La Chronique Agora

La prochaine grande bulle sera-t-elle la dernière ?

** Comme nous le prévoyions, les chiffres de l’emploi américain en novembre étaient bien plus bas qu’on l’attendait. Les économistes pensaient qu’il y aurait 350 000 licenciements. Les statistiques en montraient 200 000 de plus que ce chiffre.

* Mais les investisseurs ont royalement ignoré les nouvelles de l’emploi. Le rebond a continué… comme il continue depuis un mois environ. Si le Dow retrace 50% de ses pertes, il remontera jusqu’à 11 000 points. Cette tendance a donc probablement encore du chemin à parcourir.

* Les matières premières, les actions, les métaux précieux — tout était en hausse ou presque, ces derniers jours.

* Il y a cependant une exception notable : les bons du Trésor américain. Les rendements des T-Bonds à 10 ans ont grimpé à 2,76% lundi… poussant Bloomberg à déclarer :

* "Les bons du Trésor chutent alors que les Etats-Unis se préparent à vendre plus de titres que prévu".

** Gardez l’oeil sur les rendements des T-Bonds. Parallèlement au dollar, ils conteront l’histoire de la prochaine grande bulle — la dernière grande bulle de toute la Bulle Epoque : une bulle de la dette publique.

* Partout dans le monde, les autorités essaient désespérément de gonfler leur masse monétaire. Les gens veulent de l’argent. Les gens ont besoin d’argent. Et ils ont besoin de dépenser de l’argent.

* On apprenait hier aux Etats-Unis qu’un propriétaire sur dix a des arriérés sur ses remboursements, ou sa maison a déjà été saisie ; c’est un chiffre record. Et chaque jour qui passe amène de nouveaux gars sans salaires. Sans épargne… et sans emploi… les Américains sont à la peine. Ils ne peuvent pas dépenser ; ils ne peuvent même pas assurer leurs mensualités hypothécaires.

* Les benêts qui sont aux commandes donnent donc plus de cash et de crédit aux gens.

* Comme tout le monde le sait, ce sont les dépenses et les emprunts qui ont causé tous ces ennuis. Alors que font les autorités ? Elles empruntent et dépensent plus encore ! Dans l’ensemble, elles sortent plus de 10 000 milliards de dollars pour essayer de regonfler l’économie mondiale.

* Où nos dirigeants obtiennent-ils une telle quantité d’argent ? Pour commencer, ils l’empruntent. Ensuite, ils l’impriment. Jusqu’à présent, l’emprunt était facile. Parce que lorsque les prix des actifs chutent, les investisseurs prêtent au gouvernement afin de protéger leur argent. Et lorsque les consommateurs ne dépensent pas, les prix chutent — si bien qu’il n’y a pas à s’inquiéter de l’inflation des prix.

* En fait, l’alimentation et l’énergie — des composants clés des prix à la consommation, même s’ils ne sont pas inclus dans l’IPC core — chutent vraiment. Et lorsque les prix chutent, les consommateurs ont en fait de bonnes raisons de ne PAS dépenser, parce qu’ils pourront obtenir ce qu’ils veulent pour moins cher à l’avenir. C’est à ce moment-là qu’une récession devient sérieuse ; c’est ce qui est arrivé au Japon. Et les autorités ne peuvent pas y faire grand-chose parce qu’elles ne peuvent pas mettre leur taux directeur sous le zéro. Les autorités ont donc peur de la déflation — pas de l’inflation. Elles veulent l’éviter de la pire des manières possibles.

* Quelle est la pire manière possible d’éviter la déflation ? Imprimer de l’argent. "Les gouvernements peuvent toujours éviter la déflation", déclare Ben Bernanke — mais uniquement s’ils sont assez téméraires pour risquer une inflation galopante. "Et on peut vraiment faire un beau gâchis", pourrait ajouter Gideon Gono, s’il avait la moindre idée de ce qu’il est en train de faire au Zimbabwe.

* Ca peut arriver brutalement. Il y a d’énormes tas de cash — dans les T-Bonds, dans les fonds de marchés monétaires, dans les coffres des banques centrales étrangères qui attendent la fin de la crise. A présent, les propriétaires de ce cash s’inquiètent plus de la déflation que de l’inflation. Mais à un moment ou à un autre — peut-être en 2009… probablement en 2010 — cela changera. Emprunter et prêter de l’argent se révélera inefficace. L’inflation réelle — également connue sous le nom d’argent qu’on trouve sous les sabots d’un cheval — sera la seule option qui reste. En fin de compte, les autorités attraperont le coup de main… l’inflation grimpera en flèche… les investisseurs se débarrasseront de leurs dollars et de leurs T-Bonds… et la dernière bulle, celle de la dette gouvernementale, finira par éclater.

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