La Chronique Agora

Le gouvernement américain prend le contrôle de GM

** Pontiac fait faillite, après 82 ans d’activité. Et General Motors est repris par le gouvernement américain.

* Dans les bureaux de la Chronique Agora, nous sommes ravis. C’est comme si les extra-terrestres avaient décidé de débarquer de notre vivant. Ou comme si le pape se faisait mormon. Nous assistons à des choses que nous ne pensions jamais voir… des choses stupéfiantes.

* On devait être en 1960, environ. Notre père venait de changer sa Chevrolet pour une Pontiac. Elle était vieille — 1954 ou 1956. Mais elle était plus lourde, plus solidement construite et plus silencieuse que la Chevrolet.

* Quelques années plus tard, des garçons provenant de familles plus aisées achetaient des Pontiac GTO et Grand Prix musclés. Nous nous souvenons d’un ami du lycée qui avait acheté une GTO. Quel frisson de partir faire un tour… en montant le volume de la radio !

* Puis — ce devait être au début des années 70 — notre vieil ami Doug Casey arriva avec une Pontiac Firebird flambant neuve. Nous nous rappelons encore le bruit qu’elle faisait… grave, profond… un baryton automobile ; elle asséchait probablement un puits tout entier chaque fois qu’on faisait le plein. Du réchauffement climatique sur roues.

* Mais aujourd’hui… adieu Pontiac…

* Et on peut probablement dire au revoir à GM aussi.

* "Les Etats-Unis prendront une part majoritaire de GM durant sa réorganisation", titrait le Financial Times hier.

* Que pensez-vous de ça ? Le plus grand constructeur automobile américain va être repris par l’Etat… nationalisé… présidé par les bureaucrates fédéraux.

* Ce n’est qu’une partie du passage du libre-échange au non-libre-échange. Le capitalisme d’économie de marché a échoué, disent les experts. Donnons une chance aux autorités.

* Même Henry Kaufman, écrivant dans le Financial Times hier, disait que "le dogme libertaire" de la Fed l’empêchait de contrôler correctement les banques.

* Mais la Fed n’est pas franchement une organisation libertaire. C’est un cartel bancaire. En tant que tel, elle veille aux intérêts de ses membres — et n’hésite pas à utiliser le pouvoir étatique pour y parvenir. Il n’y a rien de libertaire là-dedans… et aucun dogme n’y est associé qui soit ne serait-ce que vaguement libertaire.

* La Fed s’est entendue avec ses membres pour truquer les taux d’intérêt. De la sorte, elle a contribué à créer la plus grande bulle de crédit que le monde n’ait jamais connu. C’était terrible pour le citoyen moyen — qui a été poussé dans un endettement profond par la hausse des prix de l’immobilier et le crédit facile. En revanche, c’était parfait pour les membres du cartel de la Réserve fédérale. Les profits du secteur financier — notamment les grandes banques d’investissement de Wall Street — ont grimpé en flèche.

* Mais les banquiers sont vulnérables aux abus de bonnes choses — comme tout le monde. Ils n’ont pas tardé à commettre l’erreur financière classique — ils en sont venus à croire leur propre pub. Non seulement ils ont déversé des milliers de milliards de dollars dans des instruments financiers absurdes… ils se sont même achetés mutuellement ces bombes de dette.

* Cela représentait un grave danger pour l’économie américaine… et pour le système bancaire mondial. Henry Kaufman affirme que les législateurs ont manqué leur coup parce qu’ils faisaient trop confiance à l’économie de marché. Sauf que les législateurs en question n’étaient pas grand-chose de plus que les hommes de paille des banques elles-mêmes. Paulson, par exemple, répondait probablement encore aux messages arrivant à son ancienne adresse e-mail — hpaulson@goldman.com — lorsque la crise a commencé. Quant au chef de la Fed de New York — et désormais secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner –, il a été élu à ce poste par les institutions mêmes qu’il était censé surveiller. Ni l’un ni l’autre n’allaient mettre fin à la fête ; eux et leurs amis s’y amusaient trop.

* Et aujourd’hui, les autorités prennent le contrôle du plus grand constructeur automobile des Etats-Unis…

** La grippe porcine fait les gros titres. On dit que 149 personnes en sont mortes à Mexico. Pas vraiment de quoi changer la face du monde jusqu’à présent… mais il faut bien que les épidémies commencent quelque part.

* Les gouvernements passent à l’action. Ils vérifient leurs stocks de vaccins… et menacent de "verrouiller" Mexico.

* Les grandes épidémies se produisent aussi fréquemment que l’apparition de nouvelles devises impériales. La devise française — le louis d’or — était la monnaie de choix au XVIIIe siècle. Au XIXe, c’était la livre sterling. Le dollar américain a dominé le XXe siècle — il a pris la tête à peu près au même moment où la grippe espagnole faisait des ravages. L’épidémie de 1918-11921 a tué entre 30 et 100 millions de personnes. Ca a été la pire de l’histoire.

* Mais cette grippe semble évoluer trop lentement pour être une menace majeure. Les gens la voient venir, et peuvent prendre des précautions. La prochaine épidémie majeure agira probablement bien plus rapidement. Lorsque vous verrez le journaliste télé tomber raide mort en direct, vous saurez que les ennuis approchent.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile