La Chronique Agora

L'Ere des Bulles… et comment y résister

▪ Les futurs historiens, lorsqu’ils finiront par la comprendre, appelleront sans doute notre époque "l’Ere des Bulles".

Les autorités ont créé une bulle dans les années 90 — une bulle des actions technologiques. Cette bulle n’était pas menée uniquement par les autorités américaines… mais par celles du Japon également. Les Japonais étaient dans une correction majeure. Ils ont essayé de s’en sortir en utilisant les vieux trucs habituels — argent facile, dépenses déficitaires, emprunts massifs et même assouplissement quantitatif. Cela a engendré le carry trade sur le yen, par lequel les spéculateurs empruntaient des yens à taux zéro et investissaient l’argent dans le marché le plus chaud de l’époque — Wall Street ! C’était la folle époque des dot.com.

Le Dow est entré en ébullition… puis a éclaté.

Nous pensions — à tort — que la partie était terminée. Nous nous attendions à voir les actions baisser et baisser encore… jusqu’à atteindre un plancher à leurs valeurs réelles. Ensuite, les erreurs ayant été éliminées du système, et les actions ayant retrouvé de bons prix, un nouveau marché haussier pourrait commencer.

Au lieu de ça, les autorités ont entravé la correction, renversé le marché baissier et créé une bulle encore plus grosse — cette fois-ci dans l’immobilier et la finance. Les autorités américaines ont suivi le modèle japonais. Confrontée à une faible récession, la Fed a baissé les taux sous le niveau de l’inflation des prix à la consommation — et les y a laissés pendant des années. L’administration Bush, pendant ce temps, a mené le budget dans de profonds déficits.

C’est ainsi qu’est née la mini-récession avortée de 2001. Les autorités l’ont attaquées avec tant de nouvel argent et de crédit qu’elle était terminée alors qu’elle avait tout juste commencé. Les consommateurs empruntaient et dépensaient sans arrêt. Les investisseurs sont immédiatement revenus sur les marchés. Les spéculateurs sont passés au marché suivant.

Cette fois-ci, ils empruntèrent pour acheter des titres adossés aux créances hypothécaires — et des dérivés que seuls les mathématiciens semblaient comprendre.

Résultat : Bulle Numéro Deux. Après avoir suivi l’inflation pendant près de 100 ans, les prix de l’immobilier américain ont soudain doublé. Le Dow a dépassé les 14 000. Wall Street perdit la tête.

Cette bulle eut une fuite en 2007. En 2009, elle perdait rapidement de l’air.

Une fois encore, les autorités ont sorti les pompes. Nous suivons cette histoire depuis cinq ans… et une nouvelle bulle est en train de prendre forme.

Les prix de la nourriture grimpent si rapidement que ça cause des émeutes. L’or remonte vers les 1 400 $. Les prix des actions grimpent encore eux aussi — près de deux ans après le début du rebond, le 9 mars 2009.

▪ David Rosenberg explique (dans le Financial Times) ce que ça signifie pour le marché boursier :

"Tout comme le rally de marché baissier précédent était construit sur des bases fragiles de crédit non-pérenne et d’appréciation des prix de l’immobilier, le rebond de marché baissier actuel a été construit sur un sol encore plus fragile d’intervention surréaliste du secteur public".

Mais ça ne sert à rien de le dire aux investisseurs. Ils vont sur ce qui brûle. Les obligations brûlent. Les matières premières sont encore plus brûlantes.

Quasiment tout le monde pense que l’économie se remet… que les taux d’inflation vont grimper… et que les marchés brûlants deviendront encore plus chauds.

"Il ne faut pas lutter contre la Fed", se disent-ils. Et tout le monde sait les bêtises que la Fed est en train de faire. Autrefois, c’était un crime que d’imprimer de l’argent basé sur du vide. A présent, la Fed le fait aux yeux de tous. Elle s’est engagée à ajouter 600 milliards de dollars à la masse monétaire américaine avant la fin juin.

"Si ça ne garantit pas l’inflation", dit un investisseur à un autre, "je ne sais pas ce qui le fera".

Mais est-ce vraiment le cas ? Y’a-t-il jamais eu bulle qui n’explose pas ? Pas à notre connaissance.

Suivez le programme, cher lecteur… Vendez les actions pendant leurs rebonds (comme celui que nous vivons en ce moment)… achetez de l’or pendant ses creux.

Tel était notre conseil pendant la dernière décennie. Il reste valable aujourd’hui.

Ou, si vous voulez passer au conseil de la décennie actuelle, voici la formule :

Vendez les obligations gouvernementales japonaises durant leurs rebonds, achetez les small caps japonaises pendant leurs creux. La bulle des obligations gouvernementales japonaises va éclater elle aussi. Et lorsqu’elle le fera, les investisseurs japonais se précipiteront vers les valeurs à bas prix. Vous pouvez y compter.

Certes, c’est un peu difficile à mettre en place. Mais qui a dit que l’investissement était facile ?

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