▪ Ce devrait être un bon trimestre pour les actions, selon le macro-économiste Richard Duncan. Il est d’avis que c’est "l’excédent de liquidités" qui nourrit les marchés — c’est-à-dire le cash et le crédit excédentaires par rapport aux besoins réels des emprunteurs et des consommateurs. Nous n’avons pas pu relier tous les tarses, métatarses et tibias de la théorie de M. Duncan, mais le squelette, tel qu’il le présente, peut fonctionner. Il est même séduisant. Plus il y a d’"excédent de liquidités", plus les gens les utilisent pour faire grimper les prix des actifs. A mesure que l’excédent chute, en revanche, il en va de même pour les prix des actifs — en particulier les actions.
Ce trimestre devrait produire un excédent de liquidités record. D’un côté, la Fed injecte toujours des liquidités dans le marché au rythme de 65 milliards de dollars tous les mois. De l’autre, les impôts sont en train de tomber aux Etats-Unis, de sorte que les besoins d’emprunt du gouvernement US seront relativement bas. La différence entre les liquidités disponibles et leur nécessité dans l’économie normale doit bien aller quelque part.
Par le passé, elle est allée dans les actions… et l’immobilier.
Le troisième trimestre ne devrait produire qu’un excédent légèrement positif. Au dernier trimestre 2014, cet "excédent" se transformera en déficit |
Une fois passé le deuxième trimestre, cependant, les perspectives vont changer. La Fed a prévu de faire passer son QE à zéro d’ici la fin de l’année. Et le scénario budgétaire optimiste du gouvernement fédéral américain commencera à s’estomper. Le troisième trimestre ne devrait produire qu’un excédent légèrement positif. Au dernier trimestre 2014, cet "excédent" se transformera en déficit.
▪ Crise existentielle à la Fed !
Si la Fed poursuit son plan de réduction du QE, déclare Duncan, le troisième trimestre verra probablement une baisse des marchés boursiers. Cela, pense-t-il — tout comme nous –, donnera aux forward guidance de la Fed un bon coup de pied dans l’arrière-train. Sous pression, au lieu de mettre en place le tapering, la Fed paniquera. Sa théorie entière de l’existence, sa philosophie, sa religion sacrée seront mises au défi. Selon la Fed, le crédit, les prix et le PIB doivent éternellement augmenter.
Fut un temps, bien entendu, où la Fed était simplement chargée de s’assurer que la devise des Etats-Unis était sûre. Elle a lamentablement échoué. Elle a donc été récompensée : on lui a confié plus de responsabilités. Sa mission s’est peu à peu modifiée ; désormais, le rôle de la Réserve fédérale est de s’assurer que le pays a le plein emploi. En cela également, elle échoue régulièrement. Elle a donc pris l’initiative — le Congrès US ne l’a jamais approuvé — de maintenir les taux d’intérêt au plancher et les prix à la hausse. Les consommateurs préfèrent des prix à la consommation bas, et non plus élevés… mais la confiance des banquiers centraux est telle qu’ils sont prêts à contredire 100 millions de ménages. Ils insistent pour que le dollar perde environ 2% de pouvoir d’achat tous les ans.
▪ Une reprise où les revenus sont en baisse !?
Comme nous le disons souvent, nous avons là une reprise bien étrange, où les gens ont moins de revenus qu’ils n’en avaient avant qu’elle commence. Les prix des actions — sans parler des prix des guitares antiques — ont grimpé en flèche. Les revenus ont baissé petit à petit. De sorte que le ménage moyen se sent plus riche… mais a moins d’argent.
En fin de compte, la richesse doit être garantie par les revenus… sans quoi elle disparaît |
La richesse totale des ménages américaine n’a jamais été plus élevée — à 81 000 milliards de dollars. Mais elle n’a pas beaucoup de revenus pour la soutenir. M. Duncan nous apprend que le ratio revenu disponible des ménages/richesse des ménages est important. En fin de compte, nous dit-il, la richesse doit être garantie par les revenus… sans quoi elle disparaît.
C’est exactement ce qui s’est passé à deux reprises au cours des 15 dernières années. Entre 1952 et les années 1990, le ratio richesse des ménages/revenu disponible est resté à peu près stable aux Etats-Unis, à environ 525%. Ensuite, il est passé deux fois au-dessus de 600% : à la fin des années 90, avant le krach des dot.com… et en 2006-2007, avant le krach immobilier et financier.
Une fois encore, le ratio a désormais dépassé les 600% — pour la troisième fois de l’histoire. Et une fois encore, il faudrait nous préparer à un krach, ou au moins à un marché baissier substantiel, des prix des actions.
Cela se produira certainement au troisième ou quatrième trimestre de cette année. Et ce sera probablement suivi d’une annonce par la Fed : au lieu de supprimer le QE, dira-t-elle, elle le poursuivra. Au lieu de permettre au taux directeur de la Fed de grimper, six mois après la fin du QE, comme l’a récemment suggéré Mme Yellen, le taux restera à zéro pour cette année — mais aussi tout 2015.
M. Duncan est d’avis que ce "QE4" produira les mêmes résultats que les QE1, 2 et 3. C’est-à-dire qu’il mettra le feu aux actions. Si c’est bien le cas, nous pourrions voir une nouvelle envolée du marché US… après, bien entendu, un déclin substantiel.
Notre conseil : sortez du marché US pour l’instant. Il est manipulé, surévalué et dangereux.