La Chronique Agora

Les critères d’une bulle

Une bulle, ce n’est pas ce qu’on croit – certaines caractéristiques sont à prendre en compte pour bien comprendre la situation actuelle du système… et ses dangers.

Quand les taux d’intérêts sont à zéro, on n’a plus besoin de profit pour honorer et servir les dettes ; on a simplement besoin que la valeur des actifs au bilan ne cesse de monter.

On ne peut vouloir une chose sous un aspect… et ne pas la vouloir sous un autre aspect qui lui en est indissociable.

Vouloir que les gens se contentent de rentabilité très faible, et même de plus en plus faible, signifie la même chose que de dire le prix des actifs anciens doit sans cesse devenir de plus en plus élevé.

La politique de régulation monétaire consiste, dans son entier, à pousser le cycle du crédit à ses limites extrêmes, à utiliser au maximum le credit impulse et l’effet de levier, à gonfler le prix des actifs afin de créer des collatéraux qui solvabilisent la masse de dettes. Il suffit ensuite de compléter en alimentant en liquidités pléthoriques afin de masquer la réalité de l’insolvabilité par l’illusion de liquidité.

La politique monétaire a fondamentalement pour objectif et effet de soutenir à bout de bras l’édifice des fausses valeurs du crédit, des dettes privées et publiques et des actions.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les bulles ne sont rien d‘autre que de la monnaie sous une autre forme, de la monnaie qui a glissé le long de la pente de la recherche de rendement.

Les bulles, ce sont des avatars de la monnaie mise en circulation – avatars qui se développent/mutent tout au long de la pente de la recherche du plus grand profit, du moindre risque et de la jouissance la plus rapide.

Bulle = monnaie

Une bulle, c’est de la monnaie qui a glissé le long de la pente du plus grand profit facile.

C’est ce que la Fed utilise à l’aller de sa politique monétaire mais qu’elle récuse au retour de cette politique. Elle utilise cette relation monnaie=bulle mais elle la récuse dans le sens bulle=monnaie.

C’est un mensonge prométhéen car la substance qui fait la bulle, les bulles, c’est la monnaie.

J’ajoute cette vérité : une bulle ne se définit pas par un prix excessif en regard des fondamentaux. Non, une bulle, ce n’est pas un prix mais une masse multipliée par un prix.

Ainsi, en Europe, il y a une bulle colossale de masse monétaire ; pourtant, cette masse monétaire n’a pas grossi en prix, elle a grossi en quantité émise.

C’est la même chose avec les emprunts d’Etat dans le monde : ils font bulle non pas en raison de leur prix boursier mais en raison de la masse colossale qui en est émise et qui est disproportionnée en regard des capacités de remboursement et de service de ces dettes par les Etats.

En fait, c’est encore plus compliqué que cela car il faut non seulement introduire l’aspect volume/quantitatif, comme je viens de le faire, mais aussi l’aspect qualitatif.

L’émergence d’une bulle n’a pas besoin d’être toujours associée à une hausse des prix – par exemple, si le taux de croissance des biens correspond au taux de croissance de la masse monétaire, aucun changement de prix n’aura lieu.

L’important n’est pas de savoir si l’émergence d’une bulle est associée à des hausses de prix mais plutôt de tenir compte du fait que l’émergence d’une bulle donne lieu à des activités non-productives qui détournent la richesse réelle des véritables investissements générateurs de richesse. Mais ceci est une autre histoire pour un autre jour !

Pour les consommateurs et les entreprises, les achats dits spéculatifs ne sont que des comportements normaux/rationnels qui visent à les protéger contre l’issue future possible des politiques monétaires d’argent facile de la Fed.

En règle générale, plus la Fed pompe d’argent, plus grandes sont les chances de hausse générale des prix des actifs au-dessus de leur moyenne historique. De plus, contrairement aux affirmations délirantes des responsables de la Fed, il n’est pas possible d’abaisser artificiellement les taux d’intérêts sans entraîner les effets secondaires néfastes d’une telle baisse.

Toute tentative de supprimer ces effets secondaires au moyen de politiques réglementaires va générer des résultats beaucoup plus douloureux.

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