La Chronique Agora

La reprise née du QE2 pourrait vite se transformer en crise économique

▪ Il ne s’est pas passé grand-chose sur les marchés cette semaine — sinon que l’or a reculé.

La mort d’Oussama ben Laden était censée faire grimper les cours. En particulier le cours du dollar. Le billet vert baisse depuis trois ans. Il est désormais à quelques cents de son plus bas historique, enregistré dans les années 70.

Nous étions prêt à encourager plus de morts, voire un massacre, si ça faisait baisser le taux de chômage… mais cette hausse a vécu. Elle n’a duré que quelques heures, puis les choses sont revenues à la normale.

Sauf que « la normale » est très étrange. Peu importe ce qui arrive, les investisseurs considèrent que ce sont les bonnes nouvelles.

Le sentiment des investisseurs est en majorité haussier. Les cours des actions sont indubitablement hauts. Les rendements des actions sont bas.

Il y aurait presque de quoi penser qu’on n’est plus vraiment dans une Grande Correction, en fin de compte. Pourtant, pour autant que nous puissions en juger, la Grande Correction se poursuit.

Et donc…

Si nous avons raison, la plupart des investisseurs se trompent.

Si nous avons raison, les prix des actions vont chuter — sévèrement.

Si nous avons raison, les rendements obligataires réels vont radicalement grimper.

Si nous avons raison, les matières premières sont surévaluées.

Si nous avons raison, l’or devrait corriger.

▪ Mais attendez. Ce n’est pas tout.

Si nous avons raison… la Grande Correction n’est qu’une partie de l’histoire. L’autre, c’est la réaction des autorités.

Voilà pourquoi tous ces composants de la Grande Correction pourraient bientôt céder le pas à un autre — l’inflation.

Si nous avons raison, les autorités attendent juste de voir ce qui va se passer ensuite. Elles savent que quelque chose ne va vraiment pas avec leur « reprise ». Mais elles ne savent pas quoi. Les dirigeants espèrent juste que la reprise prendra assez d’élan pour continuer seule, sans qu’on ait besoin de la remorquer.

Parce que les autorités aussi observent les prix grimper. Bernanke dit que cette inflation est « temporaire ». Il a probablement raison… jusqu’à un certain point. L’inflation grimpe à cause des autorités. Lorsqu’elles cesseront de gaver le système de liquidités, les prix devraient chuter à nouveau.

Lorsqu’on lui demanda ce qui grimperait après l’annonce du QE2, un analyste plus rusé que les autres avait répondu : « tout ». A présent, tout grimpe — sauf l’immobilier. Et la Fed déclare que son programme de QE2 prendra fin en juin.

Nous posons donc la question. Qu’est-ce qui baissera quand le QE2 s’achèvera ? La réponse arrive aussi vite qu’une pizza : tout.

Si nous avons raison, les autorités américaines n’ont pas vraiment mis en place les fondations d’une reprise économique authentique. Elles ont plutôt augmenté les dépenses gouvernementales… et regonflé le secteur financier. Ce qui a mis plus d’argent dans les poches des électeurs. En général, environ 12% des revenus personnels proviennent des programmes gouvernementaux — comme la Sécurité sociale, les allocations chômage, les bons alimentaires, etc. Aujourd’hui, ce chiffre est à 18%.

En 1949, 70% du revenu national américain provenait des salaires. A présent, ce chiffre atteint à peine les 50%… Le reste provient de la finance et des subventions gouvernementales. Le problème, avec les revenus provenant de la spéculation et des allocations, c’est qu’ils ne reflètent aucune augmentation réelle de la richesse. C’est de « l’argent bidon ». Pour chaque gain spéculatif, il y a une perte spéculative. Et pour chaque dollar distribué par le gouvernement, un dollar est prélevé ailleurs.

Il n’y a pas d’argent plus bidon que celui provenant du QE2. Il a été créé — par ordinateur — afin de « payer » Wall Street pour les achats d’obligations US. Si nous avons raison, c’est cet argent bidon — combiné à d’autres gags comme les prêts à taux zéro et les déficits à 1 000 milliards de dollars — qui a causé la hausse de « tout ». Et si nous avons raison, tout baissera quand il disparaîtra.

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