La Chronique Agora

Le Comité pour Sauver le Monde échoue à deux reprises !

** Il y a 10 ans en juin, le magazine TIME nous présentait le Comité pour Sauver le Monde. L’air fier et confiant, Alan Greenspan, Robert Rubin et Larry Summers offraient de sauver le monde de la crise de la dette asiatique. Ils auraient mieux fait de laisser les choses telles quelles. A cause d’eux, nous voilà désormais au milieu d’une crise bien pire.

* Et plus le rebond dure, plus les gens pensent qu’il est permanent. Ils pensent que la crise est déjà terminée.

* Les marchés continuent d’avancer, à pas de bébé… mais n’en grimpent pas moins l’escalier. Sauf que lorsque le pauvre petit bonhomme arrivera au sommet, il tombera en arrière… et dégringolera jusqu’en bas.

* Pourquoi ? Voyons, cher lecteur, vous ne faites pas attention. Nous vous l’avons expliqué de nombreuses fois. Mais plus nous expliquons, moins les choses semblent être vraies. Les actions devraient chuter — elles ne le font pas. Plus ça continue, plus les gens pensent qu’elles ne baisseront plus jamais. Le sentiment change. La crainte pure et dure de la période de krach cède à une perspective plus calme, plus "raisonnable"… où les gens pensent que "ce n’est pas si épouvantable"… "on peut s’en sortir"… "on se débrouillera, ça va aller".

** Et pendant ce temps… les parcs d’attraction américains Six Flags sont ruinés, apprenait-on le week-end dernier. Les casinos de Las Vegas prennent le même chemin.

* Les saisies immobilières continuent de grimper ; elles devraient dépasser les trois millions cette année.

* Le taux de chômage aux Etats-Unis est à 9,4% — officiellement ; il dépassera les 10% d’ici la fin de l’année.

* Le commerce mondial s’effondre — les exportations de tous les grands pays exportateurs enregistrent des taux de chute à deux chiffres. Les exportations baissent même aux Etats-Unis. Souvenez-vous que le déclin du dollar était censé être une bonne chose, parce qu’il rendait les exportations plus compétitives. Mais avec la réduction du commerce mondial, les fabricants américains — comme tout le monde — ont plus de mal à vendre sur les marchés mondiaux.

* Pourquoi toutes ces mauvaises nouvelles ?

* Parce qu’une fois qu’une bulle a éclaté, elle ne peut être regonflée. Les autorités peuvent distribuer plus d’argent et de crédit — mais l’argent part ailleurs.

* Ce qui a éclaté en 2007-2008 était la machine à bulles elle-même… le compresseur construit par le Comité pour Sauver le Monde. Il gonflait les prix de l’immobilier. Avec la hausse de l’immobilier, les consommateurs avaient tant de crédit que quasiment tous les investissements semblaient profitables. En Chine, ils ont construit des usines pour produire des gadgets… aux Etats-Unis, ils ont construit des centres commerciaux pour les vendre. Les Américains étaient prêts à acheter n’importe quoi !

* Naturellement, bon nombre des décisions financières prises à cette époque se révélèrent être mauvaises. A présent, on fait le tri. Des investissements voient leur valeur diminuer, sont passés en pertes et profits… et bon débarras ! Les consommateurs font le ménage dans leurs propres comptes également — réduisant les dépenses et remboursant leurs dettes.

* Jusqu’à ce que ces choses soient arrangées, il n’y aura pas de véritable boom sur les marchés boursiers.

* Ray Dalio l’expliquait au magazine Barron’s il y a deux mois :

* "Il est très clair que nous sommes dans un processus D… différent d’une récession… Tout le monde devrait, désormais, essayer de comprendre le processus de dépression en se renseignant sur la Grande Dépression [de 1929], la crise de la dette latino-américaine ou l’expérience japonaise, de sorte qu’elles fassent toutes partie de notre cadre de référence".

* Le Processus D est long. Il faut du temps, pour faire le ménage. Imaginez combien de temps il faut pour rembourser ses dettes… ou pour que General Motors redevienne une entreprise profitable… ou pour que Six Flags trouve un nouveau business model. Ces choses-là n’arrivent pas du jour au lendemain.

* Et en attendant qu’elles arrivent, les gens — qui n’ont aucune expérience du Processus D — pensent voir des "jeunes pousses"… croient qu’un nouveau marché haussier a commencé… ou s’imaginent que les autorités ont réparé le problème. Ils reviennent encore et encore sur les marchés… et ils perdent de l’argent encore et encore. Puis, en fin de compte, ils s’arrangent du Processus D et mettent leurs affaires en ordre. Ensuite, et ensuite seulement, un nouveau cycle peut commencer.

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