La Chronique Agora

L'effet ketchup : le CAC 40 à 3 900 points ?

Par Frédéric Laurent (*)

La crise du subprime remonte maintenant à près d’un an et pourtant, le choc final est sans doute à venir. Malgré toutes les tentatives des banques centrales qui démontrent chaque fois leur inefficacité, les marchés financiers sont poussés vers le bas, et purgent leurs excès commis. Ce n’est qu’autour des 4 300 points — ou même des 3 900 points –, qu’ils auront expurgé leurs vices.

Rassurez-vous, cela ne devrait plus tarder… et nous allons enfin pouvoir profiter des plus-bas pour nous garantir un rendement. Que pensez-vous de 5%, 4% et 6,4% garantis d’ici juin quand le CAC 40 risque d’aller sur les 3 900 points ?

Les banques et la crise du crédit : l’histoire de l’arroseur arrosé
… 3 900 points. Si bas ? Eh oui, beaucoup trop de risques pèsent encore sur les économies, et sur les marchés.

Destruction d’emplois + baisse construction = récession !
Les dernières statistiques publiées sont mauvaises : 63 000 emplois perdus outre-Atlantique alors qu’on espérait 25 000 créations. Les statistiques mensuelles de vente de logements neufs sont pires que prévu (588 000 ventes alors qu’on en attendait 590 000, et qu’il y en avait encore 900 000 en Décembre 2007). Il n’y a plus de doute : moins de création d’emplois moins de ventes de logement : la récession est déjà arrivée aux Etats-Unis.

La crise du crédit qui a débuté il y a maintenant près d’un an s’intensifie après ces derniers chiffres. La crise bancaire est en train de prendre de nouvelles proportions : ce ne sont pas uniquement les ménages surendettés qui sont pris à la gorge, en défaut de paiement, ce sont aussi les établissements engagés dans cette voie de prêts hypothécaires risqués… Et c’est toute l’économie américaine qui risque de s’effondrer.

Aujourd’hui, les sources de crédit sont coupées. Or les ménages américains ont pour habitude de vivre à crédit. La conclusion logique est donc que sans crédit, plus de pouvoir d’achat, donc moins de consommation et donc récession.

Banques US et ménages américains : même galère
C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Afin de relancer la consommation et de colmater le krach des technos en 2001, le gouvernement US a abaissé le loyer de l’argent et a donné pour directive de faciliter l’accès au crédit. Ce qu’ont fait les banques… à tel point que n’importe qui obtenait un crédit et qu’aujourd’hui, ce sont les banques qui se retrouvent victimes de cette crise — devenue crise des liquidités interbancaires.

De la même manière que ces familles américaines ne peuvent plus faire face à leurs crédits et risquent de perdre leur logement, les établissements financiers ne peuvent plus faire face à leurs propres engagements, et sont contraints à la faillite pure et simple. Combien d’exemple voit-on ces jours-ci ?

JP. Morgan, par exemple, fait partie des banques qui ont adressé des notifications de défaut de paiement à l’établissement de crédit Thornburg Mortgage. Il n’avait pas pu faire face aux appels de marge. Et pour cause : Thornburg a annoncé vendredi 7 mars que ses appels de marge représentaient un montant total de 610 millions… largement supérieurs à sa trésorerie. Cet établissement est donc incapable de rembourser ses dettes ; mais le pire, c’est qu’il n’est pas le seul !

325 milliards de dollars de pertes pour les banques !
Un appel de marge oblige un emprunteur à rembourser tout ou partie de ses emprunts – ou à apporter de nouveaux collatéraux en garantie à ses créanciers. Là, les emprunteurs (les établissements de crédit) ne peuvent tout simplement plus rembourser les banques ou remettre la main à la poche… car eux même n’ont pas été remboursés par les ménages !

Les banques sont prises à leur propre piège. Les établissements de crédit n’arrivent plus à répondre aux appels de marge des banques, qui doivent alors imputer ce manque dans leurs bilans. C’est près de 325 milliards de dollars qu’elles doivent imputer à leur bilan à cause de la détérioration continue du marché des prêts hypothécaires à risque.

Après les subprime, les rehausseurs de crédit, les LBO, les monolines, la titrisation et tous ces nouveaux termes et formules financières plus barbares les uns que les autres, voici donc l’appel de marge. Eh bien, c’est lui qui risque pour beaucoup de sonner le chant du cygne. Un des fonds d’investissement, CCC, de Carlyle Group a lui aussi été incapable de faire face à un appel de marge de 37 millions de dollars il y a quelques jours.

Le groupe a expliqué que la chute des prix immobiliers et la diminution de ses liquidités due à la multiplication des appels de marge "avaient soulevé des doutes importants sur la capacité de la société à poursuivre son activité", les appels de marge devant apparemment dépasser nettement sa trésorerie. Bref, il a quasiment annoncé sa faillite. Les multiplications de ce type de situations sont en route. Attendons-nous à de prochaines faillites… et à de sérieux décrochages sur les marchés.

La suite dès demain…

Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora

(*) Frédéric travaille depuis plus de 20 ans dans la gestion de patrimoine. Il a fait ses débuts dans une société d’assurance avant de s’intéresser de plus près à la finance et aux marchés. Il a alors travaillé pendant quelque temps pour Merrill Lynch, puis s’est exilé au Luxembourg, où il a appris jusqu’aux moindres détails de la gestion de fortune et de patrimoine.

Frédéric a ensuite fondé sa propre société de gestion de patrimoine. Cela lui permet de mener ce qu’il considère comme une véritable mission : aider les investisseurs comme vous à prendre réellement soin de leur patrimoine — le protéger, le faire croître quoi qu’il arrive… sans prendre de risques. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de lui : restez à l’écoute, vos finances pourraient s’en trouver transformées !

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