La Chronique Agora

Les chinois se sentent pousser des ailes

** La semaine dernière, les ventes au détail US ont chuté de 1%. Les consommateurs américains aimeraient dépenser. Mais où vont-ils trouver l’argent ?

* Les recettes fiscales sont en baisse aussi. Toujours aux Etats-Unis, les chiffres de l’emploi pour août montrent que les emplois disparaissent. Et les 1,3 millions agents immobiliers du pays doivent voir leurs revenus chuter.

* Pendant ce temps, du côté "in" du champ de bataille "-flationniste", les forces nourrissant la hausse des prix gagnent elles aussi en puissance de feu.

* Dans USA Today, un article nous annonce que le chauffage, cet hiver, coûtera en moyenne 10% plus cher que l’an dernier pour une famille moyenne.

* Les matières premières "grimperont en flèche", selon notre vieil ami Jim Rogers. Parce qu’à présent, le monde a changé. Tous ces millions de gens en Asie qui étaient prêts à travailler pour des salaires si bas deviennent à présent des consommateurs. Et qu’est-ce qu’un consommateur consomme ? Du nickel… du cuivre… du blé… du soja…

* "L’inflation rôde à l’horizon mondial", déclarait un titre du International Herald Tribune. "La mondialisation…", déclare l’article, "reprend certains des avantages qu’elle avait octroyés à l’Europe et aux Etats-Unis au cours de la décennie passée, et la hausse des prix se fait de plus en plus probable".

* Oui, très cher lecteur, le monde tourne… et tourne… et tourne encore. Chaque fois que vous avez le soleil en plein visage et le vent dans le dos… quelque chose se passe. Le monde tourne. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le ciel est aussi sombre que de la poix… et une tempête vous souffle dans la figure.

* Le malheureux pays du subprime a eu tant de chance pendant tant de temps. Quel dommage que le monde doive tourner. A présent, il semble en être au crépuscule d’une ère magnifique — quoique absurde… Une ère au cours de laquelle les Américains on pu dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas sans avoir à se soucier de ce qui se passerait ensuite. A présent, ils le découvrent. Et ils se trouvent dans la pire situation possible — coincés entre deux préfixes comme un petit mot dans un gros dictionnaire. La déflation coupe le souffle de l’économie des Etats-Unis et la valeur de leurs actifs. L’inflation, pendant ce temps, augmente le coût de tout ce qu’ils achètent.

* Lorsque la mondialisation en était encore à ses débuts, c’était parfait pour les pays riches. Ils pouvaient délocaliser l’industrie et tous les secteurs gourmands de main d’œuvre. Même à domicile, ils pouvaient importer — ou au moins faire traverser la frontière — des millions d’étrangers pour faire le sale boulot. Les marges ont grimpé tandis que les coûts de main d’œuvre baissaient. Et même si le prix des matières premières était à la hausse, la baisse des coûts salariaux compensait largement.

** Mais cette damnée planète… elle continue de tourner ! A présent, les Asiatiques ont un peu d’argent en poche, et ils se sentent pousser des ailes. Ils veulent acheter NOTRE pétrole… notre blé… notre nickel… notre cuivre… et notre bœuf. Si bien que les prix grimpent.

* NOS prix.

* Et maintenant, imaginez ça : les producteurs chinois annoncent que leurs coûts de main d’œuvre augmentent aussi. "Cette évolution", rapporte l’International Herald Tribune, "était attendue de longue date en Chine ; elle s’est accélérée alors que les régions côtières, qui regorgent de travailleurs bon marché, commencent à ressentir le manque de main d’œuvre".

* Oui, ces millions de bosseurs asiatiques… que nous avons eu la magnanimité d’employer dans des ateliers sans chauffage pour 1 $ de l’heure… voilà qu’ils veulent plus d’argent ! Quelle insolence.

* Les ingrats ! Si les Occidentaux n’étaient pas prêt à s’appauvrir en achetant des choses qu’ils ne peuvent pas se permettre — et dont ils n’ont d’ailleurs pas vraiment besoin — avec de l’argent qu’ils n’ont pas, les Chinois seraient toujours à travailler dans des rizières.

* C’est comme ça que vont les choses, cher lecteur.

* Le dollar baisse… avec la valeur de quasiment tous les actifs liés aux les Etats-Unis ou libellés en dollars. Les actions. Les obligations. Les salaires. Les maisons. C’est de là que provient le "dé" de déflation.

* Mais ça pourrait être pire. En fait, c’est pire. Il y a aussi l’autre sorte de "-flation". A présent, les Américains vont devoir payer plus pour tout — l’énergie, la nourriture le logement… et tous ces gadgets idiots provenant d’Asie.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile