La Chronique Agora

La crise de l'immobilier n'est pas terminée…

** Pour continuer nos récentes analyses religio-économiques, nous allons passer de l’Evangile selon Saint-Marc à l’Evangile selon Saint-Matthieu. Dans le cinquième chapitre de Matthieu, qui donne les détails du Sermon sur la Montagne, l’auteur remarque que la pluie tombe à la fois sur "les justes et les injustes".

– Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Nombre de riches sont assez doués quand il s’agit de voler la pluie aux pauvres, ou de creuser des puits d’eau horizontaux sous les terres des pauvres. Ainsi va le monde.

– Si cela peut consoler un peu les pauvres du monde, les pluies acides tombent autant sur les riches que sur les pauvres. Evidemment, les riches possèdent de meilleures défenses que les pauvres contre les pluies acides. Mais ces défenses ne sont pas toujours infaillibles.

– Il arrive que les pluies acides de l’adversité économique creusent un trou dans ces défenses et attaquent en partie ou en totalité la fortune que les riches ont amassée. Le krach de l’immobilier, par exemple, a touché presque tous les propriétaires immobiliers des Etats-Unis, même ceux qui possèdent des maisons dans les Hamptons — cette cour de récréation huppée dans laquelle les riches (ou anciennement riches) Wall-Streeters de Manhattan vont batifoler en été.

– Les maisons haut de gamme en prennent un coup, où qu’elles soient. A cause de la chute du prix des maisons, de nombreux propriétaires de maisons haut de gamme — comme bon nombre de leurs homologues subprime — se retrouvent la tête sous l’eau à cause de leurs prêts hypothécaires.

– Lorsque la valeur de la maison chute bien en dessous du montant de l’hypothèque contractée sur sa valeur, le propriétaire perd toute motivation de continuer à rembourser. Le calcul est approximativement le même que l’hypothèque soit de 100 000 $ ou de 1 000 000 $.

** Ceci étant dit, ceux qui sont vraiment riches ne vont pas faire faillite, quels que soient les calculs. Les gens vraiment riches possèdent d’autres actifs qu’ils peuvent toujours liquider pour rembourser leur prêt hypothécaire.

– Sauf que bon nombre des individus théoriquement riches pendant la dernière grosse bulle de l’immobilier n’ont jamais été vraiment très riches. C’étaient seulement des "emprunteurs solvables". Ils gagnaient suffisamment d’argent pour bénéficier d’une hypothèque énorme. Tant que rien ne changeait, rembourser l’hypothèque était faisable. Mais si quoi que ce soit changeait — peu importe quoi — rembourser l’hypothèque devenait absolument impossible.

– Et quelque chose a changé.

– De nombreux employés haut placés ont perdu leur emploi ; les prix immobiliers ont dégringolé et le crédit a disparu. Additionnez tout ça, vous obtenez beaucoup de tristesse et de douleur, même dans les foyers "riches". Et vous obtenez également une augmentation alarmante des arriérés et des saisies dans les catégories de prêts "prime" (préférentiels) et "presque-prime". Les hypothèques haut de gamme sont les nouveaux subprime. Pendant trois mois consécutifs, les prêts ARM (prêts hypothécaires à taux variable) — l’un des produits préférés d’une grande partie des anciens riches propriétaires — ont, proportionnellement, généré plus d’arriérés de paiement et de saisies que les hypothèques subprime.

– "Wells Fargo a ‘acheté’ pour 115 milliards de dollars de ces produits (c’est-à-dire les prêts ARM) quand il a repris Wachovia", observe le blogueur Karl Denninger. "[Wells] prétend qu’ils valent 93 milliards de dollars. Ah vraiment ? Un tas de prêts dont la quotité de financement était à 100% ou presque (c’est-à-dire presque sans apport) lorsqu’ils ont été contractés, dans des marchés où les prix ont chuté de moitié ? Oh, et en mai, [Wells] a dit que 51% des montants dus [sur ces prêts] n’étaient remboursés qu’au minimum. Ce qui signifie que ces prêts étaient encore remboursés en négatif quand les prix de l’immobilier ont chuté ! Vous parlez d’une double arnaque !"

– En d’autres termes, cette foutue-crise-du-crédit-immobilier n’est pas encore terminée. Pendant ce temps, la foutue-crise-du-crédit-de-l’immobilier-commercial ne fait que commencer.

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