La Chronique Agora

Le pétrole brut, grand voyageur du fret

** Le pétrole brut est un grand voyageur. Il voyage de l’endroit où il a été produit jusqu’à l’endroit où il sera consommé. Déplacer le pétrole d’un point A à un point B est une activité très lucrative, même quand le prix du pétrole est en chute. Deux mots : navires pétroliers.

– Pour citer un exemple, le Venezuela fournit 6% du pétrole de la Chine. Il y a cinq ans, cette route n’existait même pas. La Chine dépend de plus en plus du pétrole d’Atlantique. En 2003, 20% du pétrole de la Chine venait du bassin Atlantique. Aujourd’hui, il représente 35%. Le pétrole d’Atlantique nécessite un plus long voyage, et cela augmente les kilomètres de transport — et donc les bénéfices de la flotte.

– Avec des bénéfices aussi juteux dans un environnement pour le moins morose, pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens qui se jettent sur les actions des sociétés affrétant des navires pétroliers ?

– Bonne question. Le transport du pétrole tout autour du monde est un bon secteur d’activité, et cela va encore s’améliorer pendant les prochaines années… surtout si vous êtes un transporteur bien financé qui possède des navires modernes.

– Les Etats-Unis, par exemple, ont rendu les doubles coques obligatoires pour les navires qui souhaitent naviguer en eaux américaines. De plus en plus, l’industrie se tourne vers les doubles coques. Les pétroliers à coque unique vont certainement tous disparaître dans les cinq ans à venir. Si c’est le cas, la croissance nette de la flotte ne sera alors que de 5% environ par an, ce qui fournit déjà un bon soutien pour les prix des tankers durant les années qui viennent.

– Il y a également eu un certain nombre de contraintes logistiques, comme les grèves dans les ports et l’Iran qui utilise les pétroliers pour le stockage. Les problèmes du marché du crédit ont aussi touché le fret : il est plus difficile d’obtenir des financements si vous ne faites pas partie des meilleures entreprises, et cela créée une sorte de barrière à l’entrée. Dans le secteur, on parle beaucoup de situations où deux entreprises veulent acheter le même navire dans le même parc à bateaux, mais une seule obtient un financement.

– Tandis que l’inflation grimpe, le coût de construction de nouveaux navires explose littéralement. Ne serait-ce qu’à cause du prix du métal, le prix de revient pour construire des pétroliers est beaucoup plus élevé. Les tankers existants ont donc plus de valeur — ils valent bien plus qu’ils ne coûtent. Et comme le dit un dirigeant d’entreprise de fret, la valeur d’actifs pure ne garantit pas la valeur de l’organisation du fret en elle-même. Les relations, l’expérience et le talent peuvent faire une grande différence dans les bénéfices que le fret génère.

** C’est là qu’arrive Nikolas Tsakos, président et PDG de Tsakos Energy Navigation (TEN), à Athènes, en Grèce. TEN est la meilleure façon pour vous d’entrer dans le secteur des pétroliers, avec une famille qui vit et qui respire le fret.

– La famille Tsakos est dans le secteur du fret en tant que capitaine et propriétaire de bateaux depuis les années 1880. Les premiers cargos étaient pleins de citrons et autres produits venus de Chios, sur les îles de la mer Egée. Le clan Tsakos transportait ces produits dans tous les ports qui longent la côte ensoleillée de la Méditerranée.

– Le fret est devenu partie intégrante de la culture familiale. La grand-mère de Nikolas Tsakos est morte à l’âge de 98 ans en 2001. Elle était le chef de famille. Nikolas raconte comment, pour elle, il n’y avait pas meilleur métier que capitaine : "quand vous lui présentiez quelqu’un qui était docteur ou avocat, elle disait ‘oh, le pauvre, il n’a pas pu devenir capitaine’."

– TEN est une entreprise semi-privée, semi-publique. "Nous essayons de conserver l’esprit de famille et un certain dynamisme", dit Nikolas. C’est beaucoup plus facile à faire quand la famille détient toujours un tiers de l’entreprise, comme c’est le cas pour le clan Tsakos. S’il y a une entreprise de fret à laquelle vous pouvez vous accrocher pendant les tempêtes dans le secteur du fret, c’est bien TEN.

– L’entreprise a eut 61 trimestres bénéficiaires. Elle est en bonne santé financière. Et le capitaine/propriétaire qui tient la barre est plein de jugeote.

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