La Chronique Agora

La dette grecque hors de contrôle : il va falloir que chacun assume ses responsabilités, maintenant…

« Les développements de cet été ont montré que nous sommes dans une nouvelle phase dangereuse. Les enjeux sont clairs : nous risquons de voir la fragile reprise dérailler. Nous devons donc agir maintenant ».

Si une recapitalisation des banques privées européennes ne s’opère pas, « nous pourrions voir la crise s’étendre à des pays centraux, ou même assister à une crise de liquidité ».

Christine, comme Angela, sont de ceux qui disent tout haut ce que les autres pensent tout bas. Le courage politique serait-il l’élément différenciant qui caractérise ces dames de la gent masculine, tenante de la langue de bois ?

▪ La langue de bois est une ARME pour mieux vous anesthésier

A votre avis, qui est l’un des plus gros créanciers des dettes occidentales ? Vous ! L’investisseur particulier. Via les fonds de pension, de retraite et autres assurances-vie pleines de fonds en euro…

C’est vous qui financez la gabegie des Etats depuis des décennies. Il ne faudrait pas vous faire peur… car si vous retirez vos billes comment diable les Etats vont-ils financer leur délirant train de vie ?

▪ Christine Lagarde a raison : une crise de liquidité s’installe

J’en veux pour preuve l’envolée des CDS des banques. Nos banques européennes sont également en train de perdre l’accès à l’énorme marché monétaire américain (7 000 milliards de dollars). Et les banques prêteuses ont déjà déposé 126 milliards d’euros auprès de la BCE plutôt que de prêter cet argent aux consoeurs, tant elles se méfient les unes des autres…

▪ Le risque grec est insuffisamment provisionné par nos banques…

… nous dit l’Institut international des normes comptables. Les banques françaises ont provisionné le risque à hauteur de 21% (contre 50% par rapport à certaines banques britanniques).

21%… la pointe de l’iceberg. Sauf qu’en dessous arrive ce qui devait arriver : désormais, la dette grecque est « hors de contrôle ». C’est la commission de contrôle du budget qui nous le dit. Indépendante, on peut la croire. Le pays ne tiendra pas ses engagements de redressement des comptes publics, engagement qui avait été la condition sine qua non pour débloquer le plan de sauvetage de la Grèce.

Malgré les efforts titanesques déployés, le déficit grec se creuse au lieu de se réduire. Et la récession anticipée pour 2011 à -3,5% devrait aller chatouiller les -5%. -7% selon certains. A tel point que le plan de sauvetage de la Grèce de plus de 100 milliards pourrait n’avoir aucun impact.

▪ La Grèce est le tonneau des danaïdes de l’Europe

Vous aurez beau combler le trou, le tonneau est percé et cela ne suffira jamais. Alors arrêtons de jeter de l’argent par les fenêtres. Cessons cette fuite en avant perdue d’avance. Cela ne sert à rien. Il faut traiter le problème à la racine. Y a-t-il un politique courageux dans la salle ?…

Il va falloir que chacun assume ses responsabilités. Ca va tanguer et rouler. Alors accrochez-vous à votre or et vos couvertures, ce n’est pas le moment de vendre.

1. Les banques doivent encaisser leurs pertes, ce qui veut dire que les investisseurs détenteurs d’obligations souveraines encaisseront leurs pertes. C’est tout de même incroyable de demander aux contribuables de payer pour les fautes des investisseurs et des banques. Non ?

Quand on investit, on prend un risque et on en assume les conséquences. Allez donc demander aux créateurs d’entreprises ce qu’ils en pensent. Ils assument les conséquences de leurs actes. Eh bien en finance, ce devrait être pareil.

La Grèce fera faillite et repartira avec les compteurs à zéro.

2. Quant aux Etats en difficulté comme la France, l’Espagne, l’Italie… l’heure a sonné. Il faut payer. Augmenter les taxes, on en parle beaucoup… Mais quel silence assommant quant à la question des dépenses. Il faudra aussi réduire le train de vie de l’Etat, restructurer, optimiser et réduire les dépenses. Un volontaire ?

3. Quant à la croissance, ce n’est pas chez nous que nous la trouverons dans les prochaines années. Les entrepreneurs ont compris cela depuis longtemps : ils vont arracher la croissance là où elle se trouve, chez les émergents. Et c’est pour cela précisément que le monde de l’entreprise se porte bien, alors que les Etats occidentaux vont si mal.

Le business model allemand repose sur cette même idée : sa croissance vient des exportations et est tirée par les émergents.

▪ Moralité…

C’est tout le business model de la France qu’il va falloir revoir : comment générer de la croissance à l’avenir. Car dites-vous bien que sans croissance, pas de redistribution ni d’Etat-Providence possibles. Et ça, personne n’en parle.

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 01/09/2011.

 

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