La Chronique Agora

Le rebond touche-t-il à sa fin ?

** Le rebond touche-t-il à sa fin ?

* Possible. Nous n’en jurerions pas. Mais nous sommes relativement certain que ce rebond va finir… et même mal finir… tôt ou tard. Jusqu’à maintenant, le rally des marchés américains surpasse celui de 1929 de quelques semaines… mais n’a pas tout fait atteint la même ampleur. Il lui faudra encore quelques centaines de points pour atteindre le niveau des années 30.

* Mais une fois que le rebond prendra fin… que se passera-t-il ?

* En dépit du fait que la majorité (!) des économistes interrogés par le Wall Street Journal affirme que la récession est déjà terminée, il n’y a pas de reprise durable.

* Nouriel Roubini nous explique pourquoi :

* "Les données provenant des Etats-Unis — hausse du chômage, baisse de la consommation des ménages, production industrielle toujours en déclin et marché immobilier faible — suggèrent que la récession américaine n’est pas encore terminée. Une analyse similaire de bon nombre d’autres économies avancées suggère que, tout comme aux Etats-Unis, le plus bas est proche mais n’a pas encore été atteint. La plupart des économies émergentes pourraient revenir à la croissance, mais elles sont bien au-dessous de leur potentiel".

* "De plus, pour un certain nombre de raisons, la croissance des économies avancées a toutes les chances de rester anémique et bien inférieure à la tendance pendant quelques années au moins".

* "La première raison créera probablement un ralentissement de long terme pour la croissance : les ménages doivent se désendetter et épargner plus, ce qui entravera la consommation durant des années".

* "Ensuite, le système financier — qu’il s’agisse des institutions bancaires ou des autres activités du secteur — est gravement endommagé. Le manque de croissance solide du crédit freinera la consommation privée et les dépenses d’investissement".

* "Troisièmement, les entreprises sont confrontées à un excès de capacité, et une reprise faible est probable si la croissance est anémique et si les pressions déflationnistes persistent. Résultat, il y a peu de chances de voir les entreprises augmenter leurs investissements".

* "Quatrièmement, le ré-endettement du secteur public par le biais de profonds déficits fiscaux et d’une accumulation de dettes risque d’étouffer une reprise des dépenses du secteur privé. Par ailleurs, les effets des stimulants politiques se dissiperont au début de l’année prochaine, exigeant une plus grande demande privée pour soutenir une croissance continue".

* Roubini pense que les Etats-Unis sortiront de la récession vers la fin de l’année… mais ils pourraient ensuite retomber dans une dépression à "double creux". Peut-être aura-t-il raison. Peut-être que ce ralentissement ressemblera aux multiples récessions japonaises des deux dernières décennies. Ou peut-être que ce sera un ralentissement unique, plus profond et plus long — comme celui du début des années 30. Nous n’en savons rien. D’une manière ou d’une autre, il devrait être considéré comme une dépression, non une récession. Parce qu’il est fondamentalement différent. Et la différence, la voici :

* La reprise est impossible.

* Pour que les marchés se remettent, ils doivent revenir à leur état antérieur. Et ça, cher lecteur, ça n’arrivera pas. Parce que ça ne peut pas arriver. L’économie ne peut pas revenir à ce qu’elle était auparavant. Durant la période 2005-2006, elle était au plus fort d’une explosion du cycle du crédit… et il fallait plus de 5 $ de nouveau crédit pour produire un misérable dollar de production supplémentaire.

* En d’autres termes, les consommateurs devaient emprunter 100 $ pour que le PIB américain grimpe de 20 $. C’était une période de folie, qui ne pouvait en aucun cas se poursuivre… et ne peut en aucun cas, actuellement, être ressuscitée. Qui va investir aujourd’hui dans un nouvel immeuble en train de se construire en Floride ? Qui va acheter des produits dérivés aux prix de 2006 ? Qui ira construire une nouvelle usine en Chine pour produire plus de choses pour les consommateurs américains qui ne peuvent pas les payer ?

* Après une bulle… comme après un adultère… les choses ne redeviennent jamais exactement comme elles étaient avant. On peut faire semblant qu’elles n’ont pas changé. On peut agir comme si elles n’avaient pas changé. On peut essayer de les reconstruire comme si elles n’avaient pas changé. Mais un leurre.

* Une récession est simplement une cheville foulée ou un rhume. On peut se remettre. Mais une dépression est fatale. On ne peut pas revenir en arrière. Il n’y a pas de reprise.

* Espérer une "reprise" après une dépression est une lutte futile contre l’avenir. Les gouvernements essaient de restaurer l’ancienne économie — à l’identique. Ils soutiennent les anciens secteurs. Ils renflouent les dirigeants et les spéculateurs ruinés. Ils distribuent de l’argent aux gens, les encourageant à faire encore plus d’erreurs — celles-là même qui les ont mis dans le pétrin au départ.

* On ne peut pas revenir en arrière. C’est une dépression. Le modèle doit changer. L’avenir… quel qu’il soit… doit s’exprimer.

** Il faudrait ajouter les volets à notre liste des meilleures inventions au monde. Qu’y a-t-il déjà sur notre liste ? Le canard croustillant. Les bérets. Le point-virgule. Et les volets, désormais.

* Il fait chaud en France. Le soleil tape ; la température a atteint les 30°C. Nous n’avons pas la climatisation — mais nous avons des volets. Nous les laissons entrouverts le matin pour nous abriter du soleil. Puis, le soir, lorsque la température fraîchit, nous les ouvrons pour en profiter. En hiver, on ferme les volets la nuit pour conserver la chaleur. En été, on les utilise pour réguler la chaleur et la lumière. Et ils protègent toujours les fenêtres, les rideaux et les tissus.

* Nous nous souvenons encore des volets à claire-voie de la maison de nos grands-parents, dans le Maryland. Lorsqu’ils étaient fermés, les pièces étaient mystérieusement sombres… même au beau milieu de la journée. Lorsqu’on les ouvrait, c’était comme ouvrir les portes d’une cathédrale le jour de Pâques… la lumière entrait et la pièce se trouvait transformée. Et en été, lorsqu’il pleuvait, nous laissions les volets fermés et les fenêtres ouvertes. L’air frais et humide était délicieux.

* A présent, avec la contraction du crédit qui arrive, les volets sont prêts à faire leur grand retour.

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