La Chronique Agora

La tragédie continue, et l'or en sera l'un des héros

Par Simone Wapler (*)

Les mois se succèdent et l’or déçoit… les nouveaux venus. Cependant, depuis le début de l’année, la performance de l’or reste positive : +4,38% en euro et pratiquement la même chose en dollar. En revanche, les indices des marchés actions ont perdu plus de 7% de recul depuis le mois de janvier en France et aux Etats-Unis.

Les Bourses ne croient plus dans un rebond économique durable
Après le plus bas (provisoire) de mars, les marchés actions ont rebondi dans l’anticipation de l’effet du sauvetage des banques et des plans de relance. Dès que les indicateurs économiques ont affiché une pente descente moins raide, les discours de sortie de crise se sont multipliés. Mais depuis le mois de juin, les indicateurs économiques déçoivent. Les marchés réalisent qu’il ne s’agissait peut-être que d’un réajustement face à un déstockage trop violent.

Parallèlement, durant le premier trimestre, l’or s’est apprécié tandis que les actifs mondiaux — actions, immobilier — connaissaient une importante déflation et que les obligations souveraines n’offraient pas de rendement. Puis, lorsque les marchés ont cru à la sortie de crise, l’or a perdu de son attrait.

Pas de reprise économique en vue, donc le spectre de l’inflation s’éloigne
L’or baisse aujourd’hui en même temps que les actifs papier car la poursuite de la récession (dépression) signifie que le risque de retour de l’inflation s’éloigne. Toute la monnaie créée ne va pas faire surface en poussant les prix à la hausse, pour la bonne et simple raison que la demande restera atone.

Est-ce la fin du cycle haussier de l’or ?
Pour certains, le pic de l’or est derrière nous : c’était le fameux niveau de 1 000 $, atteint en 2008 et frisé en 2009. La crise est en voie de normalisation. La bulle de l’or va éclater. La demande record d’or d’investissement (+36%) entre 2008 et le premier semestre 2009, qui a entraîné la hausse des prix, a tué la demande de joaillerie (-25%).

Autre fait troublant, l’or se popularise. En Allemagne, des distributeurs d’or ont été installés dans les lieux publics. En Suisse, La Poste vend des grains d’or. En France, le courtier Cortal Consor vient de proposer l’achat et la vente d’or par Internet, venant ainsi concurrencer Bullion Vault.

Le plus dur reste à venir
Pourtant, je soutiens que la crise est loin d’être finie. Certes, les marchés ont raison : la déflation se poursuivra et les risques d’inflation sont repoussés. Mais nous avons un cap bien plus grave à passer : la vague du chômage, la vague des défaillances en série et la vague des faillites des Etats et de leurs obligations souveraines.

Dans cette dernière étape, l’or aura un rôle fondamental à jouer. Pour le moment, les chômeurs sont indemnisés. Mais très bientôt ils vont sortir des filets de sécurité sociaux. C’est vrai aux Etats-Unis, mais aussi en Europe (Royaume-Uni, Irlande, Espagne). Selon plusieurs sources, le taux de chômage réel aux Etats-Unis est désormais de 20%, équivalent à celui qui sévissait lors de la Grande Dépression.

Ces nouveaux pauvres vont créer une nouvelle vague de défaillances (crédits à la consommation, crédits immobilier) qui va engendrer une nouvelle vague de faillites.

Mettez à profit toute descente sous 900 $ l’once pour vous renforcer durant l’été.

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par les investissements "tangibles". Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.

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