▪ Tandis que nous étions assis dans l’auditorium du Reagan International Trade Building pour le Sommet budgétaire américain 2010 la semaine dernière, la peur et le dégoût balayaient la planète.
Et maintenant ? Plus autant. La peur de l’abaissement de la note grecque ? C’est déjà dépassé. Un indice mesurant la confiance des consommateurs et des patrons dans les seize nations européennes a atteint son niveau le plus élevé en deux ans.
Loin de nous l’envie de gâcher la fête, mais la Grèce conserve son rôle de "canari dans la mine de charbon".
Le dirigeant de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique — qui regroupe tous les pays développés du monde — déclare que la dette souveraine "menace la stabilité du système financier" comme l’ont fait Bear Stearns et Lehman.
▪ Le Sommet budgétaire est un exemple parfait de la façon dont Washington fonctionne… et ne fonctionne pas.
David Walker a accueilli un évènement médiatique parfaitement chorégraphié, avec Erskine Bowles et Alan Simpson, les co-dirigeants de la Commission américaine sur la responsabilité et la réforme budgétaire. Une discussion avec l’ancien président Clinton. Et des conversations avec Robert Rubin ; Peter Orszag, directeur du Bureau de la gestion et du budget ; Paul Volker et Alan Greenspan. Ainsi qu’un certain nombre de discussions clôturées par des mises en garde de la part de tout le spectre politique et des membres de l’Assemblée et du Sénat.
Avant que vous ne disiez : "pourquoi devrions-nous écouter ces crétins, ce sont eux qui ont créé la crise… et qui président les déficits, la dette, les renflouements et les plans de relance ?"
Laissez-moi vous dire que, peu importe ce que vous en pensez, le déficit est bien réel. La dette est réelle. Ces gens-là existent. Qui plus est, ce qu’ils disent influence les marchés. En tant qu’investisseur, vous devez être au courant de ce qu’ils disent, pensent, prévoient. Et vous n’obtiendrez pas ces informations au journal de 20h.
Nous avons beau partager votre point de vue, nous préférons suivre le dicton "gardez vos amis près de vous"… sur ce point. L’ennemi que l’on connaît est moins dangereux que celui que l’on ne connaît pas.
Enfin, nous pensons honnêtement que David Walker essaye vraiment de mettre en place des solutions politiques viables AVANT que le train ne déraille. Paul Ryan, qui siège aussi à la Commission Nationale, le dit encore mieux : "nous sommes entre les griffes de la crise financière la plus prévisible de l’histoire de l’être humain".
Je vous l’accorde, nous faisons du conseil en investissement personnel. Mais pensez-y de la façon suivante : si Walker réussit, notre travail n’en sera que plus simple. Nous avons seulement besoin de trouver les meilleures entreprises avec les meilleures idées, et de vous donner leurs noms.
D’un autre côté, si vous pensez que la crise de la dette souveraine en Grèce est une mauvaise chose, attendez que les banques centrales étrangères ne fassent plus confiance au Trésor US.
Robert Rubin a dit hier au public qu’il a plus peur de cette possibilité que de n’importe quoi d’autre.
"Le canari dans la mine de charbon pour les obligations US", ce sont le bon à 10 ans et l’obligation à 30 ans, a déclaré hier Alan Greenspan aux participants au Sommet. Il prétend que c’est la première chose qu’il vérifie le matin quand il se réveille. D’après l’octogénaire à lunettes, l’histoire montre que lorsque l’inflation revient dans le système, ça se passe de façon dramatique.
"Les taux d’intérêt à long terme restent bas parce que l’économie mondiale est encore en train d’essayer de sortir d’une récession longue et profonde qui a entraîné une déflation. Ça va changer. Les taux à court terme restent bas parce que la peur du risque du crédit demeure. Mais ça va changer…et vite".
Greenspan a continué en disant qu’il ne pense pas que cela va se passer avant l’année prochaine, mais il a admis qu’il ne croyait pas en notre capacité à prévoir quoi que ce soit. Et par "nous", il veut dire les êtres humains.