La Chronique Agora

La Grande correction… toujours à l'oeuvre…

▪ Les dernières nouvelles suggèrent que nous avions raison depuis le début. Les mises en chantier ont chuté de 12% aux Etats-Unis — un chiffre surprenant, tandis que les prix de l’immobilier sont encore paresseux ou en baisse dans tout le pays.

L’emploi ? Oubliez ça. Le chômage continue de sévir… et il n’y a pas d’embellie en vue.

Tant les prix à la consommation qu’à la production stagnent plus que prévu. En fait, les chiffres de l’IPC "centrale" sont à un plancher record. Malgré tout ce qu’on dit de "l’inflation", elle n’existe pas. Ben Bernanke a raison, au moins sur l’inflation centrale. Les prix des gens qui ne mangent pas, ne voyagent pas et ne chauffent pas leurs maisons stagnent.

Oui, cher lecteur, nous vivons une grande correction. Simplement, nous ne savons pas ce qu’elle a l’intention de corriger. Pas encore.

"L’inflation US frôle le zéro", déclare la BBC. Et Bloomberg a plus de détails :

"Le coût de la vie aux Etats-Unis a probablement grimpé pour le quatrième mois consécutif en octobre, mené par des prix du carburant et de l’alimentaire en hausse, qui ne filtrent pas vers d’autres biens et services, ont déclaré les économistes".

"L’indice des prix à la consommation a grimpé de 0,3% après un gain de 0,1% le mois précédent, selon la prévision médiane des économistes interrogés par Bloomberg News avant le rapport du département du Travail. Si l’on exclut l’alimentation et le carburant, les coûts ‘centraux’ont peut-être augmenté de 0,7% depuis octobre 2009, égalant un plus bas record. Un autre rapport montre que les mises en chantier ont chuté le mois dernier à leur plus pas niveau depuis juillet".

Nous observions la descente des prix à la consommation au printemps dernier. On aurait dit que l’IPC atteindrait zéro à la fin de l’été… avant d’entrer en territoire négatif.

▪ Et puis avec toute cette excitation autour de l’assouplissement quantitatif, nous avons un peu perdu le fil. Les autorités américaines imprimaient de l’argent intentionnellement, au nez et à la barbe du monde entier, sans même dire "pardon" ou "excusez-moi".

Tout le monde savait que c’était "inflationniste". Et c’était bien le cas — dans la mesure où ça gonflait la base monétaire. Mais pas les prix à la consommation. Pourquoi pas ?

"C’est l’économie, idiot".

Lorsqu’une économie se désendette, on assiste à un phénomène que John Maynard Keynes a décrit comme "pousser sur une ficelle". On peut pousser de l’argent dans le système. Mais l’autre extrémité de la ficelle… où l’on trouve les prix à la consommation… ne bouge pas.

On dirait maintenant que Keynes avait raison. La Fed pousse 600 milliards de dollars. Les prix à la consommation continuent de baisser.

Nous pourrions donc être tentés de penser que les autorités peuvent pousser autant qu’elles le veulent sur la ficelle ; elles ne réussiront jamais à faire grimper les prix à la consommation.

Mais ce n’est pas aussi simple. Il est peut-être vrai qu’on ne peut pas augmenter les prix à la consommation simplement en injectant de l’argent dans le système bancaire. Mais la Fed va désormais plus loin. Elle finance le déficit budgétaire américain — quasiment dans son intégralité. Cela libère tout l’argent qui serait entré dans les bons du Trésor US : il peut ensuite aller ailleurs. Mais où ? C’est bien le diable si nous en avons la moindre idée.

Mais regardez les prix du coton. Et de l’or. Et des terres agricoles dans l’Iowa et l’Indiana. Les rendements (nous parlons-là des rendements financiers provenant de la location des terres, non des récoltes) des terres agricoles sont au plancher. Les prix ont été gonflés — grâce à des taux d’intérêt à des plus bas record et des prix de production agricole à des plus hauts record.

Et regardez les prix des actions indiennes. Elles aussi frôlent des niveaux record.

Partout dans le monde, les prix grimpent — surtout sur les marchés émergents, où les économies se développent rapidement.

Mais aux Etats-Unis, les prix à la consommation — lorsqu’on retire l’alimentation et l’énergie — ne vont nulle part.

Exactement ce à quoi on pourrait s’attendre dans cette étrange correction.

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