La Chronique Agora

La catastrophe japonaise a souligné deux crises à venir : l'alimentaire et l'énergie

▪ L’enchaînement de tensions géopolitiques (Moyen-Orient, Côte d’Ivoire), auxquelles il faut ajouter les catastrophes survenues au Japon, est rarissime. Mettez en toile de fond une récession généralisée aux « vieilles économies », des populations qui s’appauvrissent, une inflation des matières premières et de l’énergie, des débordements monétaires jamais vus auparavant et vous avez le terreau parfait pour que les dix prochaines années soient encore pires que ces trois dernières.

Il faut avoir conscience que dans notre monde moderne, dans notre économie globalisée, tout est lié. Les conséquences directes pour l’Archipel en seront une baisse de croissance dans un premier temps qui pourrait faire plonger le pays en récession dès 2011. Car l’impact serait de trois à sept points de PIB.

Cette récession aura, vous vous en doutez, des incidences sur l’ensemble des économies planétaires, car le Japon représente 9% du PIB mondial. Certaines analyses estiment que cette « crise » japonaise pourrait coûter de 0,5 à un point à la croissance mondiale !

En cause ? La baisse des exportations japonaises dont les outils de production ont été partiellement ou totalement détruits — je pense notamment aux voitures ou aux composants électroniques. J’ai déjà parlé à mes lecteurs de Vos Finances des problèmes d’approvisionnement des mémoires flash de nos iPads, Smartphones et autres objets « si précieux et si indispensables » à nos modes de vie.

▪ Comme toujours, le malheur des uns fera le bonheur des autres. Ces difficultés de production pour approvisionner l’Occident en électronique dont il est friand seront évidemment favorables aux autres pays asiatiques qui vont mettre tout en place pour fournir la demande à la place des Japonais. Je pense aux Coréens et aux Chinois — puisque les Japonais sous-traitaient déjà dans ces pays. Et puis l’Allemagne pourrait également suppléer le Japon en fournissant la Chine en machines-outils dont elle est friande.

Mais avant tout, il y a un secteur qui va profiter de ces terribles événements : celui des matières premières. Après le choc de la catastrophe, il faudra reconstruire ; et il faudra, je pense, compter sur un ralentissement de l’énergie nucléaire au Japon. Il faut garder à l’esprit que Tepco (l’EDF japonais) fournit le tiers de l’électricité nippone. Or ses installations actuelles en service ne lui permettent de produire que 38,5GW (pour début avril), alors que sa capacité maximale était de 64,5GW. L’an dernier le pic de demande en énergie a été de 60GW. Donc puisque, pour relancer l’économie et l’industrie, le Japon aura besoin de toutes les énergies possibles, je pense que le pays cherchera à développer d’autres énergies alternatives au nucléaire.

Et là, pour subvenir aux besoins de l’industrie, inutile de vous dire que le Japon ne se tournera pas en majorité vers l’éolien ou le solaire… Seules les énergies fossiles sont aujourd’hui capables de compenser la baisse de la production électrique émise par les centrales nucléaires.

Retour au pétrole, au charbon et au gaz ! Donc attendez-vous à une forte hausse des cours de ces trois énergies.

▪ Autre conséquence : le prix des denrées agricoles. Toute la région touchée par le tsunami et maintenant victime des incertitudes nucléaires était une région agricole importante pour le Japon. Tant pour la pêche, avec ses nombreux ports côtiers, que pour l’agriculture — la région étant l’une des principales régions productrice de riz.

Déjà, de nombreux pays, dont l’Inde est le dernier en date, ont interdit l’importation de produits alimentaires provenant du Japon par crainte de contamination des aliments. Pour le moment, l’interdiction est mise en place pour une période de trois mois fermes. Et d’autres pays comme la Chine, Taïwan, Singapour et les Etats-Unis ont également pris ce même genre de mesures pour les produits venant de la région sinistrée.

Le Japon se trouve donc confronté à une double problématique : il ne produit pas assez pour nourrir sa population et ne peut plus exporter non plus certaines denrées alimentaires. Il devra donc importer massivement, ce qui pèsera forcément sur les cours de l’alimentaire.

Alimentaire et énergies : voici les deux enjeux sur lequel je vais baser mes recommandations ce mois-ci dans Vos Finances. Pour les découvrir, c’est par ici

[Diplômé d’un DESS de Gestion internationale de fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier — bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en tant que Rédacteur en Chef de Vos Finances, dont cet article est extrait.]

 
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