– Il est difficile d’évaluer l’âge de cette malheureuse baleine — mais plus de 50 ans semble plausible. Apparemment, elle était en pleine migration le long des côtes du sud de la Californie lorsqu’un gros objet — probablement un cargo — l’a heurtée.
– L’impact a pulvérisé plusieurs os — parmi lesquels des côtes et des vertèbres, endommageant le système nerveux et provoquant une hémorragie interne massive. Les traces montrent que le navire a traîné la baleine dans l’eau sur une certaine distance. Elle a fini par succomber à ses blessures, échouant sur une place près de Ventura, au nord-ouest de Los Angeles.
– Comme le notait le Los Angeles Times dans son article : "dans le comté de Ventura, vendredi, des badauds s’entassaient le long de la route pour prendre des photos de la baleine morte et donner à leurs enfants un aperçu très proche — quoique légèrement sinistre — d’une espèce en voir d’extinction. Un train Amtrak s’est arrêté sur la voie, de l’autre côté de la route, pour que le conducteur puisse prendre une photo avec son téléphone portable, tandis que les passagers se pressaient aux fenêtres".
– En fait, je pense que la vue d’une baleine morte fait ressortir le badaud en chacun de nous. Dans notre monde occidental moderne, nous vivons quasiment tous dans des maisons et des bureaux ; nous nous déplaçons en voiture, en train ou en avion, nous marchons sur du macadam ou du béton. Mais par sa mort, la vue (et, si l’on s’en approche assez, l’odeur) d’une baleine morte échouée sur la plage nous met le monde naturel en tête — un choc immédiat. Une baleine morte, c’est l’équivalent d’une gifle de Mère Nature.
– La mort de cette baleine en particulier m’a également mis le monde financier en tête — avec un choc tout aussi immédiat. Il y a en fait une vieille école de pensée qui considère la découverte d’une baleine échouée comme un mauvais augure… et ce pourrait bien être le cas.
– Commençons avec un peu d’histoire…
– Au 17ème siècle, l’écrivain anglais Thomas Hobbes (1588-1679) a publié de nombreuses œuvres constituant les bases de la philosophie politique moderne. Parmi les ouvrages les plus célèbres de Hobbes, on trouve Léviathan — une doctrine pour la fondation des sociétés et des formes légitimes de gouvernement, dans laquelle l’Etat est décrit comme une créature semblable à une baleine.
– Dans Léviathan, Hobbes décrit la nécessité d’une autorité centrale forte afin d’éviter les maux de la discorde et de la guerre civile. Selon Hobbes, tous les abus de pouvoir de cette autorité sont acceptables comme prix de la paix. Le souverain doit contrôler les pouvoirs civils, militaires, juridiques et ecclésiastiques. Toujours selon Hobbes, le souverain fait également autorité sur des sujets comme la foi et la doctrine — et si ce n’est pas le cas, il invite la discorde.
– L’utilisation du terme "Léviathan" par Hobbes n’était pas un choix aléatoire. Les baleines sont des créatures gigantesques et effrayantes qui avaient la réputation d’avaler des hommes entiers (Jonas nous vient bien sûr en tête). Et selon Léviathan, la vie dans la nature à l’état brut est "solitaire, pauvre, vile, fruste et courte".
– Alors jouons à un petit jeu. Imaginons que les baleines échouées annoncent effectivement la malchance ou un événement malheureux. Quel événement pourrait donc annoncer celle qui s’est échouée à Ventura ? Permettez-nous de suggérer deux possibilités : la hausse du pétrole ; la baisse du dollar.
** Le pétrole et l’énergie
– Le pétrole a grimpé à un sommet record de 82 $ le baril. Pourquoi le prix augmente-t-il ?
– Le paradigme du Peak Oil commence à prendre de l’ampleur. Voilà bien longtemps que j’en parle… et cela ne m’a pas attiré que des louanges. Mais je me tiens à ce concept quoi qu’il arrive.
– Et si vous ne voulez plus en entendre parler de ma part, que pensez-vous du premier Secrétaire américain à l’Energie et ancien directeur de la CIA, James Schlesinger ? Il a récemment noté, lors d’une conférence internationale sur le sujet de l’énergie : "la bataille est terminée ; le Peak Oil est désormais accepté comme étant inévitable. La seule question qui reste est de savoir quand".
– C’est une déclaration remarquable, provenant de l’un des initiés politiques les plus "initiés". Voilà les tendances de long terme que vous devriez envisager :
** Les prix de l’or devraient généralement rester hauts, et grimper.
** Il n’y aura que peu (voire pas) de croissance des exportations en dehors de l’ancienne Union Soviétique, et même le pétrole russe deviendra plus cher et problématique, pour de nombreuses raisons politiques.
** Les réserves pétrolières seront précaires et sujettes à perturbation par des événements météorologiques, des désastres naturels et des ‘conflits de quatrième génération’ (c’est-à-dire des sabotages continus sur des pipe-lines mexicains ou des infrastructures pétrolières nigérianes, par exemple).
** Les nouvelles découvertes se traîneront derrière la consommation. L’industrie pétrolière mondiale extraira au moins trois barils de pétrole pour chaque "nouveau" baril découvert par les découvertes ou par la croissance des réserves.
– La suite de ces réflexions demain…