La Chronique Agora

La charge de la brigade lourde

** Notre voyage continue… après l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Australie, nous sommes à Baltimore, où nous sommes arrivé après 24 heures de voyage environ. Un petit conseil aux voyageurs : évitez les compagnies américaines. Leurs avions semblent plus vieux… plus fatigués… que ceux de Singapore Airlines ou Lufthansa — et il en va de même pour le personnel naviguant.

* Le problème, avec le voyage moderne, c’est que l’être humain n’est pas conçu pour. Durant les milliers de générations nécessaires à l’évolution de notre espèce, personne n’a jamais dû faire face au décalage horaire. Ou aux plateaux-repas. Ou les contrôles de sécurités. Toutes ces choses ne sont pas naturelles et devraient être évitées.

** Et qu’est-il arrivé dans le monde de l’argent depuis que nous sommes monté dans l’avion ?

* Ah…

* "La charge des banques centrales", dit un article de Bloomberg. Il semble que la Fed, la BCE, la Bank of England et la Banque nationale suisse se sont réunies pour annoncer un programme d’inflation coordonnée. Enfin, elles n’ont pas appelé ça comme ça. Elles ont dit qu’elles s’assuraient simplement que les marchés aient du crédit, en augmentant l’offre de liquidités.

* Voyez-vous, les banques centrales sont toutes prises entre le marteau et l’enclume — entre la force implacable de l’inflation et l’objet immobile de la chute des prix. Et les voilà dans la Vallée de la Mort.

* Vous vous rappelez la Charge de la Brigade Légère, cher lecteur ? Les Britanniques appelèrent Lord Cardigan, qui se trouvait sur son yacht privé, sur la Mer Noire. Sa Seigneurie, fraîchement débarquée sur le champ de bataille de la guerre de Crimée, s’emmêla les pinceaux… et envoya ses 600 cavaliers dans la mauvaise direction — tout droit vers les canons russes.

* "Des canons à leur droite, des canons à leur gauche, des canons qui tonnaient en envoyant des volées de boulets", décrit Kipling — jusqu’à ce qu’ils soient presque tous morts, à l’exception de Lord Cardigan himself, qui survécut miraculeusement sans une égratignure et rentra en Angleterre où il fut déclaré héros national.

* Eh bien voilà qu’arrivent les banquiers centraux — digérant tout juste leur caviar et leur foie gras — prêt à entrer dans la bataille. Mais contre quoi ? L’inflation ? Ou la déflation ? Contre la force implacable… ou l’objet immobile ?

* Voilà le problème, n’est-ce pas ? Ils ont des canons à gauche… et des canons à droite.

* Pour l’instant, ils considèrent l’artillerie de la déflation comme étant le plus gros souci. Bernanke a donc tiré quelques balles faiblardes dans cette direction mardi. Les marchés ont répliqué… en déclarant que la Fed n’utilisait pas assez de puissance de feu.

* Le Dow a tiré une volée lui aussi, mais ce n’était guère concluant. Et les canons, de l’autre côté, ont à nouveau fait feu. Le CRB, qui mesure le prix des matières premières, a atteint un nouveau sommet. Le pétrole est remonté. L’or aussi.

* Tout de même, nous pensons que la Fed a raison. Les canons à gauche — le côté de la déflation — feront le plus de dégâts à court terme. La menace de récession augmente. Ou peut-être sommes-nous déjà en récession. Sera-t-elle grave ? Nouriel Roubini déclare que ce sera pire qu’en 2001. Nous l’espérons ! Cette récession était si mollassonne qu’elle n’a rien fait du tout. Les dépenses de consommation ont continué à grimper. Rien n’a été corrigé — sinon le prix des actions technologiques.

* Cette prochaine récession sera pire. Parce que les actions technologiques affectaient relativement peu de gens. A présent, c’est le marché immobilier qui baisse — et les actions aussi. On trouve plus de gens possédant des maisons que de gens possédant des valeurs dot.com.

* Nous avons toujours l’impression que nous nous dirigeons vers ce "ralentissement à la japonaise" que nous attendions il y a sept ans de ça. Les taux d’intérêt continueront à baisser — si nous avons raison. Et l’économie américaine entrera dans une récession épisodique qui durera de nombreuses années.

* Et qu’en est-il de la force implacable de l’inflation ? Nous doutons qu’elle s’arrête… pas avec les banques centrales de la planète chargeant de manière aussi martiale. Mais nous verrons…

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