** La Chronique Agora est plongée dans la confusion, cette semaine. Que se passe-t-il ? Le rebond est-il terminé ? A-t-il repris ? Que font les marchés ? Ou, comme me le disait Eric Fry hier, suffit-il de "gémir au sujet de Goldman Sachs" — faute d’une autre explication plus satisfaisante sur les récentes montagnes russes des marchés ?
Philippe Béchade s’en tient à la théorie de la manipulation, comme il nous l’expliquait jeudi : "les indices enregistrent rien moins que leur deuxième meilleure performance hebdomadaire depuis la période du 9 au 13 mars… mais il ne s’agit pas, loin s’en faut, d’un sursaut motivé par un effondrement de 25% des cours en l’espace de deux mois".
"Quelle que soit l’explication proposée aux épargnants non avertis (aujourd’hui, ce sont les résultats d’Intel, début juin, c’étaient la hausse des ventes d’une chaîne magasins vendant des articles de bricolage), il ne s’agit que d’une gesticulation de prestidigitateur destinée à détourner l’attention d’une réalité qui dérange. Lorsque les marchés deviennent étroits et indécis, il est facile de créer de toute pièce une spirale haussière ou baissière qui laisse une majorité de spéculateurs K-O".
"La règle de base consiste à prendre le maximum d’opérateurs à contre-pied puis de leur infliger très vite, sans leur laisser le temps d’analyser la situation, des pertes qu’ils jugent insupportable. De telle sorte qu’en inversant leurs positions en catastrophe, ils alimentent eux-mêmes la tendance inverse de celle qu’ils anticipaient".
Eric a décidé quant à lui de revenir à l’Evangile — et s’en inspire pour en tirer quelques leçons boursières… mais aussi pour illustrer la prochaine catastrophe qui menace les marchés : "le krach de l’immobilier a touché presque tous les propriétaires immobiliers des Etats-Unis, même ceux qui possèdent des maisons dans les Hamptons — cette cour de récréation huppée dans laquelle les riches (ou anciennement riches) Wall-Streeters de Manhattan vont batifoler en été", explique-t-il. "A cause de la chute du prix des maisons, de nombreux propriétaires de maisons haut de gamme — comme bon nombre de leurs homologues subprime — se retrouvent la tête sous l’eau à cause de leurs prêts hypothécaires".
"Lorsque la valeur de la maison chute bien en dessous du montant de l’hypothèque contractée sur sa valeur, le propriétaire perd toute motivation de continuer à rembourser. Le calcul est approximativement le même que l’hypothèque soit de 100 000 $ ou de 1 000 000 $. [Mais] bon nombre des individus théoriquement riches pendant la dernière grosse bulle de l’immobilier n’ont jamais été vraiment très riches. C’étaient seulement des ’emprunteurs solvables’. Ils gagnaient suffisamment d’argent pour bénéficier d’une hypothèque énorme. Tant que rien ne changeait, rembourser l’hypothèque était faisable. Mais si quoi que ce soit changeait — peu importe quoi — rembourser l’hypothèque devenait absolument impossible. Et quelque chose a changé".
"De nombreux employés haut placés ont perdu leur emploi ; les prix immobiliers ont dégringolé et le crédit a disparu. Additionnez tout ça, vous obtenez beaucoup de tristesse et de douleur, même dans les foyers ‘riches’. Et vous obtenez également une augmentation alarmante des arriérés et des saisies dans les catégories de prêts prime (préférentiels) et ‘presque-prime". Les hypothèques haut de gamme sont les nouveaux subprime. Pendant trois mois consécutifs, les prêts ARM (prêts hypothécaires à taux variable) — l’un des produits préférés d’une grande partie des anciens riches propriétaires — ont, proportionnellement, généré plus d’arriérés de paiement et de saisies que les hypothèques subprime".
La gangrène du subprime progresse peu à peu… et ronge comme un acide les parties encore vaguement "saines" du système bancaire et financier américain. Et il ne fait aucun doute que le reste du monde ne tardera pas à être affecté. Mon conseil, cher lecteur : amputez les parties infectées de votre portefeuille avant qu’il soit trop tard !
Et si vous êtes trader dans l’âme… profitez de l’agitation actuelle pour engranger des gains de l’ordre de 71,43%, 44,29%, 70%, 70,21% : ce sont les plus-values générées par les recommandations de Marc Dagher depuis le début du mois de juillet — n’attendez pas pour profiter de ses prochains conseils !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora