La Chronique Agora

La Bundesbank veut qu’on lui rende son or

▪ La Buba veut qu’on lui rende son argent. (C’est-à-dire son argent réel.)

Il y a quelques jours, la Banque centrale allemande, la Bundesbank, a annoncé son intention de rapatrier ses énormes réserves d’or — les deuxièmes plus importantes au monde après celles des Etats-Unis — stockées hors du pays. L’or a légèrement augmenté à la suite de l’annonce, d’environ 20 $ en une semaine. Il reste toujours confortablement installé dans une fourchette de trading sur le moyen terme.

Concernant l’or, nous nous attendions à plus… Après tout, c’est là une information de taille.

Chez ZeroHedge, on a suivi toute cette histoire attentivement. Voici ce qu’en pense M. Tyler Durden :

« C’est là une évolution capitale, une de celles qui pourraient signifier la fin du régime de confiance mutuelle entre banques centrales — parce que si les banques centrales ne se font plus confiance entre elles, pourquoi les autres le feraient-ils ? »

Officiellement, l’Allemagne souhaite récupérer 3 396 tonnes du métal précieux… même si un tiers seulement de ce chiffre se trouve actuellement sur le sol national. Presque la moitié (45%) est enfermée dans un coffre à 25 mètres sous les rues de Lower Manhattan ; près d’un dixième (11%) dort à la Banque de France. Mais à présent la Buba veut qu’on lui rende ce qui lui appartient. La Bundesbank effectuera un retrait de 300 tonnes de son dépôt à New York et un retrait intégral, de 374 tonnes, de ce qu’elle a stocké en France.

Je répète ce dernier point… L’Allemagne retirera TOUT son or actuellement détenu en France. Tout. Son. Or.

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Pourquoi la France va QUAND MEME faire faillite
Dégradation de la part de Moody’s, inquiétudes du côté de l’Allemagne, portraits peu flatteurs dans la presse… l’étau se resserre sur notre pays : que va-t-il se passer maintenant — et surtout comment vous y préparer ?

Tout est expliqué ici

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▪ La question, c’est… pourquoi ?
Pour quelle raison le gouvernement allemand voudrait-il rapatrier ses stocks ? Sait-il quelque chose à propos de l’avenir de l’euro que nous ne saurions pas ? Ou sur l’avenir du dollar ? Pourquoi la Buba ne veut-elle plus rien avoir à faire ni avec les Américains ni avec les Français ?

En octobre dernier, la Bundesbank plaidait avec ferveur en faveur des réserves d’or hors de ses frontières : l’or entreposé dans son propre coffre-fort n’est pas aussi rapidement disponible que le nantissement au cas où il y aurait besoin de devises étrangères. Prenez pour exemple le rôle clé que joue le dollar américain comme monnaie de réserve dans le système financier mondial. En cas de crise, l’or détenu à la Fed de New York peut être engagé auprès de la Federal Reserve Bank comme nantissement en contrepartie de liquidités libellées en dollar.

N’y a-t-il donc aucune raison de douter de la sécurité des dépôts d’or de l’Allemagne ? Ou de remettre en question le « rôle clé que joue le dollar américain en tant que monnaie de réserve dans le système financier mondial » ? Et il n’y a certainement aucune raison d’opérer des retraits importants et soudains, n’est-ce pas ?

A en croire la Bundesbank en octobre dernier :

« Il n’y a jamais eu aucun doute à propos de la sécurité de l’or allemand. A l’avenir, nous souhaitons continuer de stocker notre or dans des centres internationaux du marché de change de l’or afin que, en cas de besoin, il soit disponible comme actif de réserve dès que possible ».

En effet, en novembre dernier, on pouvait encore entendre Andreas Dobret, membre du conseil d’administration de la Bundesbank, se réjouir des « excellentes relations entre la Bundesbank et la Réserve fédérale américaine ».

Ce mois-ci, dans un discours adressé à Bill Dudley, président de la Federal Reserve Bank of New York, M. Dobret a réagi à ce qu’il appelait « l’étonnant débat public que nous avons actuellement en Allemagne sur la sécurité de nos dépôts d’or en dehors de nos frontières », en le qualifiant de « débat guidé par des peurs irrationnelles ».

Qu’est-il arrivé à ces « peurs irrationnelles », M. Dobret ? Sont-elles devenues soudain désagréablement rationnelles ?

Les réserves d’or allemandes ont atteint leur maximum — environ 4 000 onces — en 1968, trois ans avant que Richard Nixon ne décide de mettre fin unilatéralement à la convertibilité or-dollar et cinq ans avant que les marchés de change sous le régime de Bretton Woods ne ferment (pour être ouverts peu de temps après sous le « régime de changes flottants »). Un article paru dans le New York Times remarquait que « la fin du régime de Bretton Woods en 1973 a supprimé une partie — si ce n’est la totalité — de l’importance de l’or en tant que monnaie universelle ».

Il est certes vrai que les intellos dissuadaient les particuliers de garder leur or bien avant le coup de Nixon… et que des milliardaires pragmatiques ont continué à le faire depuis. Néanmoins, nous pressentons que l’or va gagner en importance. A nouveau. Depuis la nuit des temps, l’or s’est avéré être une assurance fiable contre la corruptibilité des hommes qui exercent le pouvoir… un pouvoir qui le plus souvent attire et promeut les hommes corruptibles. Rien n’a vraiment changé depuis.

La Buba récupère son or. Peut-être devrions-nous en faire autant.

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