La Chronique Agora

Jeunes contre seniors : un nouveau conflit de générations ?

▪ Une autre journée d’apathie sur Wall Street. Un jour d’été brûlant. Il ne se passe rien nulle part. Sauf ailleurs.

"Bernanke jure de ne pas reculer sur sa politique monétaire souple", disait hier un titre du Financial Times.

"A Moscou !" aurait-il pu ajouter avec panache… faisant écho à Napoléon ou à Adolf.

L’argent facile fait les gros titres, aujourd’hui. C’est plus comique que tragique. Mais ce sera, selon nos prédictions, l’un des plus gros désastres de notre époque.

Ici à Paris, on parle de quitter la ville. Soit pour les vacances d’été… soit pour toujours. Sur les terrasses, les gens discutent de Cannes, de la Corse ou de Deauville. Quasiment toutes les conversations se terminent de la même manière : "on se voit en septembre". Les gens sont habitués aux longues vacances, en France. Ils sont choqués quand nous leur disons que les Américains n’ont que deux semaines de congés payés.

Les personnes âgées partent en vacances. Elles vont dans le nord — vers les plages normandes –, ou dans le sud, vers la Côte d’Azur et la Provence. Ou bien elles se rendent dans les vastes campagnes dont beaucoup sont originaires.

Les jeunes ont différentes destinations en tête.

"J’ai dit à mes enfants de quitter entièrement la France", nous a dit un ami lors d’un dîner.

"L’un vit à Istanbul. L’autre est à Singapour. Le dernier est à Seattle. Il travaille pour Microsoft".

"Evidemment, je préférerais les avoir ici. Près de nous. Mais il y a si peu d’opportunités pour les jeunes en France. Et s’ils trouvent du travail, les salaires sont minables. Mon fils qui vit à Seattle gagne beaucoup d’argent. Il pourrait revenir en France et avoir tout de suite un poste. Mais il ne gagnerait qu’une fraction de ce qu’il gagne là-bas. Lui et sa famille y sont heureux. Ils vivent mieux qu’ils ne pourraient vivre ici".

"La France est un drôle d’endroit. C’est parfait pour les retraités. On peut vivre très bien. Nous vivons bien. Nous avons une belle maison. Nous avons une belle voiture. Nous prenons des vacances et mangeons bien".

"Mais c’est difficile de travailler en France. Il y a trop de règles. On n’embauche jamais parce qu’il est trop difficile de licencier. Les jeunes passent donc des années à faire des études… et des stages… en attendant d’avoir un emploi. Je dis à mes enfants qu’ils feraient mieux de quitter le pays et de se lancer ailleurs".

▪ La nouvelle génération, les fers aux pieds
En France comme aux Etats-Unis, un jeune se lance dans la vie avec un poids sur les épaules et un boulet enchaîné à la cheville. Ses parents ont passé des lois leur accordant des avantages luxueux en matière de santé et de retraite… et ils s’attendent à ce que le jeune paie la facture. Ils ont mis en place le monde qui leur correspond… dans lequel le malheureux jeune a tout juste le droit de se retourner sans signer des formulaires en trois exemplaires. C’est à peine s’il peut fumer une cigarette dans un bar sans attirer sur sa tête les foudres d’un Etat omniprésent. Pourquoi ? Parce que ses parents sont contre !

Des règles, des règlements, des restrictions — il ne se souvient pas avoir voté pour un seul d’entre eux. Ils lui ont été imposés. Idem pour les coûts de l’Etat éternel, avec des charges qui pèsent — rien qu’aux Etats-Unis — sur (selon Niall Ferguson) environ 283 000 milliards de dollars de future production.

Cher lecteur, entre le moment où nous avons grandi et aujourd’hui, le monde a changé. Il a été envahi par des zombies cherchant désespérément à vider l’avenir de sa substance pour en profiter maintenant. Les seniors touchent leurs allocations. Profitent de leurs lois. Perçoivent leurs privilèges. Ils peuvent avoir les choses plus ou moins comme ils les veulent.

Et pour les jeunes ? C’est à prendre ou à laisser.

Pas étonnant qu’ils soient si nombreux à vouloir partir.

Mais comment ce changement a-t-il été possible ? Comment a-t-il été financé ?

Si vous suivez notre piste de miettes depuis longtemps, vous connaissez déjà la réponse. En 1971, le monde est passé à la devise basée sur le crédit. Cela permettait aux gens de dépenser dans le présent des ressources qui seront créées — avec de la chance — dans l’avenir.

L’argent basé sur le crédit est à la fois très vieux… et très neuf. Il a cessé de fonctionner il y a environ 5 000 ans. C’est à cette époque que la société humaine — du moins dans les régions "développées" — est devenue trop grande pour le supporter. Dans une petite tribu, on peut suivre qui doit quoi à qui. On savait ce que valaient les reconnaissances de dette. Ces reconnaissances — exprimant une relation entre des gens… s’étirant souvent sur de nombreuses générations — sont de "l’argent". On savait qui les avait… qui honorerait ses obligations… quand et comment. En bref, c’était de "l’argent" avec lequel on pouvait travailler.

Mais dans une ville… ou une économie s’étendant sur plusieurs nations, langues, fuseaux horaires, cultures et juridictions politiques… un système basé sur le crédit s’effondre. C’est pour cette raison que les Romains utilisaient des pièces d’or et d’argent.

A suivre…

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