La Chronique Agora

Johnson & Johnson, parfaite illustration du QE de la Fed

▪ Les déflationnistes continuent de sévir joyeusement tandis que les actions, l’or et les matières premières en général s’enfoncent. Est-ce là le signe que le marché rejette fortement l’assouplissement quantitatif (QE) ? Les banques centrales ont-elles commencé à perdre la bataille finale dans leur guerre pour relancer le prix des actifs ? Ou bien n’est-ce là que la grande purge avants que les initiés achètent au plus bas et que commence le prochain renflouement?

Laissons-là pour aujourd’hui les théories du complot. Les marchés sont les marchés. Ils sont volatils. Ces dernières années, le QE a effectivement anesthésié les investisseurs, endormant la douleur d’une croissance faible par des cours de bourse plus élevés. Mais ne pas ressentir la douleur, c’est ne rien ressentir du tout. La douleur est une sorte de feedback sensoriel qui offre une information utile : attention, il ne faut pas faire ça !

Le "ça" dans ce cas consiste à acheter des actions uniquement sur le fait que les autorités contrôlent tout et ont tout prévu. Si vous croyez cela, vous ignorez d’autres signaux importants comme les prix, les cycles du marché, les bénéfices et l’économie. Tous ces indicateurs montrent une croissance des bénéfices faible ou ralentie. Quelle force est alors prépondérante, le pouvoir de l’argent de la Fed ou la terrible pesanteur de la déflation du crédit ?

Pour l’instant, la réponse semble être l’argent de la Fed. Pour preuve, il suffit de regarder le S&P 500. L’indice des grosses capitalisations américaines continue d’atteindre des plus hauts records. Au cours de l’année dernière, des leaders se sont clairement démarqués (seules les valeurs technologiques restant à la traîne).

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▪ L’illustration Johnson & Johnson
Un exemple ? Johnson & Johnson (JNJ). Cette entreprise fabrique beaucoup de produits très connus, comme le bain de bouche Listerine, les médicaments Tylenol, Sudafed et Pepcid AC. Mais il s’agit en fait un petit pays qui se fait passer pour une grande entreprise. C’est un Etat nation postmoderne sans prestation ni armée de métier.

JNJ est composé de plus de 275 entreprises réparties dans 60 pays différents. Elle possède 146 centres de production, des dizaines de produits, 239 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012 et emploie plus de 128 000 salariés. En outre, son titre a deux fois mieux performé que le S&P 500 au cours des douze derniers mois.

Il faut étudier le bilan et le tableau des flux de trésorerie de l’entreprise pour déterminer si la performance du cours de son action est liée à la force de l’entreprise. Mais on pourrait facilement avancer que les entreprises comme JNJ sont les premières bénéficiaires du QE. Le dividende de son action n’est pas généreux mais pour les investisseurs qui recherchent des entreprises de premier ordre sans risque, c’est un bon investissement.

▪ Kamikazes boursiers
Cependant, cela pourrait tout aussi bien faire partie d’un rally kamikaze. Les investisseurs en sont venus à croire que les actions seront toujours soutenues par les achats d’obligations par les banques centrales. On pourrait mettre en parallèle cette croyance et la croyance des Japonais selon laquelle la Providence divine protège leur île lorsqu’elle doit faire face à des menaces étrangères.

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Deux invasions mongoles — la première en 1274 et la deuxième en 1281 — ont été repoussées, en partie, par des typhons qui décimèrent les armées mongoles. Le "vent divin" ou kamikaze à l’origine des tempêtes fut, naturellement, le nom donné à la tactique de bombardement suicidaire par avion durant la Deuxième guerre mondiale. Lors de la bataille d’Okinawa en 1945, les attaques kamikazes japonaises coulèrent au moins 20 vaisseaux de guerre américains et 157 autres subirent d’importants dommages.

Aujourd’hui, le terme rally kamikaze signifie une hausse du marché obtenue par une dépréciation/dévalorisation monétaire. Ce type de "victoire par la faiblesse" est aussi destructif, au final, que les attaques kamikazes. La "victoire" est la hausse des cours boursiers et la relance temporaire des exportations de pays qui dévaluent en premier et le plus rapidement.

La faiblesse est la crise monétaire qui ne manque pas de suivre. Les gens perdent de leur pouvoir d’achat à mesure que les importations coûtent plus cher. Tout coup de pouce temporaire aux cours de la bourse est balayé lorsque les taux d’intérêt bas et l’inflation détruisent l’épargne de la classe moyenne.

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