▪ Eh bien, votre correspondante a ce qu’on appelle communément « une bonne crève » — avec une fièvre digne du système bancaire chypriote, le nez aussi bouché que le marché de l’emploi français et un gosier coassant comme celui d’un permabull après une journée passée à hurler des ordres de bourse.
Je vais donc faire un peu court, aujourd’hui, cher lecteur — et appeler mes collègues à la rescousse pour cette chronique pascale.
▪ Cécile Chevré, par exemple, qui a écrit dans La Quotidienne d’Agora un article sur les liens entre Bourse et économie dont je vous recommande vraiment la lecture.
« Aujourd’hui, si vous débarquiez de la planète Mars, ou que vous vous réveilliez d’un sommeil d’une bonne dizaine d’années, et que vous tentiez de prendre le pouls de nos économies en jetant un oeil à l’évolution du S&P 500, vous en concluriez certainement que nous sommes dans une période de richesse exceptionnelle, de croissance assurée. Et vous auriez tort », nous dit Cécile, avant de se demander ce que cachent (ou révèlent) les cours de Bourse :
« L’hypothèse la plus optimiste voudrait que la flambée boursière soit annonciatrice d’une croissance à venir. Les marchés actions agiraient donc en indicateurs avancés d’une prospérité future. ‘Avoir raison trop longtemps à l’avance c’est avoir tort’, proverbe… que je viens d’inventer pour l’occasion mais qui me semble bien résumer la situation actuelle ».
« Sur le papier, je veux bien croire que la hausse actuelle soit le prémice d’une reprise économique solide mais bon, en vrai, c’est tout de même très difficile à avaler pour l’Europe. Ou alors à admettre que les Bourses européennes reflètent l’état de l’économie dans 5 à 10 ans »…
« Côté américain, là encore, c’est une querelle de chapelle. Il y a d’un côté ceux qui croient à la solidité de la reprise et ceux qui n’y croient pas (et je fais partie des seconds, même si je reconnais quelques signes encourageants). Là encore, la croissance, la vraie, n’est pas pour tout de suite. Pour 2014, pour les optimistes, dans plusieurs années (voire jamais) pour les plus optimistes ».
« L’autre possibilité est donc que les actions ne reflètent ni les bénéfices à venir des entreprises ni une croissance de l’économie mais… quoi donc ? »
« L’explication la plus évidente aujourd’hui est que le S&P ou le Dow Jones reproduisent en fait l’état de la finance et non pas de l’économie réelle. Or les banques, les traders et même les standardistes de Goldman Sachs ne font pas un pays tout entier. Et ce même si les mirifiques bonus de fin d’année finissent dans l’achat d’une voiture de sport, d’une installation du dernier artiste à la mode ou d’un dîner dans un restaurant gratifié de 3 macarons ».
▪ Finance contre économie réelle… J’avais déjà abordé la question il y a deux semaines, et c’est vrai qu’on pourrait être tenté de baisser les bras — à la fois devant l’aveuglement de la sphère financière et devant la faiblesse de la conjoncture actuelle.
Mais — et là, c’est vers mon collègue Florent Detroy, de L’Edito Matières Premières que je me tourne — il y a des raisons d’espérer. Elles proviennent de ce qu’il y a de plus réel dans l’économie réelle, de plus tangible, de plus concret… à savoir, les ressources naturelles.
« On commence à savoir ce que sont les terres rares« , expliquait Florent à ses lecteurs mercredi. « Ce groupe de 15 métaux, les lanthanides, auquel on ajoute deux petits métaux annexes, sont indispensables à tous nos objets high-tech du quotidien, des iPod aux écrans-plasma en passant par nos batteries de téléphones. Aujourd’hui, ses approvisionnements sont critiques, car concentrés entre les mains de la seule Chine, tantôt présentés comme un ogre assoiffé de pouvoir, tantôt comme un pays en développement qui s’appuie sur ses mines pour croître ».
« Devant les risques de pénuries, tous les pays européens sont en train de rechercher des terres rares sur d’autres continents. Dans 50 ans, nous n’aurons peut-être oublié cette histoire, qu’il s’agissait de terres rares, de Chine, ou encore d’iPods. ‘Apple… c’était quoi, déjà ? C’était pas le nom du fruitier en bas de chez toi ?’. Par contre, un point restera dans les annales, la dépendance totale de l’Europe pour ses approvisionnements en métaux ».
« La Commission européenne a tiré la sonnette d’alarme sur cette dépendance en 2008, et essaie depuis tant bien que mal de reformer une politique minière commune. Au programme, réduction de la consommation, recyclage et relance de la mine. Pour l’instant, la relance de la mine passe d’abord par les Etats européens… et on commence à voir apparaître les premiers résultats ».
« Contrairement à ce qu’on l’on pense depuis 20 ans, l’Europe a encore un potentiel minier important. C’est ce qui explique l’arrivée de sociétés minières junior, qui prospectent actuellement en Allemagne, en France ou encore en Espagne. D’ailleurs, la relance de la mine est parfois simplement une opportunité d’investissement juteux. Les minières européennes, voici l’opportunité du moment ».
Ce sont les matières premières — gaz et pétrole de schiste en tête — qui ont permis de nourrir le « signes encourageants » que connaissent les Etats-Unis actuellement, auxquels Cécile faisait allusion plus haut. Ces mêmes matières pourraient-elles venir à la rescousse d’une Europe exsangue — notamment par le biais de l’or… grec ?
C’est en tout cas une idée qui mérite d’être creusée — et Florent a déjà quelques recommandations pour vous aider à vous positionner sur les meilleures opportunités.
▪ Avant de terminer, une dernière information : il n’y aura pas de Chronique ce lundi — vos rédacteurs profitent de la fermeture des marchés pour aller à la chasse aux oeufs en chocolat.
Nous vous retrouverons au complet dès mardi… et d’ici là, je vous souhaite un excellent week-end de Pâques !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora