La Chronique Agora

La Fed ne peut pas mettre l'économie en cure de désintoxication

▪ « Les coûts de l’emprunt grimpent en flèche à la périphérie de l’Eurozone », titrait le Financial Times la semaine dernière.

Rappelez-vous que le Japon, l’Europe et les Etats-Unis dépendent tous des taux d’intérêt bas. Ils sont tous accros à l’argent facile. Otez les stimulants et leurs économies s’affaissent.

Les rendements à 10 ans sur la dette grecque ont dépassé les 12%. Le gouvernement portugais a payé 6% pour son dernier financement à deux ans. Un trader en dette portugaise :

« Nous n’en sommes pas encore à des niveaux de renflouage, mais on s’en approche ».

Pourquoi ne pas simplement laisser les taux grimper aux niveaux du marché… et forcer tout le monde à se désintoxiquer de la dette ?

Non, non, non… vous ne comprenez pas, cher lecteur. Dans la mesure où un ralentissement est exactement ce que les stimulants budgétaires étaient censés éviter, les gouvernements hésitent beaucoup à les abandonner. Ils préfèrent renflouer, étayer et secourir toutes les banques et Etats qui menacent de partir en cure de désintoxication.

Mais comme nous le constatons dans les quartiers chauds de Baltimore, les junkies ont besoin de doses de plus en plus conséquentes pour rester en forme. On couvre une mauvaise dette en y ajoutant une autre. Et on se retrouve avec deux mauvaises créances. En Europe, au Japon et aux Etats-Unis, la mauvaise dette détenue par les banques a été, dans les faits, reprise par le secteur public. A présent, la dette gouvernementale tourne mal elle aussi.

▪ En attendant, au Japon, on constate ce que le programme financier à la méthadone mis en place pendant deux décennies par le gouvernement a entraîné.

Bloomberg nous en dit plus :

« L’économie japonaise s’est contractée plus que ce qu’avait initialement estimé le gouvernement au quatrième trimestre à cause d’une révision à la baisse des investissements et des dépenses de consommation ».

« Le produit intérieur brut a diminué au taux annualisé de 1,3% au cours du trimestre prenant fin le 31 décembre, un chiffre supérieur à la contraction de 1,1% rapportée le mois dernier […]. La prévision médiane des 26 économistes interrogés par Bloomberg News se situait à une contraction de 1,2% ».

« La consommation a chuté de 0,8%, ce qui a fait baisser le PIB au quatrième trimestre après que le gouvernement a mis fin à un programme de subventions pour les voitures basse consommation et réduit les avantages d’achat d’appareil électroniques en décembre, un programme qui prendra fin en mars. Les dépenses d’investissement ont grimpé de 0,5%, à comparer avec l’estimation initiale d’une augmentation de 0,9% ».

Quand on les prive de leur drogue, les junkies ralentissent.

Aux Etats-Unis, les républicains ont proposé de supprimer une petite partie du déficit. Les démocrates ont proposé d’en supprimer moins. Le Sénat a rejeté les deux offres.

La Fed n’a pas l’intention de supprimer quoi que ce soit. On entend parler d’une « sortie » des programmes d’assouplissement quantitatif/taux zéro. Mais c’est un bluff sans fondement, selon nous. Ils n’abandonneront pas leur came avant d’y être forcés.

L’économie est trop faible. Les ménages sont trop fragiles. Et la reprise est bidon.

 
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