La Chronique Agora

Le rouge est mis

** Fin de semaine difficile sur les marchés — avec une séance d’un rouge quasi-unanime de part et d’autre de l’Atlantique. Il faut dire qu’avec la vague de statistiques en tous genres qui s’est abattue sur l’économie vendredi, les investisseurs avaient fort à faire… et on ne peut pas les blâmer d’avoir choisi de baisser les bras, faute de savoir comment interpréter toutes ces données.

Le CAC 40 a perdu 0,40% sur la séance de vendredi, terminant à 5 740 points dans un volume limité (6,6 milliards d’euros). Le Footsie baissait de 0,53% dans le même temps à Londres, tandis que le DAX, à Francfort, constituait la seule exception à ce concert baissier en terminant sur un gain de 0,10%.

Côté américain, le Dow Jones a abandonné 0,13% sur la séance de vendredi, ce qui lui faisait clôturer la semaine à 13 894,98 points. Le Nasdaq perdait quant à lui 0,30%, à 2 701,50 points — égalité avec les -0,30% du S&P 500, à 1 526,75 points à la fermeture vendredi soir.

** Côté économie, le département du Commerce US a occupé le devant de la scène toute la journée de vendredi, avec une série de statistiques concernant les dépenses du consommateur américain — dont, faut-il le rappeler, dépend toute l’économie mondiale…

On a ainsi appris que les ménages américains avaient continué d’augmenter leurs dépenses en août dernier : on enregistre ainsi une progression de 0,6%, contre 0,4% attendus. Malheureusement, leurs revenus augmentent moins que leurs dépenses : +0,3%, contre +0,4% prévus par le consensus.

Je ne sais pas combien de temps ce déséquilibre va pouvoir encore durer… mais on dirait que le rythme commence déjà à ralentir : l’indice mesurant les dépenses de consommation personnelle (hors alimentation et énergie) a grimpé de 1,8% sur un an, soit « le rythme le plus faible depuis début 2004 », nous apprend Investir.fr. Parallèlement, si l’on en croit l’université du Michigan, ces mêmes ménages gardent le moral : l’indice de confiance du consommateur n’a pas bougé en août, à 83,4 — contre 84 espérés par les analystes.

** Les consommateurs n’étaient pas les seuls sous les feux de la rampe. On a également eu quelques nouvelles de l’immobilier, avec une hausse de 0,2% des dépenses de construction… alors qu’on s’attendait plutôt à une baisse de 0,2%.

Par ailleurs, l’indice des directeurs d’achat de la région de Chicago a pris une légère inflexion haussière, à 54,2 pour septembre (contre 53,8 en août et 53,5 attendus).

Enfin, pour couronner cette longue série de chiffres, on apprenait, côté européen, que le taux d’inflation avait dépassé les 2% fixés par la BCE pour la zone euro — atteignant 2,1% le mois dernier. C’est la première fois qu’on sort ainsi de la « zone autorisée » depuis août 2006.

** Tout cela n’a guère aidé le dollar — qui a terminé la séance en baisse, à 1,4258/euro (1,4148 la veille). Le billet vert est même allé tester un plancher historique en séance à 1,4279 pour un euro.

L’or aussi bat des records, mais dans l’autre sens : l’once a pris 5,75 $ entre le premier et le second fixing à Londres, terminant la semaine à 743 $.

Et le pétrole redescend de ses sommets. Le baril de WTI New York a clôturé vendredi sous les 82 $, à 81,66 $ contre 82,88 $ jeudi.

** Enfin, ce petit article a attiré mon attention dans La Tribune ce matin — un signe que la crise du supbrime continue de faire rage sous la surface (comme nous le confirme d’ailleurs Eric Fry ci-dessous) :

« La crise du subprime qui a secoué les marchés cet été va coûter très cher à UBS », affirme le journal. « La banque suisse annonce ce lundi avoir enregistré plusieurs milliards de francs suisses de dépréciations sur ses actifs à taux fixe, ce qui en fait à ce jour la plus grande victime de la crise du subprime. Les actifs de revenu fixe, taux et change vont en outre accuser des ‘revenus négatifs d’environ quatre milliards de francs suisses (2,4 milliards d’euros)’ au troisième trimestre, précise le communiqué de l’établissement suisse. La banque précise que son exposition aux produits à effet de levier est ‘limitée’ à hauteur de 13 milliards de dollars (9,1 milliards d’euros) et qu’elle ‘n’est pas exposée de manière importante aux véhicules d’investissement hors bilan’, les ‘conduits’. »

« Ces éléments conduisent la direction d’UBS à annoncer des pertes pour le troisième trimestre comprises entre 600 et 800 millions de francs suisses (360 et 480 millions d’euros). La banque indique par ailleurs que dans ces conditions le résultat avant impôt 2007 d’UBS sera probablement inférieur à celui de 2006 ».

Quelque chose me dit que les annonces de ce style n’ont de loin pas fini de se multiplier dans les semaines et les mois qui viennent…

Françoise Garteiser,
Paris

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