La Chronique Agora

Les cycles des matières dépendent du dollar

▪ Les matières à des points hauts historiques

Vous le savez, les cours des matières premières ont flambé, poussés à la hausse par La Niña et des stocks étroits pour les softs ; et par des fondamentaux porteurs pour les métaux et le brut. Le tout saupoudré d’une bonne dose de spéculation, ce qui a exacerbé les tendances haussières.

Il fallait bien que les amas d’argent gratuit distribués par le brasseur de dollars (la Fed !) aillent s’investir quelque part. Quand ensuite les autorités de marchés relèvent massivement les appels de marge sur les futures argent, soi-disant pour casser la spéculation, nous nageons en pleine contradiction… pour ne pas dire en plein délire. C’est le côté Jekyll & Hyde des Américains. On ressent cela aussi à chaque fois qu’ils nous disent qu’ils veulent un dollar fort…

Mais revenons au sujet : la plupart des matières sont revenues à leurs sommets historiques ou les ont dépassés. Et pendant que les matières grimpaient à des niveaux record, le dollar lui, s’enfonçait dans les abysses…

▪ Le dollar à des points bas historiques
Le billet vert s’est enfoncé jusqu’à 1,49 $ pour un euro. Le Dollar Index, qui exprime la valeur du dollar contre un panier de monnaies (yen, livre sterling, euro…) est revenu à son point bas historique de 73. Un support qui pour l’instant résiste.

Il y a une loi en Bourse qui, de tout temps, a toujours prévalu : après un excès, il y a toujours un retour vers la moyenne. Nous pourrions bien assister un mouvement de balancier de ce type. Au moins temporairement.

Jekyll & Hyde nous ont poussés vers les extrêmes en « anesthésiant » les investisseurs, le marché pourrait décider unilatéralement de remettre un peu d’ordre dans la maison…
Surtout que…

▪ Les matières premières sont cycliques
Une année, vous verrez une matière gagner 50% à 100%, et l’année suivante, elle chutera de 25% ou 50%. C’est dans la nature même des matières premières. Et c’est aussi ce qui fait leur intérêt. Nous avons la plupart du temps des directionnels forts dont on peut profiter, tant à la hausse qu’à la baisse.

Revenons au côté cyclique des matières… Qu’est-ce que cela recouvre au juste ?

Lorsque les prix sont élevés, les producteurs investiront et produiront plus pour « profiter » des prix élevés. Le surplus d’offre arrivant ainsi sur le marché fait baisser les cours. Et lorsque les prix deviennent trop bas, les producteurs ferment leurs mines qui ne sont plus rentables. Moins de capacité de production = moins d’offre sur le marché, les cours finissent alors par remonter.

▪ Haut de cycle ?
Outre la hausse récente des prix des matières, le marché nous a donné deux signaux allant dans le même sens :
– l’introduction en Bourse de Glencore, géant des matières ;
– et le rachat à prix d’or par la minière aurifère Barrick Gold, du producteur de cuivre Equinoxe Ressources.

Maîtrisez vos émotions ; évitez les sur-réactions
Dans la situation actuelle :
– Il ne faut pas être trop confiant. Non, les cours ne montent pas jusqu’au ciel. Que ce soit les commos ou les marchés actions. De même, les cours du dollar ne peuvent pas tomber en ligne droite et sans interruption dans des profondeurs inconnues.
– Il ne faut pas sur-réagir, tout vendre et partir en courant non plus.

Nous n’avons pas beaucoup de visibilité sur ce que sera la politique monétaire américaine au second semestre. Mais nous savons que les situations actuelles sont extrêmes. Donc soyons prudents, et préparons-nous.

L’idée est de glisser d’un cran pour venir s’asseoir sur le siège près de la sortie, au cas où il faudrait sauter de l’avion. Mais pas de sauter de l’avion.

▪ La tendance haussière de fond des matières premières reste intacte, mais…
Mais comme dans toute tendance de fond, aussi solide soit-elle, il y a des corrections temporaires. Nous pourrions assister à l’une d’entre elle.

Voilà pourquoi je recommande depuis un mois à mes lecteurs :
– de prendre partiellement des bénéfices sur vos lignes qui offrent de belles plus-values ;
– de verrouiller vos gains en remontant bien vos stops (à 15%) ;
– de dégager du cash pour réduire l’exposition au marché et donc votre risque, mais aussi pour avoir de quoi acheter à bon compte le moment venu ;
– de vous préparer une liste d’actions/titres survalorisés et fragiles à vendre en cas de retournement ;
– de vous tourner vers le trading qui permet de gagner autant, que les marchés montent OU baissent. Je dirais même qu’ils gagnent plus quand les marchés baissent, car les mouvements de baisse sont plus rapides et violents d’une façon générale.

En clair et sans décodeur, nous restons bien assis dans l’avion. Mais nous préparons notre parachute de manière à être prêt à le déployer, au cas où. Dit autrement : tant que Jekyll & Hyde nous pilotent vers les extrêmes, attachons nos ceintures et profitons-en !

[Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises, une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières et au marché des devises. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché, ainsi que celui du Forex.]

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises le 05/05/2011.

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