La Chronique Agora

La crise résumée en une phrase

** "Ah, je ne sais pas… On était prêts à l’acheter, cette voiture, mais maintenant… avec ce qui se passe… l’autre nous durera bien quelques années de plus !"

Et voilà comment on résume, en une phrase entendue au passage dans un magasin, à la fois les conséquences de la crise actuelle mais aussi les raisons pour lesquelles elle sera prolongée et douloureuse : la crainte. Une crainte viscérale, répandue dans toutes les couches de la population… qui empêche les consommateurs de consommer… les entrepreneurs d’entreprendre… les investisseurs d’investir… et ainsi de suite.

Plans de relances et beaux discours n’y feront rien ; le sentiment a changé partout dans le monde. Et tout comme l’exubérance peut être irrationnelle… la crainte aussi. L’euphorie s’auto-alimente et entraîne les marchés vers des sommets injustifiés — mais il en va de même pour la peur. A ceci près que, dans le cas présent, il y a de très très nombreuses raisons de trembler !

** Eh oui, comme le disait Bill hier, le doute n’est plus permis : nous avons bien affaire à une dépression, actuellement, et non à une simple récession.

"La récession typique n’est rien de plus que l’économie reprenant son souffle après une marche rapide", expliquait Bill. "Une dépression, en revanche, se produit après un long sprint en montée — lorsque l’économie porte la main à son coeur et tombe morte. Même durant une récession, les mouches du coche passent à l’action. On baisse les taux d’intérêt… on augmente les dépenses gouvernementales (en général trop tard pour faire une différence) et l’économie reprend sa route".

"Les politiciens attaquent une dépression comme s’il s’agissait d’une récession particulièrement sévère. Ils baissent plus encore les taux… et dépensent plus d’argent. Mais cela n’a aucun effet — sinon de retarder les ajustements nécessaires".

Ils ne font pas que les retarder, d’ailleurs, comme le démontrait Simone Wapler dans MoneyWeek il y a quelques semaines :

"Tous les plans de relance ont pour point commun de creuser le déficit. L’Amérique de Roosevelt n’était pas sur endettée, le Japon d’il y a 20 ans avait une balance excédentaire. Aujourd’hui, des pays endettés estiment utile d’aggraver leur situation budgétaire, au motif d’amortir les conséquences d’événements qu’ils n’ont pas provoqués. Est-ce bien raisonnable ?"

Et Simone de citer Roger-Pol Droit dans Les Echos : "Suffit-il, en effet, qu’il y ait une volonté de relance, et des moyens d’agir, pour que tout fonctionne ? […] Il ne suffit pas de décider pour que le résultat suive, poursuit-il. Kant a cette jolie formule : ‘Ma pensée n’impose aucune nécessité aux choses’."

"La dette creusée, il faudra bien un jour l’apurer", reprend Simone. "Qui paiera la facture ? Les contribuables sans aucun doute. Tous les contribuables ? Non, seulement les plus chanceux, ceux qui auront encore un emploi. L’OCDE prévoit près de neuf millions de chômeurs en France, en Allemagne et au Royaume-Uni en 2010".

Les Etats-Unis s’enfoncent eux aussi dans la spirale du chômage, selon les dernières nouvelles ; la Chine s’est engagée sur une mauvaise pente, avec un exode rural en train de s’inverser, à mesure que les nouveaux chômeurs retournent dans leur campagne, la survie leur étant impossible dans les centres urbains.

Reste-t-il des zones saines auxquelles s’intéresser dans les mois qui viennent ? Jean-Claude Périvier semble avoir trouvé la réponse… et travaille à en tirer des opportunités d’investissement pour vous, cher lecteur : restez à l’écoute !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile