Quelque chose a craqué à la veille du week-end… Après cinq séances de repli, les investisseurs ne sont pas venus « payer les creux », comme à l’accoutumée depuis fin octobre.
Le doute qui s’insinuait lentement dans les esprits depuis fin mars vient d’atteindre un niveau critique, ce vendredi 19 avril : les taux à « 10 ans » au-delà des 4,60% et le « 2 ans » à 5,00% sont en train de faire basculer le « sentiment de marché ».
Cela faisait sept semaines que le Nasdaq consolidait, quasiment à l’horizontal au cours des six premières (du 1er mars au 15 avril à l’ouverture), avant de décrocher pour de bon du 15 au 19 avril… et surtout en fin de séance ce 19 avril.
Quelque chose a craqué à la veille du week-end… Après cinq séances de repli assez appuyé sur les « technos », les investisseurs ne sont pas venus « payer les creux, » comme à l’accoutumée depuis fin octobre, et à la surprise quasi générale, les acheteurs se sont évaporés lors du test du support crucial des 15 600 points, qui coïncidait avec la séance des « Trois sorcières ».
Le Nasdaq a dévissé de 2,05%, portant le bilan hebdo à -5,6%, soit la pire semaine que l’indice ait connu depuis la mi-janvier 2022, un mois avant la guerre en Ukraine.
Vous avez certainement entendu, tout au long des dernières séances, que les champions du rallye des trois premiers mois de l’année étaient très proches de cours d’achat dont on n’osait même pas rêver fin mars. Il ne fallait pas traîner, parce que le train de la hausse n’allait pas attendre les « hésitants »… Ceux qui avait trop tergiversé fin octobre – parce que les taux étaient jugés trop hauts – s’en mordent encore les doigts.
Les acheteurs étaient censés être dans les starting-blocks vendredi matin, mais ils se sont transformés en vendeurs « en mode panique » dans l’après-midi, à l’image de Nvidia qui a littéralement dévissé de 10%, pour finir lanterne rouge du S&P 500 et du Nasdaq 100, la spirale baissière s’amorçant avec la cassure du support majeur des 830 $.
Nvidia a largement participé au plongeon du SOXX : le principal baromètre des semi-conducteurs s’est désintégré de 4% vers 198 $. Il était déjà très mal en point avec une glissade de -9% en cinq séances (du 11 au 18 avril) et il affiche -9% en hebdo et -18% depuis le 8 mars.
Nvidia n’a pas été la seule locomotive du premier trimestre à dérailler, puisque Netflix plongeait également de 9%, AMD de 5,5%, Marvell Techno de 5%, Micron de 4,5% (soit -13% sur la semaine écoulée) et Super Micro Computer s’est désintégré de 28% en trois séances.
Mais, rassurez-vous, le gain dépasse encore 150% depuis le 1er janvier : les plus-values potentielles restent stratosphériques (ce qui n’est pas forcément rassurant pour ceux qui étaient rentrés sur repli entre le 10 et le 16 avril).
Maintenant que le S&P 500 se retrouve à 5,8% de ses récents sommets (5 264 points, le 1er avril) et que les gérants se demandent si le sol n’est pas en train de se dérober sous leurs pieds, Goldman Sachs estime que, même après cette correction sans précédent depuis septembre/octobre 2023, les valeurs américaines restent surévaluées de 20%, et peut-être même de 40% si la Fed devait renoncer à baisser ses taux cette année.
Comme nous n’avons cessé de le souligner depuis le début de l’année, la situation était intenable : le rendement moyen des bons du Trésor américain reste quatre fois plus élevé que le dividende moyen des entreprises du S&P 500, le pire ratio observé depuis la bulle Internet ou depuis la crise financière de 2008 (ratio de « seulement » trois fois).
Comme nous l’avons rappelé sans relâche depuis fin novembre 2023, un multiple aussi élevé n’a été observé qu’UNE SEULE fois au cours des 100 dernières années : à la fin de l’été 1929.
Et pour souligner le caractère exceptionnel de la situation, à une échelle qui dépasse celle des seules actions du S&P ou du Nasdaq, l’inversion de la courbe des taux US dure depuis plus de 500 jours, ce qui n’était arrivé qu’en 2008, puis de nouveau en… 1929.