▪ Eh bien, les articles d’Eric Fry et Addison Wiggin sur le concept de « portefeuille permanent » inventé par Harry Browne ont suscité pas mal de réactions parmi nos lecteurs.
En voici quelques-unes — à commencer par celle de J.B., qui, comme M. Jourdain et la prose, faisait du Harry Browne sans le savoir :
« Votre article sur le portefeuille permanent m’a beaucoup intéressé. Sans savoir que c’était un concept inventé par Harry Browne, mes actifs (hors résidence principale) sont répartis en quatre grandes catégories, ce qui ressemble un peu à ce que vous avez présenté :
– actions 20,7% ;
– gold, dont GBS 3,9%, BullionVault 20,7% 24,7% ;
– immobilier, réparti sur 5 bientôt 6 SCPI 33,8% ;
– liquidités, réparties principalement sur le fond Apicil euro garanti (9,2%) et sur Mutavie Livret Vie (Macif) (10,1%). Mutavie me servant d’outil de gestion de trésorerie. 20,8% »
J.B. conclut en nous confiant que « jusqu’à présent, la partie ‘actions’ a été un désastre, pour plusieurs raisons ».
J’espère que les choses iront en s’arrangeant… mais si besoin était, je recommande à tous le guide réalisé par ma collègue Isabelle Mouilleseaux sur le money management et la gestion du risque : ultra-complet et simplissime, il vous aidera à maîtriser vos pertes quoi que fassent les marchés.
▪ Sur le site de La Chronique Agora, Jaton nous a lui aussi fait part de son expérience :
« Nous avons fait de très bonnes expériences avec la structure de portefeuille suivante :
– 5-10% en or (métal) ;
– 10% fonds immobilier suisse ;
– 35-40% actions à dividende, si possible en augmentation constante (Royal Dutch, Air Liquide, Pernod Ricard, Nestlé, Syngenta, Essilor, Linde, etc. Pas de titres financiers (banques et assurances)
– solde en obligations, mais en tout cas pas aux taux actuels, hormis quelques perpétuelles de bonne qualité ou, cas échéant, des actions à fort rendement (ex. BAT en livres sterling) »
▪ On dirait que si les catégories font à peu près l’unanimité, le principe d’une répartition égale à 25% pour chaque classe d’actifs est moins appliqué — alors qu’il s’agit d’une caractéristique importante du portefeuille permanent, selon un autre lecteur, Herroux (que toute l’équipe remercie sincèrement pour sa fidélité !).
Il nous a livré un raisonnement très complet, que je vous livre dans son intégralité :
« Utilisant moi-même une adaptation de ce modèle, je réponds à votre invitation. Tout d’abord, un grand bonjour à toute votre équipe que je lis assidûment depuis sept ans ! Comme vous le savez, le portefeuille permanent a trois qualités : robustesse, performance et simplicité ».
« – La première qualité est naturellement sa forte résistance aux catastrophes grâce à sa répartition complémentaire d’actifs. Comme un tracker suit son indice, le portefeuille permanent permet de suivre l’évolution économique des sociétés humaines avec ses aléas tout en ayant la garantie de ne pas tout perdre à un moment donné.
– Sa surperformance vient de l’arbitrage, ou dit autrement, du rééquilibrage à effectuer tous les ans sur le portefeuille : cela consiste simplement à vendre ce qui est devenu plus cher et à acheter ce qui est devenu plus abordable.
– La troisième qualité est la simplicité : la méthode est passive, elle part de la valeur donnée par le marché et réagit mécaniquement à celle-ci. Du coup, l’investisseur ne passe que très peu de temps à sa mise en oeuvre ».
« 1) Votre première question est pertinente car s’il y a un profond déséquilibre sur la valorisation des actifs lors de la constitution du portefeuille, il faudra beaucoup de temps pour que la surperformance due au rééquilibrage absorbe la moins-value du ‘droit d’entrée’. Cependant, ne pas respecter initialement la répartition 25/25/25/25 implique de facto l’abandon de la gestion passive, au profit d’un modèle de décision discrétionnaire. En d’autres termes : si on a un meilleur modèle que la gestion passive lors de la création du portefeuille, pourquoi ne pas continuer à l’appliquer pour la suite ? Etre cohérent implique de choisir, soit l’un soit l’autre, et de s’y tenir. A noter aussi, que si une allocation active permet d’améliorer la performance, cela se fait au détriment de la simplicité, et éventuellement aussi de la robustesse, si cela ne se passe pas comme prévu. La force du modèle est justement de ne rien prévoir ! »
« 2) Pour répondre à votre question 2, l’anticipation sur N années va selon moi à l’encontre du modèle qui est réactif au marché et non pas proactif. Il achète et vend en fonction des prix et non pas en fonction de ce qu’ils pourraient devenir. Cette différence me semble fondamentale et l’anticipation ne me semble donc pas une approche convenable ».
« Personnellement, j’ai adapté ce modèle en étant dynamique dans l’allocation mais en restant dans une démarche réactive : pour chaque actif, j’ai défini une valeur minimale et maximale entre lesquelles évolue l’actif. Ces valeurs extrêmes sont calculées à partir de nombreuses données historiques et correspondent aux valeurs actualisées des moments où le marché fut le plus dépressif ou euphorique. Elles correspondent donc aux pires et aux meilleures valorisations actualisées ».
« La formule de Kelly permet alors de définir la pondération de l’actif en fonction de sa position dans le baromètre ainsi créé : moins c’est cher et plus on augmente sa position et inversement. On reste dans la philosophie de Harry Browne qui est d’acheter ce qui a baissé et de vendre ce qui a monté, mais les ratios sont cette fois plus agressifs car on tient compte de leur potentiel de baisse et de hausse ».
« L’écart de performance entre le portefeuille permanent ‘d’origine’ et le nouveau ‘modifié’ vient alors de l’adéquation existant le modèle théorique du baromètre et les prix réels. S’écarter des ratios 25/25/25/25 crée une forme d’effet de levier. Encore merci pour votre chronique et excellente continuation ! »
N’hésitez pas à relire l’article d’Addison et l’article d’Eric pour tout savoir sur Harry Browne… et apporter votre point de vue au débat !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora