La Chronique Agora

Le remède à la crise est-il une question de volonté politique ?

** Tout est une question de volonté politique, si on en croit ce que racontent les commentateurs.

– Durant un entretien de 60 minutes réalisé au cours du week-end dernier, le président de la Fed, Ben Bernanke, a prédit que la crise économique actuelle devrait se calmer d’ici Noël.

– "Nous allons assister à la fin de la récession, probablement cette année. Et nous verrons la reprise commencer dès l’année prochaine", a déclaré Bernanke sans même l’ombre d’un sourire.

– "Nous ne reviendrons pas au plein emploi", a-t-il ajouté pour modérer son propos, "mais nous verrons, je l’espère, la fin de ces chutes qui ont été si importante au cours des deux derniers trimestres".

– Réjouissez-vous, oh fidèles ! Il y aura bientôt une poule au pot dans cuisine hypothéquée ! Une toute nouvelle voiture de sport (fraîchement financée) dans le garage de chaque maison récupérée par son propriétaire !

** Mais attendez…

– Quelle peut bien être, selon Hélicoptère Ben, la plus grande menace pesant sur ses prévisions de reprise ? La dégringolade continue du prix des maisons ? L’insolvabilité du secteur financier ? La chute du taux d’épargne… la baisse de la production industrielle… l’explosion des dettes gouvernementales et privées ? Loin de là.

– "Le plus grand risque, vous savez, c’est que nous n’avons pas la volonté politique", a-t-il dit en empruntant une phrase au pétillant Al Gore. "Nous ne sommes pas suffisamment impliqués pour résoudre ce problème, et nous le laissons traîner".

– C’est le vieil appel aux armes, chez lecteurs, et il fonctionne très bien en période de crainte et d’incertitudes. Si vous ne vous soumettez pas et ne nous laissez pas dépenser ce que vos arrière-petits-enfants n’ont même pas encore eu la chance de gagner, disent-ils, un enfer économique va tous nous engloutir. Donnez calmement toutes vos liquidités, et tout se passera bien.

– Voilà où est le problème. Même en supposant que le gouvernement n’a pas de monopole sur l’impression et la destruction de devises, chaque dollar détourné de la base fiscale et assigné à des entreprises qui s’effondrent équivaut à un dollar qui ne sera pas dépensé dans des entreprises valides — celles qui grandissent par le biais d’une production de richesse honnête, plutôt que par la destruction de richesses trompeuses.

– Mais du bon argent après du mauvais argent n’est pas réellement bénéfique pour le marché. Et du mauvais argent après du mauvais argent (c’est-à-dire des billets tout frais sortis des presses de la Fed), cela peut être encore pire. Toute réalisation spontanée que le poison ne soigne pas va nécessiter l’intervention de législateurs pour réfléchir à une nouvelle solution. C’est malheureux pour nous tous.

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