Après avoir vu que le programme de la France Insoumise comporte quelques bonnes propositions, mais également de simples déclarations d’intention et des propositions proprement irréalisables, poursuivons notre analyse du fameux questionnaire.
Les fausses bonnes idées qui reposent sur des mythes
« Privilégier systémiquement les circuits courts et les productions locales dans la commande publique (alimentation, fournitures, etc.) et les rendre obligatoires pour les cantines scolaires. » Ici, on est typiquement dans la légende urbaine qui ne résiste pas plus de 10 minutes à l’analyse économique. Le professeur d’économie et fondateur du site Les Econoclastes Alexandre Delaigue l’explique très bien : « l’exemple typique étant la volonté d’encourager une localisation de l’agriculture à proximité des villes, négligeant le fait que les coûts environnementaux pour compenser des écarts de productivités entre terres sont supérieurs au coût de transport des produits; ou la promotion de mesures visant à dissuader les pays pauvres de se développer. »
Encore plus caricaturale, on trouve cette proposition : « combattre l’obsolescence programmée des biens de consommation par un allongement des durées de garanties légales des produits. » Là encore, je recommande au leader de la France Insoumise de lire le même auteur, en particulier l’un de ses papiers de 2011 intitulé Le mythe de l’obsolescence programmée. Jean-Luc Mélenchon se verrait démontré que cette prétendue stratégie des grands groupes mondiaux selon laquelle ils s’entendraient derrière le rideau pour conduire le consommateur à dépenser plus que nécessaire en remplaçant régulièrement ses produits n’a en réalité aucun sens.
Les propositions à géométrie variable
« Doubler les effectifs de l’inspection du travail pour lui permettre d’être plus efficace dans la protection de l’emploi et des salariés, dans la lutte contre la souffrance au travail et dans l’assistance juridique aux PME. »
Dans les propositions de monsieur Mélenchon figurent toute une kyrielle de mesures visant à « libérer » les travailleurs salariés, mais pas une seule pour permettre aux chefs d’entreprise et aux professions libérales de travailler un peu plus facilement. Le piège visant à vous faire imaginer le contraire repose sur le fait qu’on vous promet une assistance de fonctionnaires qui vous aideront à vous faire spolier en bonne et due forme – vous apprécierez la nuance. Tant pis pour ceux qui ceux qui n’ont pas les faveurs des Insoumis, ils continueront à souffrir sous le poids des contraintes fiscales et réglementaires. D’ailleurs, pas besoin d’attendre l’arrivée au pouvoir de l’ancien sénateur socialiste. On a récemment appris que les auto-entrepreneurs devront se doter à compter du 1er janvier 2018 d’un logiciel de comptabilité obligatoire, les réfractaires risquant une amende de 7 500 €.
Dans le même genre, mais en pire :
En effet, ça se discute. En revanche, ce dont j’ai peur, c’est que ceux qui seront considérés par la France bolivarienne de monsieur Mélenchon comme des « combattants de la liberté » seront systématiquement situés à plusieurs milliers de kilomètres de la ligne de front française. Et pour ceux qui auront le malheur de lutter à l’intérieur du territoire national, je crains que monsieur Corbière devenu ministre de l’Intérieur ne préfère raccourcir leurs velléités libertaires !
Les propositions en faveur d’un Etat toujours plus nounou
« Imposer l’objectif d’une alimentation 100% biologique locale dans la restauration collective. » L’Institut économique Molinari vient de publier une étude qui montre que la France est l’un des six pays les plus moralisateurs de l’Union européenne. Mais à croire Jean-Luc Mélenchon, cela ne suffit pas et nos concitoyens sont tellement irresponsables que l’Etat doit intervenir pour fixer ce qu’ils doivent manger.
Les propositions qui sentent bon l’U.R.S.S.
Je vous ai gardé le meilleur pour la fin.
Si vous vous demandez comment l’Etat pourrait se permettre de financer la présence d’un portier à chaque entrée de bâtiment, comme au bon vieux temps de l’U.R.S.S., je vous donne un indice :
Suis-je insoumis ?
Vous noterez que l’on est passé du vouvoiement au niveau de l’accueil du site au tutoiement lors de l’annonce des résultats. Mais il est vrai qu’au travers d’un dialogue en 40 questions, une certaine complicité s’installe.
Avec 10% de compatibilité, j’espère que j’échappe à l’aller simple dans le transsibérien en classe koulak. Je redoute fort en revanche que le stage de six mois de rééducation sur le thème « Progrès et Solidarité » dans le Larzac soit inévitable. Reste à savoir si les pelles et les pioches sont fournies sur place ou s’il faut que je m’équipe avant de monter dans le train…