330 après avoir affiché +1,5% à 1 333 points ; c’est très impressionnant.

Le Dow Jones gagne 1,5% après avoir affiché jusqu’à +1,7% à 12 475. Il inscrit ainsi un nouveau record annuel de clôture à 12 454 points, son meilleur niveau depuis trois ans.
L’envol du baril au-delà des 111 $ ne semble pas perturber les acheteurs, pas plus à Wall Street qu’en Europe.

▪ Nous avons eu droit à la plus forte hausse de la Bourse de Paris (2,46%) depuis la séance si particulière du 3 janvier dernier. L’indice a ouvert avec un gros gap au-dessus des 3 930 points, suivi d’une envolée jusque vers 4 008 points (le meilleur score observé depuis le 13 avril).

Quelques prises de bénéfice ont érodé les gains en fin de séance. Mais un petit coup de pouce de dernière minute a permis au CAC 40 de s’établir au-dessus des 4 000 points en clôture, contre 3 998 points vers 17h29.

▪ L’optimisme initial des places européennes a été conforté par le bon accueil réservé aux émissions de bons du Trésor à maturité courte (trois à six mois) organisées par le Portugal et l’Espagne. Les tranches offertes ont été allègrement sur-souscrites (jusqu’à 3,5 fois), mais le risque de défaut de remboursement est quasi nul sur un horizon aussi rapproché.

Cette forte demande n’a pas empêché les rendements de se tendre à des niveaux record. 4,045% pour du trois mois et 5,53% pour du six mois au Portugal contre 3,40 et 5,12% précédemment. Pire, le deux ans portugais atteint 9,92% ; le 10 ans touche la barre des 9%.

De tels scores auraient été jugés très alarmants quelques mois auparavant. Les places européennes ne s’étaient-elles pas effondrées fin avril 2010 lorsque le rendement des emprunts à 10 ans grecs avait franchi la barre des 7,5% ?

Le Portugal flirte cette fois-ci avec les 10% sur sa dette à 24 mois et personne ne bronche !
Nous imaginons l’incrédulité des Grecs, que les Allemands se sont empressés de faire passer à la trappe pour beaucoup moins que cela.

Mais Athènes, Lisbonne ou Dublin sont au fond du trou et ne sont pas près d’en ressortir… sauf à pouvoir sauter sur le même genre de tapis volant qui maintient Wall Street et le dollar dans les airs depuis mars 2009.

PS : Que nous réserve la séance d’aujourd’hui ? Comment vous positionner pour en profiter au mieux ? Retrouvez Philippe Béchade au 08 99 88 20 36* pour une analyse exclusive des coulisses boursières… et des conseils pour y adapter votre portefeuille.

*1,35 euro par appel + 0,34 euro / minute.
Depuis la Belgique : composez le 09 02 33110, chaque appel vous sera facturé 0,75 euro / minute.

Depuis la Suisse : composez le 0901 801 889, chaque appel vous sera facturé 2 CHF / minute

 
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