La Chronique Agora

La demande de soja reste forte ; l'offre faiblit

Par  Isabelle Mouilleseaux (*)

L’Amérique du Sud sur la sellette
Derrière la hausse du soja, d’abord, les caprices de Dame météo. Depuis l’automne dernier, l’offre est placée sous surveillance étroite… En effet, l’Amérique du Sud a connu une véritable sécheresse ces derniers mois, qui a notamment affecté l’Argentine et le Brésil, gros producteurs de soja avec les Etats-Unis.

Conséquence : l’offre est à la peine, les rendements déclinent. Récemment encore, l’Argentine revoyait sa production de soja à la baisse de 2,4 millions de tonnes, à 37 millions de tonnes. Quant à l’USDA, elle anticipe une baisse de l’offre de soja argentine et brésilienne de 10% cette année par rapport à l’année précédente.

Les Etats-Unis revoient leurs anticipations à la baisse…
Ensuite, les Etats-Unis, premier exportateur mondial de soja, revoient eux aussi leurs anticipations de production de soja à la baisse pour la saison 2008/2009, à 3,2 milliards de boisseaux.

Début avril déjà, l’USDA revoyait à la baisse son stock de fin de saison 2008/2009 de 185 millions de boisseaux à 165 millions de boisseaux. On est loin du stock de fin de saison de l’année dernière, qui s’élevait à 205 millions de boisseaux. Et on atteint surtout un point bas de cinq ans…

Parallèlement, les anticipations américaines en matière d’exportations de soja s’inscrivent en hausse de 3% cette année. La demande étrangère est donc soutenue.

Le stock mondial également revu à la baisse
Même constat au niveau mondial. Alors qu’en janvier l’USDA prévoyait encore un stock mondial de soja de 54 millions de tonnes en fin de saison, elle ne compte plus aujourd’hui que sur un stock de 46 millions de tonnes… cela représente 20% de la consommation mondiale annuelle de soja.

Je résume : d’un côté l’offre est clairement à la peine, le stock s’amenuise, mais de l’autre la demande reste vigoureuse, notamment en Chine.

La Chine… encore et toujours
Selon certains analystes, les importations de soja par la Chine pourraient cette année dépasser les 40 millions de tonnes. Rien que sur février et mars, les importations chinoises de soja ont bondi de plus de 60%, à 3,26 et 3,86 millions de tonnes.

La Chine reconstitue son stock "stratégique" de soja. Car non seulement son stock avait beaucoup baissé, mais en plus l’offre récente de soja nationale se situait trois à quatre millions de tonnes en dessous du niveau moyen habituel.

Et maintenant ?
Difficile à dire…

Les Brésiliens sont en train de récolter leur soja, on aura donc d’ici quelques semaines des chiffres réels quant à la production sud-américaine.

Je me demande à quoi va ressembler la prochaine récolte américaine. Nous n’en sommes pour l’instant qu’aux semis. La période des semis est cette année plus tardive qu’habituellement. L’essentiel devrait être semé entre le 10 mai et le 25 juin.

En février, l’USDA anticipait une hausse de la production de soja américain cette année de 9%. On peut d’ores et déjà émettre des doutes… Fin avril, seulement 3% des semis étaient réalisés contre 5% habituellement à cette période, en moyenne sur les cinq dernières années. Du retard dans les semis n’est jamais bon.

Mais en réalité, la vraie question, sachant que les semis de blé et de plantations de maïs ont lieu avant ceux du soja, est de savoir si les agriculteurs ne vont pas finalement se reporter sur le soja en en plantant davantage.

Tout dépendra sans doute des prix
S’ils sont suffisamment élevés, les agriculteurs pourraient revenir sur leurs intentions initiales en réduisant la part des terres qu’ils prévoient de mettre en jachère au profit du soja, finalement rentable.

Réponse dans quelques semaines…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.

L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.

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