** Nous espérons que vous vous rappelez où nous en étions hier… parce que nous avons oublié. Mais nous nous souvenons avoir pensé que le consommateur américain devrait réduire ses dépenses. Son énergie est bien plus chère. Sa nourriture est plus chère. Le prix de sa maison baisse. Il ne peut plus emprunter autant qu’avant. Il doit réduire ses dépenses, répétons-nous ; il n’a pas le choix. Et lorsqu’il les réduira, les Etats-Unis devront entrer en récession. Et là, nous sommes du même avis que Warren Buffett : ladite récession sera plus longue et plus profonde que le pensent les gens.
* Nous sommes également de l’avis de George Soros ; ce ralentissement provoquera "un déclin notable du niveau de vie" de la plupart des Américains (et des Occidentaux d’une manière plus générale).
* Mais jusqu’à hier, nous attendions les preuves que le consommateur était bien en train de réduire ses dépenses.
* Eh bien, ces preuves sont arrivées. Et elles nous viennent des autoroutes américaines.
* "La conduite automobile enregistre sa plus forte chute depuis les années 40", titrait CNN.
* Selon le reportage, les Américains ont parcouru 17 milliards de kilomètres de moins, ces douze derniers mois, par rapport à l’année précédente.
* Dans les années 40, la raison de cette baisse était évidente pour tout le monde — le pays était en guerre. Les sociétés automobiles ont pratiquement cessé de construire des voitures pour se consacrer à la production de chars d’assaut, de jeeps et de camions. Le pétrole n’était plus utilisé pour les loisirs non plus — il servait à alimenter des navires et des avions.
* Mais une fois les GI rentrés chez eux, ils se sont mariés, ont acheté des voitures, rempli leurs réservoirs, et ont pris la route. Depuis, jusqu’à très récemment, le compteur national montrait chaque année plus de kilomètres parcourus par rapport à l’année précédente.
* A présent, une chose importante s’est produite : pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, les Américains conduisent moins.
* Les routiers américains quittent eux aussi la route. Selon un article du New York Times, bon nombre d’entre eux ne peuvent plus se permettre de faire le plein. Le diesel se vend jusqu’à 5 $ le gallon. Ce qui met le coût d’un plein, pour un réservoir de 250 gallons, bien au-dessus des 1 000 $ — et bon nombre de camionneurs font le plein trois fois par semaine.
* Bien entendu, le secteur de l’automobile doit rétrograder. Pas uniquement parce que le carburant est si cher, mais aussi parce que le ménage moyen a aussi du mal à payer ses autres factures. Une fois remboursés les intérêts sur ses dettes, notre ménage a encore moins d’argent disponible qu’avant. Et il faut encore acheter la nourriture, le carburant… et bon nombre d’autres choses, dont la majeure partie est importée. Bien entendu, les denrées alimentaires et l’énergie grimpent radicalement, mais jusqu’à il y a peu, les Américains pouvaient compter sur les producteurs asiatiques pour réduire les prix des importations. Mais ces derniers ont grimpé de 14,8% — le taux le plus élevé depuis le début des années 80.
* Nous avons déjà accusé les chiffres officiels de mensonge ; à présent, nous appelons Bill Gross — gestionnaire de PIMCO, le plus grand fonds obligataire de la planète — à la barre, pour nous aider à plaider notre cause.
* "Si l’on calculait l’inflation suivant la même méthode que les autres pays, notre indice des prix à la consommation serait 1% plus élevé", affirme Gross (les rendements obligataires seraient eux aussi 1% plus élevés, note-t-il).
* Les prix grimpent plus que ne le montrent les chiffres officiels, en d’autres termes. La seule chose qui baisse pour l’Américain moyen, c’est le prix de sa maison. Et là, voici qu’on nous annonce que les prix de l’immobilier diminuent eux aussi plus qu’on le pensait. Les derniers résultats d’une étude de Case-Shiller montrent que la maison moyenne, dans les 20 plus grandes villes d’Amérique, a chuté de 14,4% en mars par rapport l’an dernier — la plus grande dégringolade jamais enregistrée.
* Peut-on en vouloir au lumpenconsommateur de ne pas avoir le moral ? Tout ce dont nous l’avions averti est en train de se produire. Ses factures s’accumulent… ses actifs baissent… et son revenu diminue.
** Comme nous aimons à le répéter, si on donne des conseils, on doit être prêt à en recevoir. A présent, le chef des régulateurs bancaires chinois déclare que l’Occident doit mettre de l’ordre dans son secteur financier. A ce jour, rapporte notre collègue Manraaj Singh, les banques ont annoncé l’équivalent de 380 milliards de dollars de dépréciation d’actifs liés aux dettes subprime. Sur cette somme, 1,3 milliards de dollars seulement se trouvaient dans des banques chinoises. "Elles doivent faire quelque chose correctement", affirme-t-il.
* "Mais qui sait ce qui se cache sur les bilans des banques chinoises…", avons-nous répondu.