** Cette semaine, votre intrépide correspondante a bravé les incidents de tunnel et la neige pour se rendre à Londres — histoire de voir où en était la crise britannique, et, accessoirement, profiter de la quasi-parité livre sterling/euro pour dénicher quelques soldes valant la peine.
Pour un pays en pleine récession… victime de l’éclatement d’une bulle de l’immobilier et d’une bulle financière qui n’ont rien à envier à celles des Etats-Unis… et où le chômage grimpe de manière spectaculaire… les rues sont encore remarquablement animées.
Peut-être peut-on remarquer des restaurants un peu plus vides… moins de personnes se promenant avec des gobelets de café-latte-cappuccino-caramel-chocolat-banane à cinq euros la dose… et des vendeuses plus aimables que de coutume, désireuses de "ferrer" le client qui se fait rare.
Et encore, peut-être n’est-ce là qu’une impression, due à la déformation professionnelle : depuis six ans que je travaille à la Chronique Agora, un petit nuage de statistiques moroses et de considérations économiques catastrophiques plane en permanence au-dessus de ma tête, comme une sorte de contraire de halo angélique.
Impression ou pas, les choses se gâtent pour le Royaume-Uni — et il va falloir que quelque chose change, comme nous l’expliquait Frédéric Laurent dans Vos Finances – La Lettre du Patrimoine :
"La livre sterling […] a chuté de 20% par rapport à l’euro. Or [ce] pays propose des produits manufacturés dont la compétitivité s’est mécaniquement améliorée du fait de la dévalorisation de [sa] monnaie. Le risque, c’est d’une part de conduire les pays européens à la déflation (baisse des prix pour pouvoir lutter… puis baisse inévitable des volumes) puis à la dépression".
"Mais en ce moment même", continue Frédéric, "certains pays réfléchissent sur l’éventualité de quitter la monnaie unique, histoire de dévaluer leur monnaie afin de retrouver une certaine compétitivité. Cela risquerait à coup sûr de mener à une crise politique européenne, si ce n’est l’explosion de l’euro. De l’autre côté de la lorgnette figure un certain Joachim Almunia, commissaire européen aux affaires économiques qui, pour sa part, pressent au contraire une forte probabilité à l’arrivée du Royaume-Uni, de la Suède et du Danemark au sein de la monnaie unique".
Imaginez ça ! Sa Gracieuse Majesté abandonnant la livre millénaire pour adopter ce parvenu d’euro… autant imaginer un membre de la famille royale divorçant… ah… oui… eh bien, pourquoi pas, en fin de compte ? Mais je ne parierais pas que l’intégration à la Zone euro amène à la Grande-Bretagne la stabilité qu’elle espère — et je laisserai le mot de la fin à Frédéric :
"Les mois prochains devraient trancher entre ces deux discours. Moralité en ce qui concerne vos finances : achetez de l’or pendant qu’il est temps. Les devises vont valser."
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora