Dans ma note d’octobre, j’avais laissé transparaître un optimisme de bon aloi concernant les perspectives d’évolution des marchés actions et spécifiquement des valeurs moyennes. Il me semblait que la correction de mai et juin n’était pas une rupture mais ressemblait davantage à une respiration nécessaire après un premier semestre un peu trop bon. Le ralentissement de la croissance américaine et l’apaisement des risques inflationnistes ont d’abord permis d’envisager la fin du cycle de resserrement monétaire de la Fed.
L’appétit sans limite des fonds
Les marchés américains en ont profité pour pousser leur avance, ce qui a eu un effet d’entraînement sur les indices européens puisque les liquidités générées ont pu être réinvesties. Ce phénomène s’est accentué en septembre et en octobre avec le repli des cours du pétrole. Les performances toujours soutenues des entreprises y ont également contribué. Il est également possible que les marchés aient profité d’une baisse de la prime de risque, résultant du récent apaisement des tensions géopolitiques.
Les gestions plus prudentes prenant ensuite acte de la reprise, elles ont elles-mêmes repris position sur les marchés en fin d’été, ce qui s’est traduit par une augmentation des volumes d’échanges. Mais un nouvel élément a rendu plus confiants les investisseurs : la poursuite des opérations de fusions et acquisitions à un rythme record qui a probablement constitué le soutien de la seconde partie de l’année. Plus encore que leur multiplication, c’est l’entrée dans la danse des fonds d’investissements qui a changé la donne.
L’arrivée de ces nouveaux acteurs dotés d’une puissance de feu énorme a soutenu la spéculation. D’autant plus que leur appétit ne semble plus connaître de limites, que ce soit en termes sectoriels ou de capitalisation. L’entrée de Weinberg Capital dans le capital de Team Partners ou, à l’autre bout de la chaîne, les rumeurs de reprise de Vivendi par KKR sont de très belles illustrations de l’appétit des fonds de Private Equity sur tout ce qui peut être coté.
Le verre à moitié plein
Le fait est que le ralentissement américain est en cours, tandis que l’économie européenne fait encore preuve d’une bonne tenue. A moyen terme, ce ralentissement ne manquera pas d’avoir un impact sur les perspectives des entreprises. Mais les investisseurs favorisent aujourd’hui une approche de plus court terme : le ralentissement de la croissance a mis un coup d’arrêt à la hausse des taux et pourrait même entraîner leur prochaine baisse, ce qui est favorable aux actions.
En somme, les investisseurs préfèrent aujourd’hui considérer que le verre est à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Aujourd’hui en effet, en l’absence de suffisamment d’éléments pour parler d’un retournement de conjoncture, le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine reste privilégié. Ce qui n’empêche pas les opérateurs de se montrer plus enclins à diversifier leurs portefeuilles, comme le montre la récente remontée des valeurs défensives.
Remontée des valeurs défensives
La tendance à un retour sur les valeurs plus défensives pour la visibilité qu’elles peuvent offrir s’est effectivement confirmée. Et dans ce contexte, certaines valeurs de l’agro-alimentaire pourraient retrouver grâce aux yeux des investisseurs. On a pu constater ce phénomène assez récemment avec une valeur comme Bonduelle qui a vu son cours progresser de près de 40% depuis le 1er septembre sans que l’on assiste réellement à un changement notable du profil de croissance bénéficiaire. Or de mon point de vue, le groupe manque cruellement de pricing power face à la grande distribution.
Ce qui me semble en revanche plus prometteur, et que j’estime porteur de solides plus-values, sont des sociétés technologiques décotées. A ce titre, Linedata Services constitue un très bon exemple, même si la valeur — que nous détenons dans le portefeuille SSC — tarde à être redécouverte par le marché !!
Même si les marchés évoluent de manière assez erratique, il est clair que la seule méthode pour réaliser des plus-values en Bourse est de maintenir le cap même dans des mers un peu plus houleuses.