La Chronique Agora

Les bancaires à la casse

Par Léo Golovine (*)

Comme vous le savez déjà tous, la crise boursière actuelle a démarré il y a quelques mois avec l’explosion aux Etats-Unis du nombre de défauts de paiement sur les crédits subprime.

Les bancaires : indicateur avancé du marché 
Mais aujourd’hui, après plusieurs mois de purge, comment se porte le secteur bancaire ?

C’est par lui que tout est arrivé et son impact sur l’évolution des marchés est encore énorme. Non seulement c’est l’une des plus grosses pondérations des indices, mais c’est surtout lui qui est à l’origine des craintes des investisseurs. Pas de chance : pour ces deux raisons, il devrait continuer de peser sur la tendance des marchés actions, tant qu’il est orienté à la baisse.

J’ai étudié l’indice DJ Stoxx 600 Banques, qui reflète bien le secteur car est composé de toutes les valeurs bancaires européennes. C’est bien sûr la place londonienne qui est la plus représentée, puisque les banques anglaises pèsent plus de 30% de cet indice, notamment grâce à la HSBC (première banque européenne et de loin) qui représente à elle seule 11% de sa capitalisation. La France, tout comme l’Italie et l’Espagne, tournent autour de 10% et sont suivis par les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne.

Si l’on en croit le graphique, le secteur a marqué son plus haut historique au mois de février 2007… soit quatre mois avant les autres indices ! Déjà, les mieux informés voyaient donc le risque se profiler et sortaient avant que la tempête ne se déclenche lors des publications de résultats et premières dépréciations.

40% en un an : les bancaires ont craqué
L’indice est entré en dynamique baissière dans le courant du mois d’août, en déclenchant un triple signal :
– sortie baissière du canal haussier de moyen terme dans lequel les cours évoluaient depuis 2003
– rupture du soutien horizontal à 480 points
– orientation baissière de la moyenne mobile à 30 semaines.

Depuis son sommet historique (soit en l’espace d’un an), le DJ Stoxx 600 Banques a ainsi perdu 40% de sa valeur ! Si ce n’est pas un krach, c’est que le mot a changé de sens.

C’est surtout depuis le début de l’année 2008, avec la dégringolade de janvier, que le mouvement s’est accéléré. Il affiche un recul de 21,3% en deux mois et demi, contre une baisse de 15,5% pour l’indice DJ Stoxx 600 (qui est composé des 600 plus grosses valeurs européennes, tous secteurs confondus).

Autrement dit, non seulement l’indice bancaire a commencé sa chute plus tôt, mais encore reste-t-il dans une situation bien pire que le reste du marché, six mois après le début de la crise !

En dépit d’une survente historique — digne du krach de 1998, des attentats de septembre 2001 ou de la crise de confiance de 2002/2003 — le marché ne fait toujours pas état d’une reprise comme nous le montrent les indicateurs RSI et MACD qui sont sur leurs plus bas.

Des signaux baissiers clairs sur les bancaires
Aucun soutien ne parvient à enrayer l’accélération baissière, et comme le dit le proverbe boursier, il vaut mieux « ne jamais attraper un couteau qui tombe ». Le prochain niveau où l’on pourrait voir les haussiers reprendre le dessus se situe à 300 points, soit pas moins de 10% de baisse potentielle supplémentaire !

Cela se traduit d’ailleurs clairement par les signaux donnés aussi bien par l’analyse technique systématique que discrétionnaire : mon système de suivi de tendance, que j’utilise dans le cadre de @Turbos Trader, confirme la tendance baissière sur BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis et Société Générale. Deux de ces valeurs ont justement rompu leur dernier soutien et disposent à présent d’un nouveau potentiel d’accélération à la baisse.

Rien ne va plus pour les bancaires
Bref, le secteur bancaire semble ne pas en avoir fini avec son enfer. Déjà que plusieurs banques mondiales n’ont toujours pas chiffré avec précision les pertes liées aux crédits subprime

En outre, les banques subissent de plein fouet deux facteurs concordants : la baisse des marchés diminue les revenus tirés des activités boursières, tandis que la fragilité de l’économie abaisse en même temps les gains liés aux activités retail. Les banques de second ordre ont plus de difficulté à se refinancer, ce qui présage de nouveaux rachats dans le secteur, mais certains leaders également pourraient être attaqués, à commencer par la Société Générale qui a vu se volatiliser près de 5 milliards d’euros en quelques séances à peine.

Vendez le secteur pour jouer les 10% de baisse
Mais avant de vendre à découvert massivement le secteur bancaire, il convient toutefois de rester prudent : l’essentiel de la baisse est sans doute derrière nous, et puis il faut faire attention à l’extrême survente que l’on constate : la baisse envisagée pourrait être la dernière accélération baissière avant une reprise plus sérieuse.

Car s’il est vrai que « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », l’inverse est également vrai…
Meilleures salutations,

Léo Golovine
Pour la Chronique Agora

(*) En 2002, Léo Golovine fonde le site de conseils ImmenseFortune.com, qui exploite le résultat de ses recherches sur le marché. De 2002 à 2007, sa méthode aura ainsi permis de fortement surperformer les indices boursiers à l’aide d’une approche inédite de suivi de tendance et de gestion des positions. Léo Golovine est également à l’origine du seul test pratique sur le marché français de la célèbre méthode américaine Dow Dividend Approach, qui montre d’excellents résultats depuis 5 ans. Actuellement, il collabore avec plusieurs médias boursiers, continue à entreprendre et partage son temps entre Moscou et Paris dans le cadre de plusieurs projets financiers.

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