La Chronique Agora

La Chine au secours du FESF et de la Zone euro ?

▪ Vous avez tout compris aux accords conclus à Bruxelles hier soir ? Nous non plus !

Nous avons donc jeté un coup d’oeil aux échanges hors séance sur les contrats à terme sur le CAC 40 ou le DAX 30. Ô miracle, ces deux indices s’envolaient littéralement de 1,5% entre 20h et 22h30. Tout cela dans des volumes insignifiants — est-il besoin de le préciser –, après une séance marquée par une rechute, bien concrète celle-là, du CAC 40 entre 3 225 et 3 150 points.

Ce qui se passe est tellement difficile à appréhender — même si l’on se place d’un point de vue délibérément optimiste — que 95% des acteurs s’abstiennent d’intervenir.

Les 5% qui restent n’ont aucune peine à manipuler sans vergogne un marché fantomatique et totalement déserté. Ils partent du principe que si « la queue remue le chien », il se trouvera bien un idiot bien intentionné pour affirmer que le chien est content d’avoir pris un coup de botte dans le train arrière, parce que cela vaut mieux qu’un coup de chevrotine !

▪ L’envolée virtuelle des cours signifie que le « tout va bien » triomphe ; examinons donc les rares, voire la seule dépêche importante publiée dans la soirée de mercredi.

Elle émane de l’IIF (Institut international des établissements financiers) qui mène les négociations avec les gouvernements des 17 pays de l’Eurozone au sujet de la dette grecque.

Le communiqué est édifiant : « les principales banques créancières de la Grèce n’ont pas trouvé d’accord avec les dirigeants européens mercredi soir à Bruxelles sur quoi que ce soit qui permettrait de réduire davantage la dette du pays, ni sur une décote particulière ».

Nous pouvons ajouter qu’il n’y a pas davantage d’avancées en matière de restructuration ou de défaut partiel de la Grèce. Sans oublier la question à peine évoquée des pertes engendrées par les créances accordées aux banques helléniques.

Mais nous nous alarmons sans doute à tort. Tous ces détails seront sans doute résolus lorsque vous lirez ces lignes. S’ils ne le sont pas, vous n’en entendrez plus parler, jusqu’à ce que la vérité éclate… car c’est toujours comme cela que ça se passe depuis le début de la crise.

Une conspiration du silence suivie d’aveux désespérés : « on ne pensait pas que les choses tourneraient aussi mal alors que l’on se contentait de nier la réalité dans la louable intention de ne pas rendre les plus sombres prévisions auto-réalisatrices ».

Le pire qui puisse arriver serait le déclenchement des CDS sur la dette grecque en cas de refus du lobby bancaire de supporter volontairement une décote de 50% et peut-être de 60% (conformément à la vision allemande) sur leurs créances.

Ce serait l’apocalypse envisagée par François Fillon. Le genre de scénario qui ne peut en aucun cas survenir… comme la faillite de Lehman ou l’explosion des quatre réacteurs de Fukushima.

▪ Alors soyons optimistes : les banques boivent « volontairement » la potion amère qu’Angela Merkel leur prescrit… Mais dans ce cas, de combien les Etats acceptent de les recapitaliser ? Parce que les 110 milliards d’euros évoqués depuis le week-end dernier, c’est une vaste plaisanterie…

Et si cela doit coûter 200 milliards d’euros (soyons un peu réalistes !), qui paye ?

Vous donnez votre langue au chat ?

Mais la Chine, bien sûr ! D’après les dernières rumeurs, elle apporterait des fonds supplémentaires au FMI pour qu’il vole au secours de l’Europe.

La taille du FESF ne serait officiellement que de 1 000 milliards d’euros (la moitié de ce qu’espéraient les marchés), et le Bundestag vient de faire connaître qu’il disposait d’un droit de veto sur tout usage que les membres de l’Eurozone peuvent envisager. Compte tenu de tout cela, il est évident que Pékin va s’engager, par pure bonté d’âme, à empêcher de vilains spéculateurs de s’en prendre à la dette espagnole, italienne et pourquoi pas belge ou française lors de la prochaine rafale de dégradations orchestrée par les agences de notation.

Cette perception des choses relève du monde des Bisounours.

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