▪ Bonne nouvelle, cher lecteur : tous nos problèmes sont réglés.
La Grèce ? Pas de souci : la BCE s’en occupe, un plan d’aide est en route. Le Portugal ? La Troïka est contente, l’aide internationale arrive… Pourquoi s’inquiéter ?
La gigantesque quantité de dettes accumulées un peu partout dans le monde développé ? Bah… on trouvera bien une solution. La Fed a la main sur le levier à assouplissement quantitatif, et si la BCE a commencé par faire des manières à cause des ennuyeux scrupules des Allemands, elle a finalement trouvé le moyen de contourner le problème, comme nous l’expliquait Philippe Béchade hier.
L’essentiel, n’est-ce pas, c’est que les marchés grimpent… et ils grimpent.
La séance d’hier s’est terminée par un vert unanime. Le CAC 40 a grimpé de 0,36%, à 3 453,99 points. A Londres, le Footsie s’est adjugé 0,21% tandis qu’à Francfort, le DAX avançait de 0,57%.
Côté américain, c’était encore mieux. Le Dow Jones a terminé au-dessus des 13 000 points, à 13 005,13, soit une hausse de 0,18% — c’est la première fois qu’il clôture au-dessus de ce seuil depuis 2008. Le S&P 500 gagnait quant à lui 0,34% à 1 372,18 points… et enfin le Nasdaq veniat compléter le trio gagnant avec une hausse de 0,69%, à 2 986,76 points.
Puisqu’on vous dit que tout va bien !
▪ Les statistiques le prouvent…
Regardez : la confiance des consommateurs américains a atteint un plus haut d’un an en février.
« L’indice du Conference Board mesurant la confiance des consommateurs a grimpé à 70,8 en février, contre 61,5 en janvier (61,1 en première estimation) », détaille Les Echos. « Les économistes interrogés par Reuters le donnaient à 63,0 ».
Les Américains ont vraiment le moral — même concernant l’emploi : « la proportion de personnes sondées jugeant qu’il est difficile de trouver un emploi a atteint son plus bas niveau depuis novembre 2008, à 38,7% contre 43,3% le mois précédent », continue Les Echos. « Celle qui estime qu’il est facile de trouver un emploi a quant à elle augmenté à 6,6% contre 6,2% ».
Quand le moral va, tout va, c’est bien connu.
▪ … ou pas
Sauf que le moral, c’est important — mais pas très tangible. Et lorsqu’on se penche sur des statistiques concernant des éléments solides et objectifs… c’est moins reluisant.
Pour commencer, les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont chuté de 4% le mois dernier. On n’avait pas vu telle chute depuis trois ans — sans parler du fait que le marché n’attendait qu’un repli de 1%.
Et l’immobilier, ce pilier de la consommation — et donc de l’économie — américaine ? Il baisse lui aussi : l’indice Case-Shiller montre que les prix des maisons ont baissé de 4% sur un an en décembre, alors que le consensus tablait sur une baisse de 3,7% seulement.
A votre place, cher lecteur, j’attendrais un peu avant de me ruer sur les marchés actions et/ou obligataires, qu’ils soient américains ou européens. La prudence reste de mise, parce que si le Dow Jones a regagné son niveau du deuxième trimestre 2008… chacun se souvient de ce qui s’est passé au troisième trimestre !