▪ Les problèmes couvent. L’immobilier aux Etats-Unis, sur lequel repose la majeure partie de la richesse des ménages dans le pays, est entré dans un double creux… qui pourrait tirer des millions de propriétaires sous l’eau.
En d’autres termes, les marchés spéculatifs évoluent d’un côté. L’économie évolue de l’autre. Les marchés grimpent. L’économie baisse.
Oh… et vous imaginez l’effet que ça a sur le pauvre consommateur. Il est pris entre deux feux. L’économie réelle fait baisser le prix de son principal actif… tandis que les autorités font grimper les coûts de ses dépenses les plus importantes — l’alimentation et l’énergie.
« Ne vous inquiétez pas », disent Bernanke, Geithner et al. L’économie se remet. Est-ce vrai ?
Non…
Tout ça va très très mal tourner.
Comme nous l’avons déjà prédit dans ces lignes, l’argent facile des autorités américaines complique les choses pour beaucoup de gens. Il fait grimper les coûts… et les prix. Les autorités peuvent dire aux ménages américains que le taux d’inflation est inférieur à 2%, mais le pauvre consommateur n’est pas dupe. Il sait que le vrai coût de la vie, pour lui, grimpe à un taux probablement supérieur à 5%. Peut-être même, comme nous le dit John Williams, aux environs de 9%.
Ainsi, grâce aux politiques pro-inflation des autorités américaines, le consommateur ne peut pas acheter autant de choses… de sorte que les magasins ne vendent pas autant de choses… et l’économie s’affaiblit. Que font alors les autorités ? Elles injectent encore plus d’inflation dans le système.
Tout ça va mal finir. L’inflation grimpe… alors que les attentes d’inflation sont encore basses. A un moment ou à un autre… les attentes d’inflation seront supérieures à l’inflation. A ce moment-là, la Fed, si elle veut reprendre le contrôle de la situation, devra augmenter ses taux pour qu’ils dépassent l’inflation. En d’autres termes, la Fed va devoir prendre de l’avance sur l’inflation.
Est-ce que ça va arriver ? C’est peu probable. Pas dans une économie qui ralentit.
▪ Nous aimons le Japon. Oui. On peut compter sur les Japonais pour faire des choses à la fois grandioses et horribles.
Pour remettre les éléments qui vont suivre dans leur contexte, rappelons que les Japonais sont dans un pétrin pire encore que les Américains, du moins par certains aspects. Leur dette gouvernementale se monte à 220% du PIB. Les taux d’épargne chutent à zéro. Les recettes fiscales n’arrivent pas à la cheville du budget gouvernemental annuel. Et les Japonais doivent faire face à une facture gigantesque pour la reconstruction suite au tremblement de terre, la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire.
Où vont-ils trouver l’argent ?
Eh bien, il y a deux possibilités. La première est mauvaise pour le Japon. La seconde est mauvaise pour les Etats-Unis.
Comme les Etats-Unis, le Japon peut utiliser la planche à billets pour régler le problème. Certains dirigeants japonais sont pour, d’autres non. Bloomberg nous en dit plus :
« Le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, est sur la sellette pour avoir refusé d’envisager le rachat d’obligations gouvernementales, comme ce qui se pratiquait dans les années 30, pour financer la reconstruction après le tremblement de terre record au Japon ».
« Lors de réunions avec les législateurs [la semaine dernière], Shirakawa a tenté à plusieurs reprises d’empêcher les rachats directs de dette gouvernementale, une manoeuvre permise en cas de circonstances extraordinaires par la Diète. Cette politique saperait la confiance dans le yen et provoquerait un pic des prix à la consommation, a-t-il déclaré durant une audition parlementaire sur le budget et la finance ».
« ‘Si ce n’est pas une situation spéciale, qu’est-ce que c’est ?’ a déclaré lors d’une interview Kozo Yamamoto, membre de la Diète au sein du parti d’opposition, le Parti libéral démocrate. Yamamoto préconisait un programme de reconstruction de 20 000 milliards de yens (247 milliards de dollars) financé par des rachats de dette par la Banque du Japon. Un groupe de législateurs du parti au pouvoir ont soumis une proposition similaire au ministre des Finances, Yoshihiko Noda, le 18 mars, selon un post sur le blog du membre du Parti démocratique du Japon Yoichi Kaneko ».
« Ce débat fait un parallèle aux discussions qui ont eu lieu l’an dernier aux Etats-Unis et en Europe, où la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne ont adopté des programmes de rachats d’obligations ».
L’article parle de la manière dont le Japon a financé son ascension militaire dans les années 30 : il a imprimé des devises ! Cela a fini par mener à une inflation galopante… ainsi qu’à un désastre économique et militaire.
Mais quel autre choix y a-t-il ?
Eh bien, voici une alternative : le Japon devrait puiser dans ses fonds « réservés aux mauvais jours », disent les économistes Carmen et Vincent Reinhart. Tandis que les Japonais ont acheté de la dette gouvernementale japonaise, le gouvernement japonais a acheté la dette d’autres gouvernements — et principalement des Etats-Unis.
Il en a désormais un demi-millier de milliards de dollars. Pourquoi ne pas simplement en vendre afin de reconstruire le pays ?
Eh bien, oui… mais vous voyez le problème alors, n’est-ce pas, cher lecteur ? Qu’arrive-t-il au prix de la dette gouvernementale américaine ? Il baisse, non ?
Et les Etats-Unis ont alors du mal à financer leurs déficits.
Mais attendez. Ils peuvent imprimer des devises, eux aussi.
Oh joie… nous sommes sauvés !
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