La Chronique Agora

L'emploi US, pire qu'on le pense…

▪ Les Américains s’inquiètent un peu. Les nouvelles sont mauvaises — du moins si l’on considère qu’une correction est mauvaise.

La Bourse vacille. Les rendements obligataires sont à des planchers record.

Les crédits d’impôts immobiliers ont expiré. Les vieilles voitures ont toutes été rachetées. Les agents du recensement ont été renvoyés chez eux.

Les plans de relance des autorités américaines n’ont rien relancé… leur reprise n’a rien repris… leur politique budgétaire contre-cyclique n’a pas contré grand-chose. Désormais, tout ça prend fin… et on commence à voir le mot "dépression" utilisé pour décrire le malaise américain :

"Le Dow répète les schéma de la Dépression", disait CNBC.

Les Etats-Unis "pris au piège de la Dépression", titrait le Telegraph à Londres.

Les faillites des consommateurs sont à leur niveau le plus élevé de ces cinq dernières années.

Les maisons ne se vendent pas. Les ventes au détail chutent. Les commandes industrielles chutent.

C’est exactement ce à quoi on pouvait s’attendre dans le cadre d’une Grande Correction. Mais qui prévoyait une Grande Correction ? Peu de gens. La plupart prévoyaient plutôt une reprise.

En tout cas, quoi qu’il se passe, ce n’est pas une reprise.

▪ Il y avait moins d’emplois aux Etats-Unis à la fin juin qu’au début du mois — 625 000 en moins. Le département du Travail US a annoncé que le taux de chômage a baissé, passant à 9,5%, mais tout le monde sait que ces chiffres sont frauduleux. Les autorités font simplement disparaître des gens des listes de demandeurs d’emploi. En fait, elles ont rayé un million d’Américains sur les listes au cours des deux derniers mois. Ces gens ne cherchent pas "activement" un emploi, disent les autorités.

Sauf qu’il faut désormais 35 semaines, en moyenne, entre le moment où l’on perd son emploi et celui où on en trouve un nouveau — quand on peut en trouver un. C’est à peu près une fois et demie plus long que durant le pire marché de l’emploi de notre vie, à la fin des années 70.

Dans la mesure où cinq personnes postulent pour chaque offre d’emploi, bien évidemment, beaucoup de gens ne trouvent pas de travail et abandonnent. Les probabilités sont mauvaises.

Nous n’avons activement cherché un emploi qu’une fois dans notre vie — au début des années 70. Nous sortions tout juste de l’université. Il était temps de se lancer dans une carrière. Nous avons donc épluché les petites annonces demandant des journalistes, un métier pour lequel nous n’étions absolument pas formé. Nous avons vu une offre à Washington D.C., dans une société éditant des lettres d’information. Nous avons passé un costume trois-pièces et nous sommes rendu à l’entretien.

L’entretien se passa sans problème, mais nous n’avons pas eu le poste. Ils voulaient quelqu’un avec une plus jolie coupe de cheveux, ou un meilleur CV. D’une manière ou d’une autre, il semblait que la recherche d’emploi n’était pas faite pour nous. Heureusement, un de nos amis avait besoin d’aide. Il payait 100 $ par semaine. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était un début. Nous sommes resté avec lui jusqu’à ce que nous puissions lancer notre propre maison d’édition.

Ayez pitié des pauvres gens qui cherchent un emploi actuellement. Près de huit millions d’emplois ont été perdus au cours des trois dernières années. Bon nombre de ces postes ne reviendront jamais. Une reprise ? Oubliez ça.

Et ce n’est pas tout ! Même les gens qui travaillent gagnent moins d’argent. Les salaires horaires chutent.

Peut-être que la Chine réussira à se sortir de ce pétrin ? Non, l’économie chinoise ralentit. Et selon Ken Rogoff, son immobilier commence à s’effondrer.

Heureusement (et là, notre côté optimiste ressort le bout de son nez), une Grande Correction, c’est exactement ce dont nous avons besoin. Rappelez-vous, on ne peut transformer de mauvaises décisions en bonnes décisions, pas plus qu’on ne peut faire disparaître les dettes. Il faut travailler à s’en débarrasser… en les faisant passer aux pertes et profits, en les remboursant, en faisant défaut, ou en faisant faillite. C’est à ça que servent les corrections.

Autant s’y attaquer tout de suite…

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