La Chronique Agora

Le rebond de l'or

La phase la plus profitable du rebond de l’or — la troisième — n’a pas encore commencé.

La première phase du récent rebond des métaux a commencé en 2002. C’est à ce moment-là que le monde a perdu confiance dans le dollar US — la devise dominante sur la planète. Bien entendu, ça ne s’est pas passé du jour au lendemain. Avant 2002, le marché boursier s’était effondré, la dette américaine avait atteint des sommets record, et le déficit commercial US prenait des proportions épiques.

Tous ces facteurs, associés à des tensions géopolitiques dans le monde entier, menèrent les banques centrales étrangères et une poignée d’investisseurs avisés à se demander si détenir des dollars US était vraiment une si bonne chose que ça. Quelques téméraires décidèrent que non. Ils vendirent donc leurs actifs papier libellés en dollars et achetèrent de l’or — véritable réserve de valeur en cas d’incertitude économique.

Pour la première fois depuis les années 70, tant la demande que le prix de l’or ont significativement augmenté, tandis que la valeur du dollar était divisée par deux. Cela a marqué la première phase du rebond des métaux.

Bien entendu, peu de gens ont acheté de l’or (ou tout autre métal précieux) en 2001. Le grand public n’adopte jamais une idée lorsqu’elle n’en est qu’à ses débuts. Les gens ont trop peur de se tromper et d’aller à contre-courant. Ils attendent donc la confirmation du public avant d’acheter. C’est exactement pour cela que les achats notables n’ont pas eu lieu sur le marché de l’or avant la fin 2004/début 2005 — lorsque la seconde étape du rebond de l’or a commencé.

En 2005, la demande mondiale d’or était assez importante pour que les prix au comptant grimpent quoi que fasse le dollar. Au cours de cette année, par exemple, le dollar US a grimpé de près de 9% par rapport à un panier d’autres devises mondiales, tandis qu’il rebondissait de son plancher de dix ans et que les marchés actions US grimpaient. Pendant ce temps, le métal jaune augmentait en tandem avec le dollar — passant de 420 $ à 520 $ l’once.

Cette divergence avec le dollar US, associée aux premiers signes d’intérêt des investisseurs individuels pour l’or- et l’argent-métal en tant qu’opportunités d’investissement légitimes ont marqué la deuxième phase du boom des métaux. A cette époque, la Barclays a inauguré son fonds indiciel sur l’or, le iShares COMEX Gold Trust ETF (IAU:AMEX), et le tout premier ETF sur l’argent-métal. Depuis, les flux de capitaux et les volumes sur l’ETF aurifère prouvent que l’or garde tout son intérêt en tant que véhicule d’investissement.

Le volume quotidien moyen pour IAU a plus que doublé l’an dernier, et les actifs totaux sont passés de zéro à… 1,2 milliards de dollars. Mais cet intérêt pour l’or reste très limité. A elle seule, Wal-Mart est une société à 200 milliards de dollars ! En d’autres mots, en dépit de l’intérêt suscité par le secteur de l’or à ce jour, rien ou presque n’indique qu’on se trouve dans un rebond grand public.

La troisième étape (l’étape "grand public") du rebond des métaux n’a pas encore commencé. Mais lorsqu’elle le fera, ce sera rapide, explosif et très lucratif. Pour comprendre à quoi cette phase de folie ressemblera, revenons aux années 70. Au cours du dernier boom des métaux, les valeurs ont grimpé rapidement durant les dernières étapes du rebond :

* Bankeno est passé de 1,25 $ à 430 $ par action
* Resources est passé de 0,40 $ à 560 $ par action
* Steep Rock est passé de 0,93 $ à 440 $ par action
* Mineral Resources est passé de 0,60 $ à 415 $ par action
* Azure Resources est passé de 0,05 $ à 109 $ par action
* Et Leon Mines est passé de 0,05 $ à 385 $ par action.

Même si de nombreuses petites valeurs aurifères ont grimpé de plusieurs centaines de pour-cent depuis 2001, nous n’avons pas encore vu de folie acheteuse similaire à celle de la fin des années 70. En fait, depuis mai 2006, les valeurs aurifères se sont vendues à des planchers de plusieurs années, malgré de meilleurs fondamentaux sous-jacents.

L’année dernière à cette même époque, une once d’or s’échangeait aux environs de 470 $. A l’heure où j’écris ces lignes, le métal précieux est à 601 $ — soit 28% plus élevé [et il est désormais à plus de 625 $, ndlr.]. Cependant, de nombreuses sociétés aurifères se vendent moins cher qu’il y a 12 ou 24 mois de ça. Par exemple…

IAMGOLD est une junior aurifère (capitalisation boursière de 1,5 milliards de dollars), avec 4,6 millions d’onces de réserves prouvées et probables. A 8,50 $ l’action, elle s’échange au même prix qu’en décembre 2004. Pourtant, ses réserves valent 430 millions de dollars supplémentaires aujourd’hui.
Bema Gold est un producteur moyen, avec 11,4 millions d’onces d’or prouvées et probables dans le sol. Si l’on se base sur les chiffres de l’année fiscale 2005, ces réserves valent 4,9 milliards de dollars estimés. Cependant, l’action Bema s’échange pour le même prix qu’en décembre 2003 — alors que les réserves valaient environ 1,1 milliard de dollars.

Et Newmont, producteur aurifère majeur dont la capitalisation boursière se monte à 20,1 milliards de dollars et 92,3 millions d’onces de réserves prouvées et probables, s’échange au même prix qu’en septembre 2003. Pourtant, ses réserves valent environ 4,1 milliards de dollars aujourd’hui, contre 2,9 milliards en 2004.

L’évolution n’indique donc absolument pas un rebond conséquent et grand public des métaux. Alors que le prix de l’or a significativement augmenté l’année dernière, les valeurs minières n’ont pas suivi le mouvement.

En tant qu’investisseur, vous avez un choix à faire.

Vous pouvez donc investir dans les valeurs aurifères — avant que la troisième étape du rebond ne commence (et tandis que les prix suivent les principaux fondamentaux). Ou vous pouvez attendre la confirmation de la masse des investisseurs.

Ceux qui achètent maintenant doivent avoir des nerfs d’acier, de la patience et la peau dure. Ca risque d’être les montagnes russes à court terme, mais ce seront ceux-là qui termineront avec les plus gros profits, en fin de compte.

Bien entendu, ceux qui achètent maintenant sauront qui remercier pour leurs plus-values : ceux qui attendent la confirmation du reste des marchés avant de se positionner.
 

 

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