La Chronique Agora

Telles les tiques sur un chien…

Janet Yellen

Commentons le discours révélateur de la présidente de la Fed, Janet Yellen, à l’Université du Michigan. Selon Bloomberg :

« ‘Auparavant, nous avons dû appuyer sur l’accélérateur pour donner à l’économie tout le peps que nous pouvions’, a déclaré Yellen, lundi, à Ann Arbor dans le Michigan. La Fed tente à présent de ‘lui permettre d’accélérer, mais pas au point d’appuyer à fond sur l’accélérateur’ […]

A présent, l’orientation politique appropriée se rapproche plus, disons, du mode ‘neutre’ [NDR : équivalent du point mort, sur les boites de vitesse automatiques], a déclaré Yellen, en réponse aux questions posées au cours d’une intervention à la Gerald R. Ford School of Public Policy, à l’Université du Michigan.

Yellen a déclaré qu’elle pensait que l’économie allait continuer de progresser à un rythme modéré, et que le relèvement progressif des taux ‘pourrait nous mener là où il faut que nous soyons.' »

Toute société est dirigée par une élite. Elle exploite les gens ordinaires comme les tiques le font avec les chiens. Elle se fraye un chemin vers des fonctions de pouvoir et d’influence, en se servant à la fois de son intelligence, de ses relations et de son baratin.

Les masses, en général, les admirent, impressionnées par les tours de passe-passe. Ensuite, au bout du compte, les tiques pullulent et deviennent trop grosses. Le pauvre chien s’affaiblit… et la magie tombe à l’eau.

A quelle étape de ce processus nous trouvons-nous ? Nous n’en sommes pas certain. Mais nous avons sûrement fait un pas de plus vers la catastrophe finale, lorsque Mme Yellen a pris la parole.

Tout ce qu’elle a dit était grotesque.

Aucun peps

L’économie ne progresse pas à « une vitesse modérée ».

Si elle avance encore – tout dépend de la façon dont on calcule l’inflation des prix à la consommation – elle est au bord de caler.
[NDLR : L’inflation semble renaître aux Etats-Unis. Est-ce là ce qui réveille les cours de l’or et des minières ? Depuis le début de l’année, elles ont gagné plus de 20% contre seulement 4% pour l’indice S&P 500. Découvrez comment profiter de ce potentiel en cliquant ici.]

Officiellement, la croissance par habitant est inférieure à 1% par an. C’est ça, le « peps » ?

La Fed n’est pas au « point mort ». Comme peut-on qualifier de « neutres » des taux se situant à plus de 100 points de base au-dessous du taux d’inflation ?

Mme Yellen dit qu’elle « appuie sur l’accélérateur ». Cela n’a donc rien de « neutre ».

Les gens qui ne respectent pas la logique de leurs propres métaphores sont sujets, parfois, à la paresse intellectuelle.

Parfois, ils s’emmêlent les pinceaux. Et parfois, ils déballent simplement du baratin pour les chaînes d’information et les ploucs qui y croient.

Mme Yellen pense que l’économie fonctionne comme une machine. Si elle ralentit, c’est à elle et à d’autres mécaniciens de la Fed d’appuyer sur l’accélérateur. Si elle va trop vite, ils la calment.

Cette métaphore est clairement absurde. Si elle et la Fed sont capables de faire accélérer l’économie en appuyant simplement sur l’accélérateur, alors qu’est-ce qu’ils attendent ?

66 millions d’Américains en âge de travailler n’ont pas d’emploi.

Eh ! On ne pourrait pas accélérer un peu ?

Les destructeurs de richesse

En outre, Mme Yellen dit qu’elle a l’intention d’amener l’économie « là où il faut qu’elle soit ».

Mais comment sait-elle où elle doit se situer ?

Une économie n’est pas une machine. Elle ne doit jamais se situer où que ce soit. Elle est simplement là où elle est.

Les autorités peuvent la ralentir avec des lois et réglementations stupides. Ou bien elles peuvent l’égarer avec des taux d’intérêt bidon et de l’argent falsifié.

Elles peuvent également forcer les gens à conclure des accords gagnant-perdant qui gaspillent le capital, retardent la création de richesses, voire, dans certains cas – en Union Soviétique de 1917 à 1989, en Allemagne de 1937 à 1945 – précipiter toute l’économie en marche arrière.

Les marabouts et diseurs de bonne aventure qui se respectent observent Mme Yellen avec dédain. Elle peut aggraver la situation économique mais elle ne peut pas l’améliorer.

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