** Oui, très cher lecteur… nous avons désormais le Capitalisme Win-Win…
* Qu’est-ce que le " Capitalisme Win-Win " ?
* C’est une très bonne question, merci de l’avoir posée.
* C’est un système où personne ne perd. On fait une transaction — et il n’y a jamais personne de l’autre côté ! C’est remarquablement idiot en théorie… c’est encore plus crétin en pratique. Mais c’est ce que pensent les gens.
* Depuis 1980 environ, les investisseurs en sont venus à considérer le capitalisme comme une force bénigne. Il rend les gens riches… s’ils parviennent à en avoir assez.
* "Comment puis-je avoir un peu de ce capitalisme ?" se demandent-ils.
*Simple comme bonjour… Achetez des actions dans certaines des plus grandes institutions capitalistes que le monde ait jamais vues — les entreprises cotées sur les marchés US. Ou si vous n’êtes pas tout à fait à l’aise avec les PER, les rendements et les bilans comptables, vous pouvez acheter une maison. Oui, cher lecteur, une maison… quatre murs et un toit… le bon vieux foyer… mi casa… home sweet home… le nid. Ces cinq dernières années en particulier, une maison n’était pas seulement un investissement (c’est-à-dire une occasion de participer au capitalisme moderne par excellence), c’était une spéculation faisant jouer l’effet de levier. Lorsqu’on acquérait une maison grâce à un prêt sans apport personnel, on ne l’achetait pas ; on posait une option sur un achat futur… quand on aurait l’argent.
* Quel meilleur exemple de plan win-win ? On ne pouvait pas perdre, avec une maison. Les prix ne faisaient que grimper, tout le monde le savait. Inutile d’apporter de l’argent — et en plus, on avait des avantages fiscaux ! On gagnait… on gagnait… et on gagnait encore.
* Mais que voyons-nous ?
* Les gagnants semblent se transformer en perdants. Les prix des maisons chutent dans tous les Etats-Unis. Et Lehman Brothers estime que le nombre de saisies hypothécaires atteindra l’an prochain plus du triple du total de cette année.
* Ne vous inquiétez pas. Les autorités arrivent à la rescousse. Bush, Paulson et al. ont déjà proposé de "geler" les taux d’intérêt jusqu’à ce que les propriétaires puissent payer plus… ou jusqu’à ce que la presse ne s’intéresse plus à l’histoire, quel que soit ce qui vient en premier. Et voici que résonne la voix de l’âge, de l’expérience, de la sagesse et de la traîtrise — Alan Greenspan — qui déclare que le gouvernement US devrait fournir plus d’aides financières aux propriétaires : "nous avons le cash", a déclaré le Sage, "et nous devrions l’utiliser en plus grande quantité, si nécessaire, pour résoudre les problèmes générés par ces tensions".
* Nous avons du cash ? Quel cash ? Tout ce que nous voyons, ce sont des déficits. Les Américains n’épargnent plus rien depuis de nombreuses années. Le gouvernement s’enfonce chaque minute plus profondément dans le trou. Greenspan doit parler du genre de cash qui provient des planches à billet, pas des véritables liquidités.
** Mais enfin, ne nous acharnons pas sur ce pauvre vieux et revenons-en au marché immobilier…
* Nous avons posé la question à notre propre frère Jim, qui travaille dans la région de Charlottesville, en Virginie, depuis de nombreuses années.
* "Eh bien oui, les prix sont en baisse", a-t-il dit. "Mais je ne traite que le haut du marché. Il n’y a pas assez de transactions pour déterminer dans quel sens vont les prix. Ceci dit, on peut voir que ce n’est pas le même marché que l’an dernier. Les vendeurs s’attendent à devoir être flexibles. Et les acheteurs s’attendent à ce que les vendeurs leur cèdent un peu de terrain. Le haut du marché est à part, bien entendu. Les gens n’ont pas de prêt immobilier ; ils paient cash, ou ils appliquent une forme bien différente de financement".
* "Voilà quelque chose qui pourra t’intéresser… tu te rappelles la propriété que tu voulais acheter, il y a cinq ou six ans de ça ? Elle faisait 300 acres. Un coin magnifique. Tu pensais l’acheter pour y vivre quand tu prendrais ta retraite. Je suppose que ça a changé, maintenant que tes enfants semblent se concentrer de l’autre côté de l’Atlantique, mais enfin, c’était l’idée. Tu as fait une offre de 900 000 $ juste après avoir vu la propriété".
* "Eh bien, tu avais raison. Le gars qui l’a achetée a payé environ un million de dollars, je pense. Puis, quelques années plus tard, il l’a revendue 3,5 millions de dollars. Et voilà qu’un autre type construit une maison exactement sur la butte, qui semblait si parfaite… c’est une maison énorme. Il est spéculateur, et il a déjà mis la propriété en vente pour 6,5 millions de dollars".
* La propriété était une très bonne affaire à 900 000 $. A 6,5 millions de dollars, c’est un peu raide. Les acheteurs pourraient ne pas vouloir payer autant. Même au sommet de l’échelle, les spéculateurs peuvent perdre.
* Parce que non seulement les prix grimpent et baissent, mais les attitudes des gens subissent des changements subtils. Personne n’a remarqué le moment où les Américains ont commencé à croire au Capitalisme Win-Win. On ne remarquera pas plus le moment où ils se mettront à croire au Capitalisme Lose-Lose.
* Oui, cher lecteur… ça vient.