La Chronique Agora

Le capitalisme a des airbags

** A la Chronique Agora… nous restons pétrifiés… stupéfaits… bouche bée… paralysés par tout ce spectacle… des suppositions lunatiques liées à la bulle du crédit… à la farce solennelle qui s’est déroulée la semaine dernière au Congrès américain.

* Oui, cher lecteur, nous souffrons d’un excès de stupidité… les absurdités arrivent trop vite pour nous ; nous n’arrivons plus à suivre. Nous craignons de tomber dans un coma post-ironique.

* Un scénariste aurait-il pu imaginer une intrigue aussi ridicule ? Un metteur en scène aurait-il pu trouver des personnages aussi clownesques ?

* Il y a quelques mois seulement, les principaux acteurs de cette tragédie affirmaient croire si ardemment à l’économie de marché qu’ils étaient prêts à dépenser des centaines de milliards de dollars pour l’imposer aux autres. C’est la libre entreprise qui nous différencie des barbares et enrichit le pays, disaient-ils. A présent, ils mettent bon nombre de ces libres entreprises entre les mains de bureaucrates… et essaient désespérément de faire en sorte que les autres ne coulent pas. C’est le capitalisme sans la destruction créative. Le capitalisme avec une ceinture de sécurité, un casque et des airbags. Le capitalisme sans la banqueroute. C’est comme si on avait le christianisme sans la crucifixion. Ne reste qu’une coquille aussi vide et bête que le crâne d’un politicien.

* Dire qu’il y a quelques mois, ils affirmaient qu’il n’y avait rien à craindre… que le problème des subprime était contenu… que les prix de l’immobilier avaient atteint leur plus-bas… que tout allait bien. Si, si.

* Puis, il y a deux semaines, Ben Bernanke et Hank Paulson se sont présentés devant le Congrès et ont averti que si ce dernier ne leur filait pas 700 milliards de dollars de l’argent des contribuables, et vite, l’économie mondiale tout entière pourrait s’effondrer. Ben Bernanke, ancien directeur du département d’économie à Princeton et désormais à la tête du plus grand cartel bancaire de la planète — la Fed — a dit aux politiciens :

* "Si nous n’agissons pas, nous n’aurons peut-être plus d’économie lundi".

* Bien entendu, cette alarme s’est révélée aussi idiote que toutes ses précédentes déclarations. Lundi est arrivé. L’économie fonctionnait encore. Et le Congrès s’est mis au travail.

* Bernanke & Co. n’ont pas attendu l’inauguration et les poignées de mains. La Constitution américaine ne donne absolument pas l’autorité à la Fed de solliciter chaque contribuable à hauteur de 2 000 $ environ. Mais qui s’en soucie ? La Fed, de sa propre initiative, a commencé à distribuer le cash. Rien que mercredi dernier, 49 milliards de dollars sont allés aux banques. Ce même jour, la Fed a prêté 146 milliards de dollars aux banques d’investissement. Lorsque les gens sont rentrés chez eux pour le week-end, 410 milliards de dollars étaient passés de la Fed à des sociétés privées. L’argent a été prêté, selon un rapport de Bloomberg, à un taux d’intérêt de 2,25% environ. Selon nos calculs, c’est quasiment la moitié du taux d’inflation… et précisément 1,4% de moins que le coût de l’argent du gouvernement, si l’on se base sur les rendements des T-Bonds à 10 ans.

* Il y a deux semaines, Barney Frank a demandé à Bernanke combien d’argent il avait à sa disposition pour ce genre d’opération de sauvetage. 800 milliards de dollars, a répondu Bernanke. La semaine dernière, il prêtait environ 44 milliards de dollars par jour. A ce rythme, il ne reste plus que quelques jours avant que la Fed ne fasse elle-même faillite.

* Voilà qui devrait être intéressant : le jour où la Fed aura besoin d’un sauvetage !

** Où est-ce que tout cela met les métaux précieux ? Byron King nous en dit plus :

* "Oui, les prix de l’or et de l’argent ont grimpé lundi. Mais les actions minières aurifères ont décliné avec toutes les autres valeurs. Au nom de quoi ? Selon moi, c’était des ventes de panique. Dans le sillage du refus du plan de sauvetage à Washington, les grands actionnaires ont tout jeté par-dessus bord. Même les valeurs saines ont bu le bouillon".

* "Lundi dernier, on était le 29 septembre, la veille de la fin du troisième trimestre. Certains acteurs faisaient le ménage à la dernière minute. Mieux vaut tard que jamais ? Ils ont vendu tout ce qui était dans le vert (ou se sont débarrassés de leurs pertes)".

* "Mais de la à vendre l’or et ? Réfléchissons un peu. Avez-vous essayé d’acheter du métal physique ces derniers temps ? Bonne chance. Les Etats-Unis sont quasiment en rupture de stock, pour les pièces. L’Hôtel de la Monnaie canadien travaille à toute vitesse pour répondre à la demande de Maple Leafs. Et en Afrique du Sud, la Rand Refinery — qui fournit la pièce d’or la plus populaire de la planète, le Krugerrand — travaille à pleine capacité sept jours par semaine. Vous avez de l’or ?"

* "Alors qu’est-ce qui se passe pour l’or physique ? Il y a une forte demande de métal réel. Selon le Financial Times, ‘les investisseurs aurifères exigent des niveaux physiques ‘sans précédent’ de barres et de pièces et les stockent dans leurs propres coffres alors que les craintes concernant le système financier mondial s’approfondissent’."

* "Que savent ces investisseurs en or ? De toute évidence, le prix de l’or affiché est bas. C’est une autre manière de dire que l’or est sous-évalué par rapport à la véritable demande. En fait, le prix affiché nettoie le marché comme un aspirateur".

* Le prix de l’or ne va pas rester bien longtemps à ce niveau. Selon Byron, il pourrait aller bien plus haut — et vous pourriez être en route pour les profits lorsque ce sera le cas…

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