« La panique autour d’un Brexit pourrait être votre chance d’acheter le S&P 500 », titre MarketWatch.
L’article affirme que les investisseurs ont fait chuter le S&P 500 la semaine dernière dans la crainte d’un soi-disant Brexit.
Jeudi prochain, lors d’un référendum, les électeurs britanniques décideront s’ils souhaitent que la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne, dont elle est membre depuis 43 ans.
Sauf qu’il y a un certain nombre de problèmes avec tout ça…
Premièrement, il n’y a pas eu de grosse baisse sur le S&P 500 ; il n’est qu’à quelques points de son sommet historique.
Deuxièmement, en ce qui concerne les Etats-Unis, le Brexit est un mystère, non une raison de s’alarmer.
Troisièmement, personne ne sait quel côté va l’emporter… ou ce que ça signifiera.
Un Brexit serait-il bon pour la Grande-Bretagne ? Serait-il mauvais pour les actions ?
Personne ne le sait !
Parallèlement, le Financial Times se concentre sur « un ralentissement de l’emploi et le risque de Brexit »…
Il note que la possibilité du Brexit est l’une des raisons citées la semaine dernière par Janet Yellen, présidente de la Fed, pour retarder l’augmentation des taux d’intérêt. Le journal remarque aussi que la Fed a laissé « la porte ouverte » à une augmentation de taux.
Nous disons la même chose depuis des années : la Fed ne mettra jamais en action sa propre promesse de remettre les taux à la « normale ».
Jamais, c’est long ; mais pour l’instant, tout va bien. La porte est solidement verrouillée.
Sur les nerfs
Pour commencer, la Fed a attendu décembre dernier pour instaurer une misérable augmentation d’un seul quart de point. Le taux directeur — le taux de base pour l’économie tout entière — est ainsi passé à… 0,5%, pas moins.
Lorsque cela a mis toute la planète sur les nerfs, la Fed a fait ce que nous avions prévu qu’elle ferait : elle a procrastiné… hésité… marmonné… et traîné des pieds.
Chaque mois a apporté une nouvelle réunion du Comité de politique monétaire de la Fed… et chaque réunion a apporté abondance de bla-bla et de sottises.
La femme-médecine en chef de la Fed, Janet Yellen, affirme que le comité prendra sa décision en se basant sur les statistiques à venir.
Après tant d’années de marché haussier, M. le Marché doit être en train de prévoir un changement |
Cette idée est ridicule elle aussi. On parle de marchés, après tout : ils grimpent et ils baissent. Après tant d’années de marché haussier, M. le Marché doit être en train de prévoir un changement. Les actions doivent baisser, de temps à autre.
La Fed peut-elle augmenter les taux face à une chute des cours boursiers ?
Pas selon nous.
Et avec la croissance du PIB US sous les 1% pour les trois premiers mois de l’année, un investisseur prudent devrait se préparer à un petit recul de l’économie aussi.
La Fed s’accrochera-t-elle à son programme de « normalisation » lorsque la récession s’installera ?
Pensez-vous.
Les marchés baissiers et les récessions font partie de la vie… parce que les erreurs font partie de la vie. C’est pour cette raison que les marchés grimpent et baissent. Les gens paient leurs actions trop cher ; ils doivent respirer un peu jusqu’à ce que les entreprises valent ce qu’ils les ont payées.
Les entreprises investissent trop… embauchent trop de gens… produisent plus qu’elles ne peuvent vendre. A l’occasion, elles aussi doivent ralentir… vider leurs stocks… licencier… et se préparer à la prochaine poussée de croissance.
Renverser la brouette de la Fed
Il n’y a rien de magique là-dedans… rien de neuf dans ces schémas. Pourtant, les investisseurs sont à chaque fois surpris !
Les gros titres dans l’actualité sont encore relativement positifs — PIB dans le vert, cours élevés en Bourse, candidats présidentiels qui vont « rendre sa grandeur à l’Amérique ».
Que demander de plus ?
Pourtant, même dans ces conditions bénignes, la Fed de Yellen reste craintive. Elle ne prendra pas de risque. Elle ne bougera pas. La porte n’est pas ouverte ; elle est fermée.
Bien entendu, la Fed sait que les gros titres masquent les vraies faiblesses de l’économie.
La production industrielle chute depuis neuf mois consécutifs. Les commandes en usine baissent depuis 18 mois. Les faillites commerciales sont en hausse. Les recettes fiscales commencent à chuter, ce qui est habituel avant une récession.
Plus de 10 000 milliards de dollars d’obligations gouvernementales s’échangent désormais à des rendements négatifs. 10 000 milliards de dollars supplémentaires d’actions US cotent bien au-dessus de leurs valorisations moyennes de long terme.
Et il y a plus de 200 000 milliards de dollars de dette dans le monde — dont 60 000 milliards ont été ajoutés depuis la crise financière mondiale.
Tout ça est posé sur la brouette financière de la Fed. Janet Yellen osera-t-elle la déséquilibrer ?
Non. La brouette devra s’en charger toute seule.